(Denoël, 12,00€,173 pages)
ISBN : 978-2207260128
Alan Bennett est une star en Grande-Bretagne, où ses pièces de théâtre, ses séries télévisées et ses romans remportent un succès jamais démenti depuis plus de vingt ans. La Reine des lectrices est son quatrième roman publié chez Denoël.
« C’étaient les chiens qui avaient tout déclenché. En général, après s’être promenés dans le jardin, ils remontaient les marches du perron, où un valet de pied venait leur ouvrir la porte. Ce jour-là cependant, pour Dieu sait quelle raison, ils avaient traversé la terrasse en aboyant, la truffe en l’air, avant de redescendre les marches à toute allure et de disparaître à l’angle du bâtiment. La reine les entendit japper dans l’une des cours intérieures, comme s’ils en avaient après quelqu’un. Il s’agissait en l’occurrence du bibliobus de la commune de Westminster, un véhicule aussi imposant qu’un camion de déménagement et garé près des poubelles, à deux pas de la porte qui rejoignait les cuisines, de ce côté-là. La reine mettait rarement les pieds dans cette partie du palais et n’avait jamais aperçu le bibliobus auparavant. » À vrai dire, la lecture n’avait jamais vraiment intéressé la reine d’Angleterre. S’il lui arrivait de lire, l’amour des livres était un passe-temps qu’elle laissait volontiers aux autres : sa fonction, après tout, excluait qu’elle ait des hobbies. Lorsqu’elle se hasarde à pénétrer dans le bibliobus et emprunte un livre, poussée par la curiosité, c’est sans savoir que sa vie – et celle de Buckingham Palace – va en être changée. Pourquoi se découvre-t-elle subitement attirée par les livres, qui ne sont qu’un reflet, une version du monde ? À quoi bon les lire, puisqu’elle a vu les choses en vrai ? Et surtout, pourquoi cela lui arrive-t-il maintenant ? La royale passion littéraire sème bientôt une incroyable pagaille… En troussant son récit avec autant de verve que d’élégance, Alan Bennett fait de cette Reine des lectrices un parangon d’humour et d’excentricité toute britannique.
Ce livre se veut être un hommage à la littérature. On y retrouve de grands noms de la littérature anglophone et francophone, notamment Proust et Jean Genêt.
L’idée de nous montrer un autre aspect du personnage d’Elizabeth II d’Angleterre n’est pas mauvaise. Mais il faut reconnaitre que le roman possède quelques faiblesses. On peut ouvrir ce livre en pensant que la Reine va nous devenir plus « humaine », plus accessible mais, en réalité, c’est tout le contraire qui se passe. L’auteur, Alan Bennett, offre au personnage principal une intelligence hors du commun. Comment expliquer qu’elle se découvre un intérêt pour la lecture et qu’elle s’attaque tout de suite à des textes dont la compréhension n’est pas des plus évidentes ? Très énervant.
Une autre chose peut également énerver les lecteurs que nous sommes : les relations entre les personnages. La Reine est presque trop hautaine pour que ce soit croyable… L'auteur rend même certains personnages (dont le Président de la République Française)
De plus, le titre joue sur un énorme préjugé. Pourquoi serait-ce une Reine des Lectrices ? Les filles ne sont pas les seules à lire et la tête couronnée règne sur tout un peuple…
Mais il faut tout de même reconnaitre que ce livre n’a pas que de mauvais côtés.
Le style est fin, enlevé, plutôt dynamique et peu prétentieux contrairement à Sa Majesté la Reine. Outre-Manche, l’auteur est reconnu pour son humour… « so british » dont on a un léger aperçu. Il vaudrait probablement mieux lire « La Reine des Lectrices » en version original (The Uncommon reader).
La nouvelle passion royale pour la littérature sème le trouble, à Buckingham, et provoque une fin surprenante, qui prête à sourire.
Alors que la reine Elizabeth pensait avoir tout vu grâce à ses nombreux voyages d’affaires, elle découvre un nouveau moyen de s’échapper sans bouger de son bureau ou de son carrosse. Ce livre sur le pouvoir subversif de la lecture mériterait d’être un peu plus approfondi mais est déjà une petite réussite.
A lire uniquement pour se détendre.
Alan Bennett est un romancier, dramaturge, acteur, scénariste et réalisateur britannique né le 9 mai 1934 à Leeds (Royaume-Uni).
Ils en parlent : Clarabel, Cuneipage, Emeraude