(Folio, 5,00`€, 121 pages)
ISBN 2-07-030491-4
"Le pays allait de l'avant, bien loin de la guerre, à une vitesse incroyable, en oubliant tout. Mais il y avait tout un monde qui n'en était jamais sorti, de la guerre, et qui dans ce pays heureux n'arrivait pas à redémarrer."
Ce monde va se livrer bataille à la vieille ferme de Mato Rujo, où vivent Manuel Roca et ses deux enfants. Habités par la vengeance, trois hommes viennent débusquer celui qui fut leur ennemi, trois hommes décidés à faire couler le sang. Manuel Roca le sait. Sous la plancher de la maison, il dissimule sa petite fille puis après avoir chargé ses fusils, il demande à son fils de courir se cacher. Déjà le bruit des armes automatiques les rattrape. La guerre n'est pas finie.
Alessandro Baricco revient avec un roman court, violent, impulsif, tissé d'une économie de mots où les silences en disent long. Froissement de la mémoire comme celle d'une étoffe ou rugissement des flammes sur la folie des hommes, la lecture de Sans sang vous prendra à peine une heure. Une heure faite d'émotion sincère racontant ces hommes et ces femmes que l'histoire enchaîne à ses batailles et qui, par la faute de leurs parents ou d'eux-mêmes, resteront à jamais pétrifiés dans la violence des conflits. Comme si tuer offrait toujours une raison de tuer, encore. Une heure donc, qui en vaut plusieurs, tant ce récit bruisse de la beauté d'une littérature touchant au cœur. -Hector Chavez
Après avoir été perturbée par la lecture d’Océan Mer, il semblait difficile de ne pas découvrir d’autres romans, nouvelles ou essais du même auteur. Soie et Novecento : pianiste s’étaient soldés par de petites déceptions mais recevoir un livre voyageur n’est pas désagréable, même lorsque c’est nous qui l’avons demandé.
Pour en venir à Sans Sang, ce roman laisse pantois et perplexe. On retrouve en grande partie l’auteur d’Océan Mer, celui qui nous faisait vibrer tout en nous perdant dans une histoire un peu particulière. D’ailleurs, la fin est assez floue si ce n’est pas incompréhensible.
Le titre sonne extrêmement juste. Ce livre raconte une vengeance qui se finit dans le sang…mais certains personnages gardent leur sang-froid, faisant le premier pas vers le pardon. Bref.
Le style sans aucune prétention est épuré, légèrement perturbant (sans se défaire du côté agréable) et les phrases suivent à merveille le rythme de la respiration pendant une lecture calme.
On ne peut s’empêcher, en lisant les dernières lignes, de trouver les 121 pages trop rapides ou un peu superficielles mais, avec un peu de recul, on se rend compte que cette longue nouvelle ne se résume pas seulement à cela. Pour savoir ce que l’on peut éprouver, il faut lire le livre puisque c’est indicible.
Alessandro Baricco (né le 28 janvier 1958 à Turin) est un écrivain, musicologue et homme de théâtre italien contemporain.
Autres Critiques : Océan Mer, Novecento : Pianiste, Soie
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