(JC Lattès, 14€, 285 pages)
ISBN 978-2-7096-2861-7
Lou Bertignac a 13 ans, un QI de 160 et des questions plein la tête. Les yeux grand ouverts, elle observe les gens, collectionne les mots, se livre à des expériences domestiques et dévore les encyclopédies.
Enfant unique d'une famille en déséquilibre, entre une mère brisée et un père champion de la bonne humeur feinte, dans l'obscurité d'un appartement dont les rideaux restent tirés, Lou invente des théories pour apprivoiser le monde.
A la gare d'Austerlitz, elle rencontre No, une jeune fille SDF à peine plus âgée qu'elle.
No, son visage fatigué, ses vêtements sales, son silence.
No, privée d'amour, rebelle, sauvage.
No dont l'errance et la solitude questionnent le monde.
Des hommes et des femmes dorment dans la rue, font la queue pour un repas chaud, marchent pour ne pas mourir de froid. « Les choses sont ce qu'elles sont ». Voilà ce dont il faudrait se contenter pour expliquer la violence qui nous entoure. Ce qu'il faudrait admettre. Mais Lou voudrait que les choses soient autrement. Que la terre change de sens, que la réalité ressemble aux affiches du métro, que chacun trouve sa place. Alors elle décide de sauver No, de lui donner un toit, une famille, se lance dans une expérience de grande envergure menée contre le destin. Envers et contre tous.
C'est un bôô livre. Trop beau. Le genre histoire d'une fille "différente", mal dans sa peau, bobo et évidemment surdouée. On a 17ans ou plus, c'est à dire adolescente mais presque adulte. On a depuis qu'on a 11, 12 13 ans, un peu plus, un peu moins, l'habitude de se sentir "différente" des autres, un peu en retrait, un peu trop "cérébrale". On a vécu tout le passage de l'adolescence cliché à savoir le mal-être, la solitude, etc etc. On vous parle de ce livre, on vous en dit que du bien, on vous dit "tu verras, on se reconnaît dedans, et puis c'est magnifique, tu vas pleurer en le lisant".
Ok. Donc on le lit.
On commence, et là on est suspicieux : on veut bien que la narratrice soit une ado de 13ans, mais une ado de 13ans avec un QI de 160, là, ça passe mal. Ok elle écrit bien, à savoir elle écrit comme une adulte passé la trentaine qui a un certain talent et une maîtrise en littérature. Donc on se dit que le sujet est un peu prétentieux mais que bon, ça peut être intéressant. Alors on continue. Et on pleure effectivement, mais d'un rire cruel, le rire de pitié. Heureusement qu'on a ça parce que sinon on s'ennuie. Clichés sur clichés. « Oh je suis malheureuse, Oh je suis tellement intelligente que je peux exactement compter le nombre de canines que vous avez en une seconde. Oh je suis différente des autres, oh j'ai les meilleures notes en cours, oh je suis amoureuse d'un "bad boy" trop beau avec un passé douloureux. Et si j'allais me faire amie avec une SDF ? » Histoire de rajouter un peu dans le pathos. Parce que c'est pas joli joli la vie dans la rue. Et caetera.
Bon allez soyons pas trop méchant, le livre est plutôt bien écrit. Il arrive même qu'on ait une pointe d'émotion vers la fin. Mais franchement, dans le genre tire-larme pour adolescente bobo qui cherche un prétexte au suicide, on a rarement fait mieux... Quoi que ?