Dimanche 17 janvier 2010 à 17:18

http://dooliblog.com/wp-content/uploads/2007/08/lajoueusedego.jpg(Folio, 5,60€, 325 pages)
ISBN 2-07-042419-7


1937. Alors que la Mandchourie est occupée par l'armée japonaise, une lycéenne de seize ans semble ignorer tranquilement la guerre, les cruautés, les privations. Mélancolique, seule, l'adolescente joue au go. D'où tient-elle cette maîtrise ? Place des Mille Vents, la lycéenne s'amuse à mentir. Ses mains déplacent les pions sans jamais se tromper, les joueurs s'assoient en face d'elle à une table gravée en damier et la défient. Le go est une esquive. Est-elle amoureuse de Min ou de Jing ? Sait-elle qu'ils aident tous deux à la résistance contre les japonais ? Entre les bras duquel des deux perd-elle une virginité fiévreuse ? Elle ignore encore son adversaire de demain : un officier japonais, à peine plus âgé qu'elle, un samouraï de métal, sanglé dans le sacrifice nécessaire à la Patrie impérialiste qu'il défend. 

A travers la partie de go qui les oppose, par-delà les silences et les regards, ces deux êtres que tout sépare vont apprendre à se connaître au plus profond de leur âme.
Construite sur le principe d'une double narration exprimant deux positions antagonistes, La joueuse de go situe son action après le 18 septembre 1931 qui sonna le glas de la liberté de la Chine du Nord sauvagement occupée par les soldats japonais.
L'écriture de Shan Sa est tout simplement parfaite. Pas une seule fausse note, pas un mot de trop ou de trop peu, chaque phrase dégage une puissance et une force indomptables. C'est un livre qui vit, qui respire, qui dégage de la douleur, de l'amour, de la passion à l'état pur, une sensualité qui fleurit doucement à travers les horreurs de la guerre.
Enrichissant les contours de son allégorie militaire par la présentation empathique des proches de la joueuse de go et par celle plus elliptique des humiliations subies ou provoquées autrefois par le guerrier nippon, l'écrivain peint un monde aux couleurs des rêves mélancoliques de ses héros. Pas d'exotisme ici, mais une intelligence formelle qui confère à ce roman sa bouleversante authenticité et le caractère universel de sa morale humaniste.
C'est un hommage aux Chinois résistants dont trop souvent on ignora la grandeur et les souffrances. C'est une histoire oubliée qui resurgit du passé à travers un roman plein de beauté et de souffrance.

http://faculty.washington.edu/kendo/shansa17.jpg


 

Shan Sa (山飒; hanyu pinyin : Shān Sà) (née Yan Ni le 26 octobre 1972 à Pékin, Chine) est une écrivain française d'origine chinoise.
Née en Chine, Shan Sa (pseudonyme qui veut dire « bruissement de vent dans la montagne » en chinois) est d’abord poète d'expression chinoise. À 12 ans, elle obtient le premier prix du concours national de poésie des enfants. Après des études secondaires à Pékin, elle passe en 1990 l'équivalent de notre baccalauréat.
En août 1990, elle quitte donc Pékin pour Paris grâce à une bourse du gouvernement français. Elle s’y installe et adopte la langue et passe le bac en 1992. En 1994, elle termine ses études de philosophie.


Lecture : Juillet 2009

 

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Publié par Elora

Dimanche 17 janvier 2010 à 16:27

 

http://multimedia.fnac.com/multimedia/images_produits/ZoomPE/0/3/4/9782226173430.jpg(Albin Michel, 22,90€, 436 pages)
ISBN 978-2-226-17343-0

La boxe aimante les écrivains. Quand j’ai lu La Brûlure des cordes, j’ai découvert que cette fixation était aussi une mine d’or. Le livre regorgeait de détails que seul un homme du métier pouvait connaître. Il était sauvage et mélancolique, parfois d’une douceur poignante.
Ici, la tonalité sauvage s’accentue encore. Coup pour coup est un livre de la pleine maturité, avec des notes subtiles de deuil et d’élégie qui lui donnent quelque chose de musical. Une étrange douceur en émane. C’est une symphonie inachevée qui s’éteint en mode mineur.
J.E.
Après La Brûlure des cordes qui a inspiré à Clint Eastwood Million Dollar Baby, le roman posthume de F.X. Toole, un ancien boxeur,  est salué aux États-Unis comme un véritable chef-d’œuvre. 

F.X. Toole a commencé à écrire à soixante-dix ans. L'aventure durera deux ans. Avant même avoir trouvé un éditeur pour son recueil de nouvelles La Brûlure des cordes (Million Dollars Baby), il s'est lancé dans ce roman. Mais son cœur l'a lâché trop tôt et il abandonne un manuscrit de 900 pages.

Bien que retravaillé, ce roman posthume de FX Toole est une plongée cinglante, puissante comme un uppercut dans le monde de la boxe, le vrai.

Coup pour coup prend aux tripes. En effet, grâce à l'écriture simple, directe et descriptive, l'auteur restitue de l'odeur de la salle d'entraînement aux chocs du combat, des cris de joie aux crises de larmes, des sentiments du boxeur à ceux de l'entraîneur en passant par les blessures, les visites médicales et la vie privée.

Seul un (ancien) professionnel de la boxe, dont les jointures sont encore en état,pouvait écrire aussi bien cela.

D'ailleurs, on le sent vivre à travers ses personnages.

Il verse, parfois, dans la mélancolie voire le sentiment guimauve. Mais c'est aussi ça, la boxe :  le regret d'un entraîneur de n'avoir réussi à percer, un univers où les gosses rêvent de gloire et de succès,...

 Une autre critique sur Bibliosurf


http://www.harpercollins.com/harperimages/author/19965.jpg

 

F.X. Toole est le pseudonyme de l'entraîneur de boxe Jerry Boyd (1930 - 2 septembre 2002).

Il est surtout connu pour son recueil de nouvelles intitulé Rope Burns: Stories from the Corner (traduit en français sous le titre La Brûlure des cordes), dont deux ont été adaptées à l'écran sous le titre Million Dollar Baby en 2004.

Son roman posthume Pound for Pound (Coup pour coup) a été publié en 2006 et a reçu un accueil enthousiaste de la critique.

Son site (en anglais) : http://www.fxtoole.com/

 



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Publié par Elora

Jeudi 14 janvier 2010 à 14:23

http://multimedia.fnac.com/multimedia/images_produits/ZoomPE/6/2/6/9782253006626.jpg(Livre de Poche, 5,50€, 243 pages)
ISBN : 2-253-00662-9


Clémentine met au monde des triplés. Mais la souffrance que lui a infligé cette grossesse et ces naissances la poussent à ne plus adresser la parole à son mari, Angel. Elle l'empêche ensuite de participer à ls'éducation des enfants. Clémentine reporte alors sur ses enfants son besoin d'aimer, et est hantée par l'idée qu'il pourrait leur arriver quelque chose. Pour lutter, elle arrache les arbres du jardin, se créant une sorte de 'mur de protection'. .. Mais nous, qui restons sur la rive, nous voyons que Boris Vian décrit simplement notre monde. En prenant chacun de nos mots habituels au pied de la lettre, il nous révèle le monstrueux pays qui nous entoure, celui de nos désirs les plus implacables, où chaque amour cache une haine, où les hommes rêvent de navires, et les femmes de murailles.  

Il est question d'un étrange psychiatre en quête d'expériences vécues. Il est question d'une mère, qui décide de mettre à jour les trumeaux - Joël, Noël et Citroën - que son ventre avait accepté de conserver quelques temps à l'abri des regards. Il est question d'un père malvenu, d'un prêtre adepte du spectaculaire, pour qui la religion restera à jamais un luxe, d'un gondolier accablé par les remords d'audacieux villageois et de bien d'autres cas sociaux.

Le talent ne s'invente pas. Il peut toutefois se réinventer. Au-delà de la satire socio-religieuse et de l'ensemble des dysfonctionnements en tout genre qui y sont dénoncés, l'Arrache-Coeur est un témoignage, une preuve irréfutable de l'immense génie qui animait, qui faisait vivre ce bougre de Boris Vian. L'ouvrage déborde de néologismes loufoques et de trouvailles linguistiques clairement , notamment le fameux délire du tréma. Le livre retrace la descente aux enfers d'une jeune maman névrosée qui éloigne peu à peu sa progéniture du monde vivant. Il évoque de près le destin des retraités, les intérêts de la psychanalyse et des croyances populaires et propose une vision en tout point libertine, totalement libertaire, de la tendre enfance, estimée par l'auteur au même titre qu'une sorte de paradis perdu.

L'Arrache-Coeur est une prouesse dont chacun doit avoir été le témoin, ne serait-ce que pour apprécier l'excellente créativité linguistique de son auteur.

Après, on accroche ou pas à ce petit roman facile à lire. L'univers de Boris Vian reste très particulier. D'ailleurs, c'est vraiment son point faible. Le lecteur qui a du mal à rentrer dans le livre ne verra pas la critique et devra faire des recherches supplémentaires ou s'obliger à relire le livre.

http://llp.com.tw/default//subject/Boris%20Vian/images/vian04.jpg

Boris Vian est un écrivain français, poète, parolier, chanteur, critique et musicien de jazz (trompettiste), né le 10 mars 1920, à Ville-d'Avray, mort le 23 juin 1959 à Paris. Il fut aussi ingénieur de l'École centrale, inventeur, scénariste, traducteur (anglo-américain), conférencier, acteur d'occasion et peintre. Vian a signé ses nombreux écrits de pseudonymes divers dont le fameux Vernon Sullivan, « auteur » de J'irai cracher sur vos tombes.

Boris Vian était un grand consommateur de noms de plume, ce qui lui a permis de s'exprimer selon toutes les facettes de sa personnalité. On dénombre officiellement 27 pseudonymes, qui, selon les interprétations courantes, s'identifient à vingt-deux figures journalistiques, quatre purement littéraires et une politique. Parmi celles-ci, quatre femmes. Mais en fait il y en a bien plus ... Pour les retrouver, Rendez-Vous sur l’article de notre ami Wikipédia, ici.


Lecture : Juin 2009

 



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Publié par Elora

Mercredi 13 janvier 2010 à 17:05

http://www.weblettres.net/blogs/uploads/c/chrisguillot/15978.gif(Livre de poche, 5,50 €, 183 pages)
ISBN 978-2-253-11554-0

 

A travers l'histoire de Monsieur Linh, c'est l'histoire de tous ces émigrés qui n'ont pas d'autre choix que de quitter leur patrie, et de s'exiler en terre inconnue où ils trouvent une réalité de la vie totalement différente à la leur: langue, culture, nourriture, climat... C'est l'histoire de leur déracinement, de leur tristesse infinie, de leur découragement, de leur solitude. Ce qui fait tenir Monsieur Linh, c'est sa petite fille. Il veut vivre pour la nourrir, la voir grandir et s'épanouir "comme une fleur de Lotus", quitte à risquer sa vie. L'amitié d'un homme va-t-il les sauver?

 

Philippe Claudel arrive à nous plonger d'entrée de jeu dans l'intimité de Mr Linh tout en écrivant une jolie prose très poétique. Là est tout l'art de l'auteur, la magie de ses mots, la puissance d'une histoire sans tralala.

Ce livre ressemble à une grande devinette... On ne sait clairement d'où vient Mr Linh (Viêtnam ?) ni où il arrive (France ?) en ce triste mois de Novembre, où est-ce qu'on l'enferme ? La réponse à la dernière question paraît évidente.

Tout sonne juste et (très) fort... De la difficulté d'un homme à s'intégrer, à vivre dans un pays dont il ignore la langue à la folie qui l'atteint en passant par l'amour...

Malgré tout, le dernier tiers est grand guignolesque, la fin, un peu décevante.... On se doute en partie de la chute. 

Cela, ne doit pas empêcher de savourer cette grande nouvelle, ce conte ou encore ce petit roman.



http://3.bp.blogspot.com/_I1ItyDD2VL4/R0h0enW2OiI/AAAAAAAAAyE/8Yz3ZoCRSHo/s320/AUTEUR_Philippe-Claudel.jpg
 

Philippe Claudel est un écrivain et réalisateur français, né le 2 février 1962 à Dombasle-sur-Meurthe (Meurthe-et-Moselle).

Philippe Claudel est agrégé de français et a consacré une thèse à André Hardellet. Il est maître de conférences à l'Université de Nancy où il enseigne à l'Institut Européen du Cinéma et de l'Audiovisuel.

Philippe Claudel a également été professeur en prison, il raconte ses souvenirs dans Le bruit des Trousseaux

Il a été le parrain du 16e Festival du Premier roman, à Chambéry, en 2003.

Très attaché à la Lorraine, il a présidé le prix Erckmann-Chatrian de 2003 à 2006.


 Ils en parlent : Biblioblog, Calypso, Fée Bourbonnaise
 

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Publié par Elora

Mardi 12 janvier 2010 à 15:52

http://multimedia.fnac.com/multimedia/images_produits/ZoomPE/2/9/6/9782266162692.jpg(Pocket, 245 pages, 6,90€)
ISBN 2-266-16269-1


Tel-Aviv. Un “fils de Bédouin” naturalisé israélien est parvenu à s’imposer comme un brillant chirurgien membre de l’élite médicale universitaire. Un jour, sa vie bascule alors qu’il se trouve sur les lieux où vient d’être commis un attentat meurtrier. L’horreur habituelle : hurlements, sang, mort d’innocents. Comment supporter l’immersion directe au cœur d’un mal qu’on imagine toujours réservé aux autres ou que l’on connaît par médias ou témoignages interposés ? Surtout lorsque c’est l’un de vos proches qui a commis le crime en se transformant en kamikaze, sans soupçon possible, sans logique possible, sans justification possible…  

 

Le sujet n'était pas évident. Pour aborder le thème des kamikazes israéliens, il fallait au moins l'audace de Yasmina Khadra - Mohammed Moulessehoul de son vrai nom ; rien à voir, donc, avec la femme qu'on aurait pu imaginer. L'auteur emmène son lecteur, passionné dès les premières lignes de ce roman époustouflant, dans les méandres de la conscience humaine. Et la conscience est ici double. Il y a d'abord celle d'Amine, cet éminent chirurgien d'origine arabe et naturalisé israélien, qui tente de comprendre. La question n'a de cesse de revenir : pourquoi ? Pour quelles raisons sa femme, cet être doux, dénué de haine et de mystère, s'est-elle fait exploser dans un restaurant, bondé d'enfants de surcroît ? Pourquoi ne lui a-t-elle rien dit ? Et comment lui, qui l'aimait tant, qui lui avait donné toute sa vie, n'a-t-il rien vu venir ? Dans sa quête éperdue pour approcher les raisons qui ont pu motiver un tel acte, Amine va devoir se frotter à ces hommes et ces femmes qui n'ont en tête que la cause palestinienne… au péril de leurs propres vies. Le récit est haletant, mené par une plume brillante et concise. L'auteur n'a aucun mal à nous tirer des larmes de chagrin et d'incompréhension, de compassion et de haine.

Entre drame intime et effroi politique sur la réalité du conflit israélo-palestinien, un roman puissant comme une bombe, qui traite magistralement un thème, malheureusement oserait-on dire, devenu universel.
CHALLENGE ABC

http://medias.lemonde.fr/mmpub/edt/ill/2006/09/27/v_6_ill_817536_yasmina-khadra.jpg
Yasmina Khadra (qui signifie, en arabe,  « jasmin vert ») est le pseudonyme de l'écrivain Mohammed Moulessehoul, né le 10 janvier 1955 à Kenadsa dans la wilaya de Bechar dans le Sahara algérien.

Yasmina Khadra, révèle dans un entretien au Monde des Livres que sous cette identité féminine se cache un homme. Dans L'écrivain, paru en 2001, le mystère est entièrement dissipé. Yasmina Khadra s'appelle de son vrai nom Mohamed Moulessehoul, qui a déjà publié, sous ce nom, nouvelles et romans en Algérie. Officier dans l'armée algérienne, il a participé à la guerre contre le terrorisme. Il a quitté l'institution en 2000, avec le grade de commandant, pour se consacrer à sa vocation: écrire. Il choisit de le faire en français. Morituri  le révèle au grand public. Aujourd'hui écrivain internationalement connu, Yasmina Khadra est publié dans plus de 38 pays.


Du même auteur :  ~Les Hirondelles de Kaboul, 2002, Julliard (Pocket 2004), (France Loisirs 2003).~


Ils en parlent : Majinissa

Lecture : Janvier 2010

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