Lundi 18 janvier 2010 à 15:05

http://www.lexpress.fr/images/jaquettes/95/9782841567195.gif(Editions du Rouerge, 18€, 316 pages)
ISBN : 2-84156-719-2

 Le narrateur passe l'été en famille, avec sa femme et leurs jumelles de sept ans, dans leur maison normande au bord de la mer. II rencontre par hasard Alice, une vieille dame abrupte et bienveillante à la fois, volontiers malicieuse. Il lui rend visite à plusieurs reprises et une attente semble s'installer : l'homme est en vacances, vacant pour ainsi dire, intrigué et attiré malgré lui ; Alice a des choses à raconter, qu'elle n'a jamais pu dire à personne, des souvenirs qui n'attendaient que lui pour remonter à la surface et s'énoncer. Tout commence par un voyage à New York qu'elle a effectué dans sa jeunesse, en 1941, en compagnie de son père photographe et d'André Breton. Ensemble, ils ont approché les Indiens hopi d'Arizona, dont l'art et les croyances les ont fascinés. Dans l'or du temps plonge au plus intime de ses personnages par petites touches, l'air de rien. Hommage à la figure d'André Breton et à la culture sacrée des Indiens hopi, ce magnifique roman célèbre les rencontres exceptionnelles, celles qui bouleversent l'âme et modifient le cours des existences.


Claudie Gallay pratique une manière d'écriture « blanche », très travaillée. Des phrases courtes détaillant des gestes simples ( rouler du tabac, tapoter un objet, lever la main) qui deviennent sous sa plume autant de singularités, voire de signes à interpréter.
Cette écriture interroge de près les cinq sens: ce l'on voit, entend , touche, ressent... lorsque l'on est vraiment attentif au temps qui passe.
Les rencontres et sorties des protagonistes sont décrites comme autant de cérémonies, dont on attend quelque révélation . Et je vous rassure : Alice a vraiment quelque chose à dire !
D'autres personnages font leur apparitions au travers de documents lus par le narrateur : ce sont plusieurs de ces Indiens Hopi dont l'existence fut bouleversée par l'intrusion de représentants d'une civilisation étrangère. Des représentants qui convoitent leurs objets sacrés, en lesquels ils voient des merveilles d'esthétique. Personne ne sortira indemne de ce choc de cultures. 
Le titre est tiré de l'épitaphe inscrit sur la tombe d'André Breton, «  je cherche l'or du temps » au cimetière des Batignolles. Jolie métaphore pour revendiquer que le temps ne soit pas de l'argent...

 

La récente vente aux enchères des objets de Breton a certainement inspiré ce roman. 

Au final, beaucoup de qualités d'écriture mises en œuvre par l'auteur, et un intérêt documentaire certain, donnent un livre intéressant mais tout de même assez ennuyeux quoiqu'il se lise sans aucune idée d'abandon et que l'on saute peu de pages.

Que se passe-t-il pour qu'Alice en fin de compte reste une vieille dame assez désagréable et pas vraiment pathétique en dépit des événements tragiques qu'elle porte en elle et ne parvient pas à nous faire totalement partager?

Pourquoi le narrateur n'a-t-il pas assez d'épaisseur?

Tout ce qui a trait à la famille du narrateur, Anna et les «  filles » irrite un peu car ce domaine reste faible, alors qu'il devrait fonctionner comme une force d'opposition face à Alice-le narrateur.

Si ce narrateur avait été célibataire, le récit eût été plus vigoureux.

L'auteur n'atteint pas tout à fait son but. Les phrases qu'elle voudrait chargées d'émotion, et comme en suspens, tombent un peu à plat. Ici ce sont les témoignages des Indiens qui emportent le plus l'adhésion( peut-être parce quelles sont racontées de façon plus simple et plus forte?), et certaines scènes, telle la danse du serpent sont vraiment belles.

 

http://www.24heures.ch/files/imagecache/468x312/story/081021_Claudie_Gallay_09.jpg

Claudie Gallay est née dans le Dauphiné en 1961. Elle est institutrice dans un village du Vaucluse, deux jours par semaine. Elle passe le reste de son temps à écrire.  Quand elle n’écrit pas - ce qu’elle fait depuis une dizaine d’années -, elle peint.

 

Du même auteur : Les Déferlantes (2009)
Lecture : Octobre 2009

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Publié par Elora

Jeudi 24 décembre 2009 à 17:22

http://www.images.hachette-livre.fr/media/imgArticle/LATTES/2007/9782709628617-G.jpg(JC Lattès, 14€, 285 pages)
ISBN 978-2-7096-2861-7

Lou Bertignac a 13 ans, un QI de 160 et des questions plein la tête. Les yeux grand ouverts, elle observe les gens, collectionne les mots, se livre à des expériences domestiques et dévore les encyclopédies. 

Enfant unique d'une famille en déséquilibre, entre une mère brisée et un père champion de la bonne humeur feinte, dans l'obscurité d'un appartement dont les rideaux restent tirés, Lou invente des théories pour apprivoiser le monde. 

A la gare d'Austerlitz, elle rencontre No, une jeune fille SDF à peine plus âgée qu'elle. 
No, son visage fatigué, ses vêtements sales, son silence. 
No, privée d'amour, rebelle, sauvage. 
No dont l'errance et la solitude questionnent le monde.

Des hommes et des femmes dorment dans la rue, font la queue pour un repas chaud, marchent pour ne pas mourir de froid. « Les choses sont ce qu'elles sont ». Voilà ce dont il faudrait se contenter pour expliquer la violence qui nous entoure. Ce qu'il faudrait admettre. Mais Lou voudrait que les choses soient autrement. Que la terre change de sens, que la réalité ressemble aux affiches du métro, que chacun trouve sa place. Alors elle décide de sauver No, de lui donner un toit, une famille, se lance dans une expérience de grande envergure menée contre le destin. Envers et contre tous.

C'est un bôô livre. Trop beau. Le genre histoire d'une fille "différente", mal dans sa peau, bobo et évidemment surdouée. On a 17ans ou plus, c'est à dire adolescente mais presque adulte. On a depuis qu'on a 11, 12 13 ans, un peu plus, un peu moins, l'habitude de se sentir "différente" des autres, un peu en retrait, un peu trop "cérébrale". On a vécu tout le passage de l'adolescence cliché à savoir le mal-être, la solitude, etc etc. On vous parle de ce livre, on vous en dit que du bien, on vous dit "tu verras, on se reconnaît dedans, et puis c'est magnifique, tu vas pleurer en le lisant".
Ok. Donc on le lit.
On commence, et là on est suspicieux : on veut bien que la narratrice soit une ado de 13ans, mais une ado de 13ans avec un QI de 160, là, ça passe mal. Ok elle écrit bien, à savoir elle écrit comme une adulte passé la trentaine qui a un certain talent et une maîtrise en littérature. Donc on se dit que le sujet est un peu prétentieux mais que bon, ça peut être intéressant. Alors on continue. Et on pleure effectivement, mais d'un rire cruel, le rire de pitié. Heureusement qu'on a ça parce que sinon on s'ennuie. Clichés sur clichés. « Oh je suis malheureuse, Oh je suis tellement intelligente que je peux exactement compter le nombre de canines que vous avez en une seconde. Oh je suis différente des autres, oh j'ai les meilleures notes en cours, oh je suis amoureuse d'un "bad boy" trop beau avec un passé douloureux. Et si j'allais me faire amie avec une SDF ? » Histoire de rajouter un peu dans le pathos. Parce que c'est pas joli joli la vie dans la rue. Et caetera.
Bon allez soyons pas trop méchant, le livre est plutôt bien écrit. Il arrive même qu'on ait une pointe d'émotion vers la fin. Mais franchement, dans le genre tire-larme pour adolescente bobo qui cherche un prétexte au suicide, on a rarement fait mieux... Quoi que ?

Publié par Elora

Vendredi 23 octobre 2009 à 19:38


http://www.alalettre.com/Images/soie_alessandro_baricco.jpg

(Folio, 4,50€, 142 pages)
ISBN : 2-07-041965-7



Traduction : Françoise Brun
 

 

Vers 1860, pour sauver les élevages de vers à soie contaminés par une épidémie, Hervé Joncour entreprend quatre expéditions au Japon pour acheter des oeufs sains. Entre les monts du Vivarais et le Japon, c'est le choc de deux mondes, une histoire d'amour et de guerre, une alchimie merveilleuse qui tisse le roman de fils impalpables. Des voyages longs et dangereux, des amours impossibles qui se poursuivent sans jamais avoir commencé, des personnages de désirs et de passions, le velours d'une voix, la sacralisation d'un tissu magnifique et sensuel, et la lenteur, la lenteur des saisons et du temps immuable. 

 

Soie, publié en Italie en 1996 et en France en 1997, est devenu en quelques mois un roman culte - succès mérité pour le plus raffiné des jeunes écrivains italiens.  

 

Ce livre, vendu à 300 000 exemplaires en Italie, est considéré comme un des grands chefs-d'œuvres contemporains. Au prime abord, cela ne saute pas aux yeux. Déjà, on ne sait comment le décrire : roman, poésie, essai, nouvelles ?? De plus, On ne peut pas dire que des passionnés de vers à soie et de leur histoire courent les rues... Le sujet se trouve, donc, à même de rebuter les lecteurs de tous horizons. Qui plus est, les répétitions se montrent relativement gênantes. Certes, elles appuient sur le cercle routinier de la vie professionnelle mais, dans un livre aussi court (141 pages chez Folio), on ne voit que cela. Alessandro Baricco manque de volubilité en ce qui concerne les descriptions, autant les personnages que le reste.  Évidemment, l'excès contraire n'est pas des meilleurs non plus. Néanmoins, dans ce cas, il est extrêmement difficile de s'imaginer la situation, le protagoniste... 

D'ailleurs, on referme ce livre, en se disant que, heureusement, il était peu épais. 

 Cependant, ce livre reste une lecture très agréable. Alessandro Baricco possède une écriture simple et douce, musicale aussi. On croque les mots les uns après les autres avec une rapidité surprenante cette romance aérienne.

 Après avoir été convaincue par Océan Mer et toutes les excellentes critiques lues  à propos de Soie, ce dernier est une petite déception.

Lecture : Septembre 2009

 

Publié par Elora

soie, roman, étranger, baricco

Mercredi 23 septembre 2009 à 21:41

http://www.laprocure.com/cache/couvertures/9782070412082.jpg(Folio, 9,70€, 531 pages)
ISBN 978-2-07-034861-9


"
Lolita, lumière de ma vie, feu de mes reins. Mon péché, mon âme. Lo-lii-ta : le bout de la langue fait trois petits pas le long du palais pour taper, à trois reprises, contre les dents. Lo. Lii. Ta.
Le matin, elle était Lo, simplement Lo, avec son mètre quarante-six et son unique chaussette. Elle était Lola en pantalon. Elle était Dolly à l'école. Elle était Dolorès sur les pointillés. Mais dans mes bras, elle était toujours Lolita. "
Lolita a été porté à l'écran par Stanley Kubrick (1962), avec Peter Sellers, Shelley Winters et Sue Lyon, puis par Adrian Lyne (1997), avec Jeremy Irons, Melanie Griffith et Dominique Swain.

Attention, chef-d'œuvre !!! Ne vous fiez pas au thème du livre qui pourrait vous choquer, tout le génie de Nabokov est dans l'écriture ! Et quelle écriture! Aucune vulgarité, un vocabulaire recherché...), des jeux de mots qui savent suggérer.

Ecrit en anglais (mais il avait été précédé d'une nouvelle sur ce thème écrite en russe), il a été refusé par tous les éditeurs américains choqués du propos.

Les confessions que le narrateur livre à ses lecteurs le posent tantôt en pervers manipulateur, tantôt en victime martyrisée esclave du pouvoir envoûtant de Lolita. En effet, le cynisme de cette nymphette est tout aussi dérangeant. Son insolence manipulatrice se joue de son entourage et surtout de son partenaire menant outrageusement sa déviance à la folie. Certes, elle a l'excuse de son jeune âge où les interdits sont si tentants et la volonté de paraître si fascinante.

On est frappé par le ton irrévérencieux et l'amoralité générale qui traverse tout le livre. Mais il n'y a aucune description fallacieuse. Tout est suggéré et décrit de façon artistique. Le narrateur nous entraîne avec lui non pas forcément dans sa déviance sexuelle mais dans son amour dévorant qui devient ultra-possessif et dévastateur.  Mais, l'intérêt de ce livre n'est pas le fond mais la forme!

Tous les ingrédients de la bonne littérature sont présents : une histoire sombre et passionnante, un sujet sensible, une écriture d'une précision diabolique (parfois précieuse).

Une seconde partie un peu longuette, mais on peut tout pardonner à qui écrit si bien.

Par delà le côté sulfureux et scabreux de la trame de fond du roman, c'est l'histoire bouleversante d'un amour fou mais impossible... Un roman trouble et troublant.

L'histoire d'un pédophile amoureux. Difficile de juger de façon catégorique ce livre. Si la pédophilie est condamnable sans hésitation.

Lecture : Septembre 2009

Mercredi 23 septembre 2009 à 20:12

http://www.images.hachette-livre.fr/media/imgArticle/LgfLivreDePoche/2008/9782253108849-G.jpg

(Le Livre de Poche, 6€, 248 pages)
ISBN : 2-253-10884-7


"Le jour où j'ai rencontré Talia, on a fait l'amour devant quarante personnes. Ensuite, on est allés prendre un verre. Et on a fait connaissance...". Elle est la star montante du X. Il est une gloire déchue du foot. A dix-neuf ans ils ont tout connu, tout défié, tout subi. Au milieu des marchands d'esclaves qui transforment les êtres humains en produits dérivés, ils vont se reconnaître, se rendre leurs rêves, leur rire, leur dignité.

 

On accroche dès la première phrase: «Le jour où j'ai rencontré Talia, on a fait l'amour devant quarante personnes. Ensuite, on est allés prendre un verre. Et on a fait connaissance». Y a pas à dire, on veut connaître la suite! Comment ces deux personnages vont-ils réussir à développer une relation saine, quand ils «ont pris l'amour à l'envers, [qu'ils] ont commencé leur relation par ce qui en est normalement l'aboutissement»? Voilà ce parcours bien sinueux que l'auteur nous invite à emprunter.

Chemin faisant, Didier van Cauwelaert jette un peu de lumière sur ces deux mondes que sont la porno et le foot. Les caprices des stars, les magouilles, la tricherie même. Descriptions intéressantes de professions que l'on ne connaît qu'en surface. Sans oublier les troubles intérieurs qui assaillent les deux personnages principaux.

Là où « le gentil » Van Cauwelaert nous surprend, c’est dans son cynisme lorsqu’il dépeint le monde du foot, marché à viande au même titre que la pornographie, dont il donne par contre une image ironique, sans réserve et amusante.
Un sujet qu’on ne s’attendait pas à retrouver dans ses romans qualifiés « tout public »…

On passe  un très agréable moment avec l’écriture de Didier Van Cauwelaert. Ce n’est peut-être pas le meilleur de ses romans, mais on y trouve cette chaleur, cette fantaisie et cette sensibilité qui le caractérisent.
Un roman doux-amer, réaliste mais mettant en scène des personnages inhabituels, attachants, drôles, émouvants, énergiques.


Lecture :
Septembre 2009

Publié par Elora

X, rencontre, sport, vie, amour, france, roman

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