Vendredi 26 juin 2009 à 15:47


 

http://images.madmoizelle.com/fiches/photos/L/ou-on-va-papa_jean-louis-fournier_081103051739.jpg

(Stock, 15€, 154 pages)
ISBN :
978-2-234-06117-0

L'Auteur :
Jean-Louis Fournier, né en 1938. 
Biographie


 Jusqu'à ce jour, je n'ai jamais parlé de mes deux garçons. Pourquoi ? J'avais honte ? Peur qu'on me plaigne ? Tout cela un peu mélangé. Je crois, surtout, que c'était pour échapper à la question terrible : « Qu'est-ce qu'ils font ? » Aujourd'hui que le temps presse, que la fin du monde est proche et que je suis de plus en plus biodégradable, j'ai décidé de leur écrire un livre. Pour qu'on ne les oublie pas, qu'il ne reste pas d'eux seulement une photo sur une carte d'invalidité. Peut-être pour dire mes remords. Je n'ai pas été un très bon père. Souvent, je ne les supportais pas. Avec eux, il fallait une patience d'ange, et je ne suis pas un ange. Quand on parle des enfants handicapés, on prend un air de circonstance, comme quand on parle d'une catastrophe. Pour une fois, je voudrais essayer de parler d'eux avec le sourire. Ils m'ont fait rire avec leurs bêtises, et pas toujours involontairement. Grâce à eux, j'ai eu des avantages sur les parents d'enfants normaux. Je n'ai pas eu de soucis avec leurs études ni leur orientation professionnelle. Nous n'avons pas eu à hésiter entre filière scientifique et filière littéraire. Pas eu à nous inquiéter de savoir ce qu'ils feraient plus tard, on a su rapidement que ce serait : rien. Et surtout, pendant de nombreuses années, j'ai bénéficié d'une vignette automobile gratuite. Grâce à eux, j'ai pu rouler dans des grosses voitures américaines.


 

La majorité des couples désirent des enfants et rêvent d'avoir de merveilleux bébés mais parfois la chance n'est pas de la partie!

Jean-Louis Fournier fait partie de ceux qui ont manqué de chance en ayant non pas un mais 2 enfants handicapés. Le livre qu'il écrit sur ses enfants ne tombe pas dans le pathétique ni le misérabilisme et il donne avec une pointe d'humour noir ses sentiments et ses impressions.

Il retrace la vie de parents dont le monde s'effondre en sachant que leur enfant n'est pas comme les autres. Il nous dit ,honnête, sa rage et parfois son désir de les faire disparaître mais en même temps sa tendresse et son amour pour ces êtres "innocents" qui le font culpabiliser de les avoir fait ou de ne pas avoir été un "bon père".

Il nous parle de son besoin de rire parfois de ses enfants afin de dédramatiser. Cela peut sembler indigne d'un père mais qui peut juger de la difficulté d'élever ses enfants handicapés, hormis peut-être ceux qui sont dans la même situation ?

Il n'a pas peur également de nous dire sa jalousie face aux parents d'enfants dits normaux. Mais ils y aussi ceux qui disent "L'enfant handicapé est un cadeau du ciel". Et ils ne le disent pas pour rire. Ce sont rarement des gens qui ont des enfants handicapés. Quand on reçoit ce cadeau, on a envie de dire au Ciel: "Oh, fallait pas..."...

Lecture : Janvier 2009


Mercredi 17 juin 2009 à 17:40

 

 

http://aviquesnel.free.fr/Direlire/Images/germain_magnus.gif(Folio, 7,10€, 263 pages)
ISBN :
978-2-07033-648-7

L'Auteur : Sylvie Germain, écrivain française Biographie

Magnus, c'est le prénom d'un ours en peluche mais aussi celui que s'est donné un homme. Un homme qui a bien du mal à démêler le vrai du faux dans son histoire personnelle à cause d'une perte de mémoire alors qu'il n'avait que 5 ans. Né en Allemagne à la fin des années 30, il réalise peu à peu qui sont ses parents, qu'il connaîtra peu. Son éducation se poursuit en Angleterre chez un oncle puis à 18 ans, Magnus s'évade en allant vivre aux Etats-Unis après un séjour au Mexique. Il y travaille, y tombe amoureux et en revient, plein de tristesse. Le revoilà en Angleterre, et Magnus est toujours paumé, indécis, perturbé.

 

Voilà ce que l’on peut appeler une œuvre littéraire originale. Une œuvre littéraire par son contenu. L’originalité par sa forme. Les chapitres courts alternent des fragments de souvenirs d’une narration classique avec des notules, des séquences, des échos constitués par des poèmes, des morceaux de biographies, de chansons, de romans… Ce roman déroutant ressemble à un puzzle que l’on reconstitue comme Magnus reconstitue sa mémoire. Pour ceux qui aiment les surprises et les rebondissements, pour ceux qui préfèrent la violence psychologique à la violence sanglante, ce livre est peut-être l‘idéal...  

Comment peut-on admettre que ceux qui nous ont élevés ne sont pas nos parents, qu’ils ont manipulé notre mémoire et même qu’ils nous ont manipulés tout court ? L’identité que je pense être la mienne l’est-elle véritablement ? Magnus, c’est le nom de l’ours ou de son propriétaire ? Ce roman pose beaucoup de questions difficiles. L’enfant a grandi sur des mensonges qu’il démantèle durant toute sa vie mais le malheur le poursuit.  

Au fur et à mesure que le portrait se précise, la grande Histoire s’insinue, violente, se glisse par la moindre faille, la plus petite fissure. A chaque fois que le héro s’y bute, il se rapproche peu à peu de sa vérité.  

Poignante illustration des conséquences infinies de la barbarie humaine, Magnus restitue avec une retenue magistrale la décomposition d’une victime de l’Histoire ; jusqu’à l’ultime vertige d’une recomposition possible.

Lecture : Mars 2009

 

Un roman dont le « happy end », s’il existe, n’est pas trop prévisible.

Mardi 16 juin 2009 à 22:08

 http://www.krinein.com/img_oc/big/7338.jpg

(J'ai lu, 8,40€, 573 pages)
ISBN :
2-290-34371-4


L'auteur : Anna Gavalda Biographie

  " …Non, ne pleure pas… Tiens, prends mon mouchoir, petite fille… Mais il y a une chose que je dois te dire : les gens qui s'arrêtent de parler deviennent fous. Chu Ta, par exemple, je ne te l'ai pas dit tout à l'heure, mais il est devenu fou et très malheureux aussi… Très, très malheureux et très, très fou. Il n'a retrouvé la paix que lorsqu'il était un vieillard. Tu ne vas pas attendre d'être une vieillarde, toi, n'est-ce pas ? Dis-moi que non. Tu es très douée, tu sais ? Tu es la plus douée de tous les élèves que j'aie jamais eus, mais ce n'est pas une raison, Camille... Ce n'est pas une raison… Le monde d'aujourd'hui n'est plus comme celui de Chu Ta et tu dois te remettre à parler. Tu es obligée, tu comprends ? Sinon, ils vont t'enfermer avec de vrais fous et personne ne verra jamais tous tes beaux dessins… "

  

Camille fait des ménages dans les bureaux le soir et dessine à ses heures. Féru d'histoire, Philibert est un aristocrate timide et émotif qui habite un immense appartement. Franck cuisinier de son état a une grand-mère qui ne peut plus vivre seule et qu'il doit se résoudre à placer dans une maison de retraite. Voici les quatre personnages principaux de l'histoire. Un peu éclopés, pas en très bon état, ils traînent des passés difficiles et des blessures ouvertes. Ils ont des rêves aussi. Des envies d'échappées belles. Ils vont se rencontrer, s'apprendre... et découvrir qu'ensemble, le bonheur est possible. Qu'il tient à peu de choses... qu'il tient surtout à... "être ensemble".
 
Il y a des auteurs qui parviennent à mettre en scène des gens comme nous, sans rien, absolument rien de plus. Pas de grand drame, pas de grand destin, pas de grandes qualités, ni de grands défauts. Et on peut vraiment faire un bon roman avec ça ? Oui. Anna Gavalda y parvient, et sur plus de 500 pages.
Cette fratrie nous amuse doucement au fil du récit d’Anna Gavalda. La prouesse, c’est qu’elle laisse vivre ses personnages. Pas d’intrigue hyper tendue pour vous conduire à la dernière page. Pas d’extraordinaire rebondissement pour relancer la machine. Non, rien que des vies. Ce qui, chez d’autres, aurait pu provoquer un profond ennui, donne chez Gavalda une impression de légèreté. On s’attache à ces personnages et on n’a plus envie de les quitter. On pardonne même à l’auteur quelques passages un peu nunuches, ou quelques répliques un peu fades ou attendues. 
La langue aide aussi l’auteur à éviter l’ennui. Une langue vive, tintée de parisianismes, et une profusion de dialogues très crédibles.
Ce qu'on aime aussi, c’est que c’est un roman complètement féminin. Tous les personnages, et surtout Frank, le vrai mec, sont décrit par une plume du sexe dit faible.

Mardi 16 juin 2009 à 14:08

http://multimedia.fnac.com/multimedia/images_produits/ZoomPE/5/3/5/9782266148535.jpg(Pocket, 6,50€, 375 pages)
ISBN : 978-2-266-14853-5


L'Auteur :
Marc Lévy  Son Site


"Jeannot,
Tu leur diras de raconter notre histoire dans leur monde libre.
Que nous nous sommes battus pour eux. Tu leur apprendras que rien ne compte plus sur cette terre que cette putain de liberté capable de se soumettre au plus offrant. Tu leur diras aussi que cette grande salope aime l'amour des hommes, et que toujours elle échappe à ceux qui veulent l'emprisonner, qu'elle ira toujours donner la victoire celui qui la respecte sans jamais espérer la garder dans son lit.
Dis-leur Jeanne, dis-leur de raconter tout cela de ma part, avec leurs mots à eux, ceux de leur époque. Les miens ne sont faits que des accents de mon pays, du sang que j'ai dans la bouche et sur les mains. "

Un livre surprenant de Marc Lévy par les termes qu'il aborde. Fini les fantômes sortant du placard (Et si c'était vrai) ; Fini les disputes entre le Diable et Dieu (Sept Jour pour une éternité) ; Fini les histoires à dormir debout (ou coucher dehors, au choix), L'auteur s'attaque à un sujet encore tabou aujourd'hui : les brigades de jeunes adultes, parfois encore adolescents dans la Résistance de la Seconde Guerre Mondiale. Sur les traces de Tatiana de Rosnay, dans Elle s'appelait Sarah, qui traitait de la rafle du Vél'd'Hiv', il lève le voile sur ces courageux.
Mais il faut avouer que le talent n'est pas égal... Tout le monde connait : « Chasser le naturel, il revient au galop » Et bien, Marc Lévy utilise de grosses ficelles et marche avec ses gros sabots sur la subtilité qui aurait été comme un gant à ce livre...C'est d'autant plus décevant que cela vient par à-coup.
Il nous entraîne dans un tourbillon terrible d'actions alors que l'on connait la fin dès les premières pages...Suivant l'effet qu'il voulait donner, deux solutions s'offrait pourtant à lui : soit il ne dévoilait rien avant la fin, soit il approfondissait la psychologie des personnages...mais, là, il nous offre un roman bancal malgré les efforts qui en ressortent.
On saluera tout de même son hommage à son père, Jeannot de son surnom et Raymond, de son prénom, résistant.


Lecture : Juin 2009


 

 

Dimanche 14 juin 2009 à 2:00

 

http://www.decitre.fr/gi/15/9782246633815FS.gif
(Grasset, 18€, 347 pages)
ISBN :
2-246-63381-8

Prix interalliés 2003
 

Le seul moyen de savoir ce qu’il s’est passé dans les tours du World Trade Center, le 11 Septembre 2001, c’est de l’inventer.
  

Carter Yorston, un agent immobilier a promis à ses deux enfants de prendre un petit déjeuner dans le restaurant du plus haut building de New York. Père divorcé, donc coupable, il ne leur refuse rien.
De l'autre côté de l'Atlantique, au sommet de la tour Montparnasse un écrivain français, Frédéric Beigbeder raconte l'inimaginable : la destruction des deux tours, symbole de la mort des seventies, qui marque à jamais la fin de sa propre enfance.
Car tout autant que le rendez-vous avec la mort de trois mille personnes en ce matin de septembre, le sujet du livre est la fin des utopies, la fin de l'innocence, des buildings atteignant le ciel, de la conquête de la lune ou du Concorde. Cette belle machine à remonter le temps puisqu'on arrive à New York avant d'être parti de Paris, aussi inutile que coûteuse. Jouet d'une époque trop gâtée et définitivement révolue.
 

 

Windows on the world sonne terriblement juste, mais peut énerver. La cause ? De nombreux anglicismes et pas mal de snobisme. Cela lui fait, en partie, oublier l’essentiel. L’effondrement des Twins symbolise l’effondrement de la société occidentale.
Et la question du destin, essentielle est plutôt bien décrite : pourquoi suis-je ici à cette heure là, ce jour là ?

 

Windows on the world est sans aucun doute le meilleur livre de Beigbeder et laisse entrevoir les chefs d'œuvre qu'il pourrait écrire, une fois débarrassé de ses démons, du besoin de se raconter une fois de plus.

 

Dans cet exercice de barres parallèles, sans jamais manquer d'émotion ni d'autodérision, Beigbeder ne se loupe pas.

 Windows on the world est composé de deux romans en un seul entre la reconstitution du drame et les réflexions et les questions de l’adulte comme de l’écrivain.  

C'est un livre touchant où l'auteur cabotine et tient son rôle : coke et sexe à tous les étages racontant en même temps que son enfance enfuie, l' avion qui transperce la première tour et ce père qui fait croire à ses enfants qu'ils sont dans un jeu, une nouvelle attraction en 3D… Mais ils ne croient pas un instant que leur père soit un héros… Il est comme tout le monde.
L'humour de Beigbeder est insolite et dévastateur :
" d' habitude dans un restaurant, on fait cuire toutes sortes d'aliments, mais pas la clientèle : ici, le barbecue, c'est nous ! ‘’

 Lecture : Avril 2009

 

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