Dimanche 11 avril 2010 à 12:07

 

http://biblideols.files.wordpress.com/2009/06/reine-des-lectrices.jpg(Denoël, 12,00€,173 pages)
ISBN : 978-2207260128

Alan Bennett est une star en Grande-Bretagne, où ses pièces de théâtre, ses séries télévisées et ses romans remportent un succès jamais démenti depuis plus de vingt ans. La Reine des lectrices est son quatrième roman publié chez Denoël.

« C’étaient les chiens qui avaient tout déclenché. En général, après s’être promenés dans le jardin, ils remontaient les marches du perron, où un valet de pied venait leur ouvrir la porte. Ce jour-là cependant, pour Dieu sait quelle raison, ils avaient traversé la terrasse en aboyant, la truffe en l’air, avant de redescendre les marches à toute allure et de disparaître à l’angle du bâtiment. La reine les entendit japper dans l’une des cours intérieures, comme s’ils en avaient après quelqu’un. Il s’agissait en l’occurrence du bibliobus de la commune de Westminster, un véhicule aussi imposant qu’un camion de déménagement et garé près des poubelles, à deux pas de la porte qui rejoignait les cuisines, de ce côté-là. La reine mettait rarement les pieds dans cette partie du palais et n’avait jamais aperçu le bibliobus auparavant. » À vrai dire, la lecture n’avait jamais vraiment intéressé la reine d’Angleterre. S’il lui arrivait de lire, l’amour des livres était un passe-temps qu’elle laissait volontiers aux autres : sa fonction, après tout, excluait qu’elle ait des hobbies. Lorsqu’elle se hasarde à pénétrer dans le bibliobus et emprunte un livre, poussée par la curiosité, c’est sans savoir que sa vie – et celle de Buckingham Palace – va en être changée. Pourquoi se découvre-t-elle subitement attirée par les livres, qui ne sont qu’un reflet, une version du monde ? À quoi bon les lire, puisqu’elle a vu les choses en vrai ? Et surtout, pourquoi cela lui arrive-t-il maintenant ? La royale passion littéraire sème bientôt une incroyable pagaille… En troussant son récit avec autant de verve que d’élégance, Alan Bennett fait de cette Reine des lectrices un parangon d’humour et d’excentricité toute britannique.

Ce livre se veut être un hommage à la littérature. On y retrouve de grands noms de la littérature anglophone et francophone, notamment Proust et Jean Genêt.

L’idée de nous montrer un autre aspect du personnage d’Elizabeth II d’Angleterre n’est pas mauvaise. Mais il faut reconnaitre que le roman possède quelques faiblesses. On peut ouvrir ce livre en pensant que la Reine va nous devenir plus « humaine », plus accessible mais, en réalité, c’est tout le contraire qui se passe. L’auteur, Alan Bennett, offre au personnage principal une intelligence hors du commun. Comment expliquer qu’elle se découvre un intérêt pour la lecture et qu’elle s’attaque tout de suite à des textes dont la compréhension n’est pas des plus évidentes ? Très énervant.

Une autre chose peut également énerver les lecteurs que nous sommes : les relations entre les personnages. La Reine est presque trop hautaine pour que ce soit croyable… L'auteur rend même certains personnages (dont le Président de la République Française)

De plus, le titre joue sur un énorme préjugé. Pourquoi serait-ce une Reine des Lectrices ? Les filles ne sont pas les seules à lire et la tête couronnée règne sur tout un peuple…

Mais il faut tout de même reconnaitre que ce livre n’a pas que de mauvais côtés.

Le style est fin, enlevé, plutôt dynamique et peu prétentieux contrairement à Sa Majesté la Reine. Outre-Manche, l’auteur est reconnu  pour son humour… « so british » dont on a un léger aperçu. Il vaudrait probablement mieux lire « La Reine des Lectrices » en version original (The Uncommon reader).

La nouvelle passion royale pour la littérature sème le trouble, à Buckingham, et provoque une fin surprenante, qui prête à sourire.

Alors que la reine Elizabeth pensait avoir tout vu grâce à ses nombreux voyages d’affaires, elle découvre un nouveau moyen de s’échapper sans bouger de son bureau ou de son carrosse. Ce livre sur le pouvoir subversif de la lecture mériterait d’être un peu plus approfondi mais est déjà une petite réussite.

A lire uniquement pour se détendre.

 


http://www.museum.tv/archives/etv/B/htmlB/bennettalan/bennettalanIMAGE/bennettalan.jpg
Alan Bennett est un romancier, dramaturge, acteur, scénariste et réalisateur britannique né le 9 mai 1934 à Leeds (Royaume-Uni).

Ils en parlent :
Clarabel, Cuneipage, Emeraude


Lecture : Mars 2010
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Publié par Elora

Jeudi 14 janvier 2010 à 14:23

http://multimedia.fnac.com/multimedia/images_produits/ZoomPE/6/2/6/9782253006626.jpg(Livre de Poche, 5,50€, 243 pages)
ISBN : 2-253-00662-9


Clémentine met au monde des triplés. Mais la souffrance que lui a infligé cette grossesse et ces naissances la poussent à ne plus adresser la parole à son mari, Angel. Elle l'empêche ensuite de participer à ls'éducation des enfants. Clémentine reporte alors sur ses enfants son besoin d'aimer, et est hantée par l'idée qu'il pourrait leur arriver quelque chose. Pour lutter, elle arrache les arbres du jardin, se créant une sorte de 'mur de protection'. .. Mais nous, qui restons sur la rive, nous voyons que Boris Vian décrit simplement notre monde. En prenant chacun de nos mots habituels au pied de la lettre, il nous révèle le monstrueux pays qui nous entoure, celui de nos désirs les plus implacables, où chaque amour cache une haine, où les hommes rêvent de navires, et les femmes de murailles.  

Il est question d'un étrange psychiatre en quête d'expériences vécues. Il est question d'une mère, qui décide de mettre à jour les trumeaux - Joël, Noël et Citroën - que son ventre avait accepté de conserver quelques temps à l'abri des regards. Il est question d'un père malvenu, d'un prêtre adepte du spectaculaire, pour qui la religion restera à jamais un luxe, d'un gondolier accablé par les remords d'audacieux villageois et de bien d'autres cas sociaux.

Le talent ne s'invente pas. Il peut toutefois se réinventer. Au-delà de la satire socio-religieuse et de l'ensemble des dysfonctionnements en tout genre qui y sont dénoncés, l'Arrache-Coeur est un témoignage, une preuve irréfutable de l'immense génie qui animait, qui faisait vivre ce bougre de Boris Vian. L'ouvrage déborde de néologismes loufoques et de trouvailles linguistiques clairement , notamment le fameux délire du tréma. Le livre retrace la descente aux enfers d'une jeune maman névrosée qui éloigne peu à peu sa progéniture du monde vivant. Il évoque de près le destin des retraités, les intérêts de la psychanalyse et des croyances populaires et propose une vision en tout point libertine, totalement libertaire, de la tendre enfance, estimée par l'auteur au même titre qu'une sorte de paradis perdu.

L'Arrache-Coeur est une prouesse dont chacun doit avoir été le témoin, ne serait-ce que pour apprécier l'excellente créativité linguistique de son auteur.

Après, on accroche ou pas à ce petit roman facile à lire. L'univers de Boris Vian reste très particulier. D'ailleurs, c'est vraiment son point faible. Le lecteur qui a du mal à rentrer dans le livre ne verra pas la critique et devra faire des recherches supplémentaires ou s'obliger à relire le livre.

http://llp.com.tw/default//subject/Boris%20Vian/images/vian04.jpg

Boris Vian est un écrivain français, poète, parolier, chanteur, critique et musicien de jazz (trompettiste), né le 10 mars 1920, à Ville-d'Avray, mort le 23 juin 1959 à Paris. Il fut aussi ingénieur de l'École centrale, inventeur, scénariste, traducteur (anglo-américain), conférencier, acteur d'occasion et peintre. Vian a signé ses nombreux écrits de pseudonymes divers dont le fameux Vernon Sullivan, « auteur » de J'irai cracher sur vos tombes.

Boris Vian était un grand consommateur de noms de plume, ce qui lui a permis de s'exprimer selon toutes les facettes de sa personnalité. On dénombre officiellement 27 pseudonymes, qui, selon les interprétations courantes, s'identifient à vingt-deux figures journalistiques, quatre purement littéraires et une politique. Parmi celles-ci, quatre femmes. Mais en fait il y en a bien plus ... Pour les retrouver, Rendez-Vous sur l’article de notre ami Wikipédia, ici.


Lecture : Juin 2009

 



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Publié par Elora

Samedi 14 novembre 2009 à 21:27

http://livremania.unblog.fr/files/2009/02/9782266127745.jpg(Pocket, 2,50€, 153 pages)
ISBN 2-266-03823-0


Cécile, adolescente insouciante, a passé son enfance en pension. Elle vit depuis deux ans avec son père Raymond qui est veuf et qui a la quarantaine. Elle mène une existence oisive et bénéficie d’une grande liberté. Son père a de nombreuses maîtresses auxquelles Cécile s’habitue assez facilement .

L’été de ses 17 ans, Cécile , son père Raymond, et Elsa, sa maîtresse du moment partent en vacances sur la Côte d’azur. Raymond a également invité Anne, une femme séduisante et brillante, qui était l’amie de son épouse. Très vite Anne prend en main la vie de Cécile et  décide notamment de la faire travailler, celle-ci ayant ratée son baccalauréat cette année-là. Anne regarde également avec un œil critique l’aventure que Cécile a avec Cyril, un étudiant qui passe ses vacances dans la région. Raymond délaisse peu à peu Elsa et devient l’amant d’Anne. Il est décidé à changer de vie pour elle et envisage même de l’épouser.

Cécile craint de perdre sa liberté. La présence de cette femme   intelligente et calme, trouble sa délicieuse existence. Jalouse, elle réussit à convaincre son petit ami Cyril de simuler une aventure amoureuse avec Elsa. Raymond ne parvient pas à résister à cette provocation. Irrité de voir Elsa se tourner vers un adolescent à peine plus âgé que sa fille, il se retrouve bientôt dans les bras de son ancienne maîtresse. Anne les surprend par hasard. Désespérée elle s'enfuit et se tue dans un accident de voiture. Cécile et son père reprennent leur vie insouciante, mais la jeune fille connaît à présent un sentiment nouveau : la tristesse : " Seulement quand je suis dans mon lit, à l’aube, avec le seul bruit des voitures dans Paris, ma mémoire parfois me trahit : l’été revient et tous mes souvenirs. Anne, Anne ! Je répète ce nom très bas et très longtemps dans le noir. Quelque chose monte alors en moi que j’accueille par son nom, les yeux fermés : Bonjour Tristesse. "

Une histoire très légère, à l'image des personnages.
C' est un court roman, très connu de Mme Sagan, et probablement un classique de la littérature du XXème siècle.
C' est la tête d' une petite femme de dix-sept ans, qui a vécu presque toute son existence sans un repère maternel, et qui dans une sorte de complexe d' Oedipe, refuse que son père s' engage aussi sérieusement, leur relation était si fusionnelle que pour rien au monde elle ne voudrait en abdiquer...
On se demande bien en quoi ce livre a bien pu être polémique en 54 , mise à part un léger encouragement à la débauche, il n' y a rien de bien choquant par rapport à notre monde actuel qui est bien pire!!
Cette lecture peut être assez agréable mais n'apporte pas grand chose...

Lundi 31 août 2009 à 13:08

http://image.evene.fr/img/livres/g/2070369609.jpg(Folio, 6,10€, 252 pages)
ISBN : 2-07-036960-9


«  La femme rompue est la victime stupéfaite de la vie qu’elle s’est choisie : une dépendance conjugale qui la laisse dépouillée de tout… » ( Simone De Beauvoir)

- Dis-moi pourquoi tu rentres si tard. Il n'a rien répondu. - Vous avez bu ? Joué au poker ? Vous êtes sortis ? Tu as oublié l'heure ? Il continuait à se taire, avec une espèce d'insistance, en faisant tourner son verre entre ses doigts. J'ai jeté par hasard des mots absurdes pour le faire sortir de ses gonds et lui arracher une explication : - Qu'est-ce qui se passe ? Il y a une femme dans ta vie ? Sans me quitter des yeux, il a dit : - Oui, Monique, il y a une femme dans ma vie. »

Ce recueil est composée de 3 nouvelles : « L’âge de discrétion », « Monologue » et « La femme rompue ».

La première raconte les difficultés d’une Parisienne, professeur de littérature, à l’aube de ses 60 ans et de sa retraite.

Le «  Monologue » est celui d’une autre Parisienne. Elle est seule. Sa fille s’est suicidée et son fils ne vient plus. Elle souffre et voudrait qu’on la console.  

« La Femme Rompue » a 44 ans et souffre de l’infidélité de son mari. Elle est dans une voie sans issue et voit son avenir avec peur. 

 


Trois nouvelles qui concernent des femmes, rompues, exaspérées, en crise, confrontées à des situations pénibles ou désespérantes. On n’est pas ici dans le meilleur des mondes ! Ne pas s’attendre à sortir indemne et guilleret de cette lecture ! Simone de Beauvoir fait ici étalage de toute sa sensibilité à percevoir, disséquer et exposer les ressorts de la psychologie humaine, de femmes ici en l’occurrence, et dans des situations limites ou pour le moins perturbées.

Haaaaa ! Les affres de l’humanité, c’est vrai que l’on pourrait en écrire des pages et des pages avec plus ou moins de talent. Ici, on ne pourrait dire si c’est le plus ou le moins. Cependant, les mots de Simone de Beauvoir semblent justes mais pas forcément touchants.

Ce recueil est loin d’être évident à lire…Il est fortement déconseillé à ceux qui aiment être portés par leurs lectures. D’ailleurs, ce n’est pas les seuls à qui on pourrait le déconseiller : les gens fragiles, les petits lecteurs, les vieux, les divorcés…Enfin, beaucoup de monde.

Lecture : Février 2008



Publié par Elora

femme, rompue, france, beauvoir, philosophie

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