Samedi 30 janvier 2010 à 22:00

http://mes-lectures.cowblog.fr/images/llqyszoagk.jpgEt, oui, encore un challenge proposé sur LivrAddict...

"Hier m'est venue à l'esprit un petit jeu/défi que je trouverais à la fois amusant et intéressant.
Voilà le but : comme tout le monde, j'imagine que vous avez des catégories de lectures que vous affectionnez plus que d'autres. A l'inverse, certaines ne vous donnent vraiment pas envie… J'ai toujours eu pour principe de ne rien juger tant que je ne connaissais pas et de faire mes opinions moi-même sur ce que je lis, pense etc.
Cependant, j'ai toujours été réfractaire aux romans à l'eau de rose et  aux biographies/autobiographies.
Celui ou celle qui va répondre à ce message doit choisir deux livres, un dans chaque catégorie, et me défier pour que je les lise.
A son tour, celui qui défie doit exposer deux catégories de livres qu'il n'aime pas et sous forme de chaine, chacun va défier le précédent en attendant de se faire défier… “ 

J'ai défié Lolo de lire un Harlequin (dans catégorie romans à l'eau de rose) et Hannibal Lecter : Les Origines du Mal de Thomas Harris (dans la catégorie roman d'horreur).

Sita m'a proposé de lire Petite Anglaise de Catherine Sanderson (catégorie Chick-litt') et Coraline de Neil Gaiman (dans la catégorie fantasy/fantastique)

Pour ceux qui souhaiteraient participer, le sujet est
ICI



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Publié par Elora

Vendredi 29 janvier 2010 à 13:21

http://imados.fr/history/1/les-aventures-d-alice-au-pays-des-merveilles_couv.jpg(Librio, 2,00€, 91 pages)
ISBN : 2-290-30694-0


Alice est une mignonne petite fille. Un jour, alors que sa soeur lui lit un livre, elle aperçoit un Assise dans l'herbe, Alice voit passer un lapin blanc qui regarde sa montre et jure qu'il est en retard. Elle le suit dans son terrier et tombe dans un monde extraordinaire où elle rapetisse, grandit, fait la course avec des animaux, discute avec un chat qui disparaît à volonté, prend le thé avec des gens bizarres, joue au croquet avec les personnages d'un jeu de cartes qui lui feront quelques ennuis. Puis enfin elle se réveille : il était temps, l'aventure allait mal tourner !

J'aime beaucoup ce conte, mais j'ai pourtant du mal à le considérer comme mièvre et enfantin. Il me semble au final qu'il s'adresse plus à des adultes en mal de fantaisie qu'à des enfants. D'autant plus qu'on peut déceler à sa lecture, une multitude de sens cachés, que ce soit au creux des mots et des jeux de langage ou encore au sein même de certaines scènes du récit qui semblent, au travers de métaphores filées, des critiques de la société anglaise et de ses mécanismes à l'époque de Lewis Carroll.

L'univers dans lequel se trouve plongé Alice apparaît bien plus effrayant que merveilleux! En effet, rien n'a de sens, il est impossible d'y avoir des repères car même ceux-ci se trouvent totalement déréglés, malmenés et poussés jusqu'à l'absurdité la plus totale. Les créatures qu'elle rencontre ne sont guère amicales, bien au contraire, il semble que chacun ait tendance à ne se préoccuper que de lui-même, ancré au cœur de sa propre folie, de ses propres errances, ne se tournant vers Alice que pour y trouver son propre intérêt ou y voir le reflet de sa pleine importance. Ainsi l'on y croisera une Reine de Cœur qui en est parfaitement dénuée, un chat au sourire énigmatique que l'on ne voudrait guère câliner, des fous, des lâches et des sournois...
Alice, quant à elle, est véritablement une enfant tout aussi attachante qu'agaçante.
Tantôt naïve et pleurnicharde, tantôt faisant montre d'un courage et d'une détermination sans bornes, on ne sait jamais vraiment sur quel pied danser avec elle, et quel comportement elle risque d'adopter face à une situation donnée.
Elle semble finalement bien à sa place dans ce monde étrange, sans queue ni tête, où elle ne s'étonne de rien et se fond à merveille dans le décor, elle-même sujette à une perte de son identité, au point que celle-ci en devient trouble et changeante, se dédoublant même quand la situation l'exige.
La folie semble bel et bien avoir apposé sa marque ici, elle y est presque palpable, au moindre recoin de cet univers haut en couleurs, passionnant, il est vrai, mais terriblement déroutant.

En tous cas, si vous n'aviez pas encore lu cette œuvre originale, intemporelle, et ne la connaissiez que par bribes ou via d'autres médias, n'hésitez pas à vous lancer, vous  découvrirez un conte surprenant par ses différentes facettes, plus nombreuses que ce que vous en connaissiez, le temps d'une lecture qui s'avale goulument.3


http://formation.paris.iufm.fr/~archiv03/barre/public_html/alicimag/reijlander.jpg
Lewis Carroll (de son vrai nom Charles Lutwidge Dodgson) est un écrivain, photographe et mathématicien britannique né le 27 janvier 1832 à Daresbury, dans le Cheshire et mort le 14 janvier 1898 à Guildford.

Ils en parlent : 100choses, Mélusine

Lecture : Novembre 2009Rendez-vous sur Hellocoton !

Publié par Elora

Mercredi 27 janvier 2010 à 21:06

J'ai dégoté un nouveau challenge, simple et court. Wouhou ! Miracle ! Vous connaissez la série des Monsieurs & Madames ? Et bien, Mademoiselle a associé un Monsieur ou Madame à une oeuvre selon le trait de caractère du protagoniste. Exemple : Monsieur Avare => L'Avare de Molière.

Le but est de choisir au moins deux livres de la liste et de les lire avant le 31 Décembre 2010

Pour voir la
liste, c'est par .


http://mes-lectures.cowblog.fr/images/49036677p.jpg

J'ai choisi :
Monsieur Nigaud : Candide, Voltaire
Monsieur Rêve : Songes d'une nuit d'été, Shakespeare
Monsieur A l’Envers: Le portrait de Dorian Gray, Oscar Wilde
Monsieur Non : 1984, Georges Orwell
Madame Je-Sais-Tout : Matilda, Roald Dahl



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Publié par Elora

Mardi 26 janvier 2010 à 13:39

http://a33.idata.over-blog.com/0/09/69/63/blog-2/lettre-d-une-inconnue.gif(Stock, 10,00€, 105 pages)
ISBN 978-2-234-06311-2

" C'est depuis cette seconde que je t'ai aimé. Je sais que les femmes t'ont souvent dit ce mot, à toi leur enfant gâté. Mais crois-moi, personne ne t'a aimé aussi fort - comme une esclave, comme un chien -, avec autant de dévouement que cet être que j'étais alors et que pour toi je suis restée. Rien sur la terre ne ressemble à l'amour inaperçu d'une enfant retirée dans l'ombre ; cet amour est si désintéressé, si humble, si soumis, si attentif et si passionné que jamais il ne pourra être égalé par l'amour, fait de désir ... , et, malgré tout, exigeant, d'une femme épanouie. "

Un amour total, passionnel, désintéressé, tapi dans l'ombre, n'attendant rien en retour que de pouvoir le confesser. Une blessure vive, la perte d'un enfant, symbole de cet amour que le temps n'a su effacer ni entamer. L'être aimé objet d'une admiration infinie mais lucide. Une déclaration fanatique, fiévreuse, pleine de tendresse et de folie. La voix d'une femme qui se meurt doucement, sans s'apitoyer sur elle-même, tout entière tournée vers celui qu'elle admire plus que tout. La voix d'une femme qui s'est donnée tout entière à un homme, qui jamais ne l'a reconnue.
Avec Lettre d'une inconnue, Stefan Zweig pousse plus loin encore l'analyse du sentiment amoureux et de ses ravages, en nous offrant un cri déchirant d'une profonde humanité. Ici nulle confusion des sentiments : la passion est absolue, sans concession, si pure qu'elle touche au sublime.

Une excellente nouvelle de Zweig, qui ravit le lecteur par son suspense et son originalité. Le récit présente différentes facettes tout en étant merveilleusement bien construit. D'un côté, on a l'amour obsessionnel d'une jeune femme, omniprésent et fort, et de l'autre, un auteur vivant de relations courtes et futiles. Mais l'auteur ne s'imagine pas que la jeune inconnue a pris part dans sa vie et en imprègne le quotidien. La fin est magnifique, tout comme les passages où les deux personnages sont confrontés l'un à l'autre.

Dans Lettre d’une inconnue, Stefan Zweig livre un magnifique exemple d’une passion dévorante et auto-destructrice. Un jeune homme reçoit une lettre d’une jeune femme où elle lui dévoile son amour viscérale pour lui depuis qu’elle a treize ans. Cette lettre, c’est une confession, un cri de désespoir pour se faire reconnaître: “je veux te révéler toute ma vie, cette vie qui véritablement n’a commencé que du jour où je t’ai connu. Auparavant, elle n’était que trouble et confusion, et mon souvenir ne s’y replongeait jamais;“.

Car cet homme, pour qui elle s’est sacrifiée toute sa vie, l’a rencontré trois fois, mais l’a prise pour trois personnes différentes et l’a oublié aussitôt chaque lendemain de leur nuit d’amour. Le fruit, de ce qu’elle pense être une histoire d’amour et qui s’avère être qu’une banale aventure pour lui, est un enfant. Elle n’a que lui à qui se raccrocher, et elle le fait éperdument, car c’est une partie de cet homme qu’elle a réussi à extirper.

Seulement, l’enfant tant chéri par sa mère en détresse est aujourd’hui mort. A bout, elle ne peut qu’avouer ce fardeau, cette obsession qui la consomme depuis son enfance.

Malgré cette histoire plus que tragique qui reprend vie au fil des pages, on espère, on veut croire que l’homme va la reconnaître. Le récit est éprouvant, haletant, on subit sans répit le fanatisme presque religieux de cette femme pour cet homme, dont seul la mort la délivrera.

Une nouvelle terriblement romantique, même si il est question de sacrifice, d’abandon de soi dans le seul but d’être au moins une seule fois dans les bras de l’être aimé.

A lire absolument !

http://ilyaunsiecle.blog.lemonde.fr/files/2008/11/zweig.1227591686.jpg

Stefan Zweig (28 novembre 1881 à Vienne en Autriche-Hongrie - 22 février 1942, à Petrópolis au Brésil) est un écrivain, dramaturge, journaliste et biographe autrichien.

La religion ne joua pas un rôle central dans son éducation.

En 1941, il s'établit au Brésil où, trop affecté de voir la Seconde Guerre mondiale détruire ses rêves d'humanisme et d'Europe pacifiée, il se suicida avec Lotte (Charlotte Elisabeth Altmann), sa seconde épouse.

Du même auteur :  ~La Confusion des sentiments, 1926

Lecture : Novembre 2009

 

Publié par Elora

Mercredi 20 janvier 2010 à 22:53

 

http://www.images-chapitre.com/ima0/original/197/475197_2778397.jpg(Le Livre de Poche, 5,00€, 378 pages)
ISBN : 978-225-3007-15-9

Rejetant la douce nature rousseauiste, Sade dévoile le mal qui est en nous et dans la vie. La vertueuse Justine fait la confidence de ses malheurs et demeure jusque dans les plus scabreux détails l'incarnation de la vertu. Apologie du crime, de la liberté des corps comme des esprits, de la cruauté 'extrême sensibilité des organes connue seulement des êtres délicats', l'oeuvre du marquis de Sade étonne ou scandalise. C'est aussi une œuvre d'une poésie délirante et pleine d’humour noir.

Depuis 1791, on a vu pire, non seulement dans à peu près tous les arts, mais aussi dans la vie réelle. Seconde "Justine" des trois versions que Sade a rédigées, celle-ci est à mi-chemin, comme on le dit dans la postface, entre le conte philosophique du 18e et le roman gothique du 19e. Les dialogues ou monologues philosophiques y tiennent encore tellement de place qu'un lecteur négligeant, en feuilletant un peu, ne pourrait tomber que sur ça et réclamer un peu plus d'action (comme l'avait satirisé Umberto Eco il y a plus de quarante ans)...

La pensée en tant que telle est un matérialisme poussé à son comble. Une fois établi qu'il n'y a plus ni Dieu ni Providence, toutes les morales se valent. Sauf qu'au lieu d'adhérer un relativisme éventuellement bienveillant, Sade se trouve un ersatz de transcendance dans ce qu'il appelle la Nature, qui dans le meilleur des cas est indifférente, dans le pire des cas mauvaise - en tout cas à l'opposé de ce qu'en a pu penser Rousseau. En se conformant à cette image de la Nature et notamment le règne animal, on peut bien entendu justifier n'importe quel vice. On s'aperçoit cependant assez rapidement que les arguments des vicieux sont des justifications a posteriori, qui naissent de l'expérience du mal et qui paraissent soit artificiels soit cyniques. Si les vicieux plaident tous pour une libération des tabous religieux ou sociaux, ils le font uniquement pour assouvir leurs besoins radicalement égoïstes. Comme tous les grands malades, il leur manque la moindre empathie pour leurs victimes, qui pourtant auraient elles aussi eu le droit au plaisir et à la libération des tabous. Sade préfigure ainsi les idéologies totalitaires et leurs pseudo-justifications basées sur des morales scientistes et autres darwinismes sociaux. Au mieux, ça nous amènera à Nietzsche et son concept de sur-homme.

Justine est pourtant un roman, pas un traité. Si on délaisse le répétitif, caractéristique de la pornographie, et si on se penche un peu sur le personnage de Justine, on s'étonne de sa candeur irréelle, voire onirique, cette manière - autre répétition! - de raconter constamment au premier venu l'intégrale de ses malheurs, cette façon qu'elle a de guérir rapidement des pires outrages - finalement: cette imperméabilité à toute expérience vécue.

Quant à l'humour noir de Sade, sa meilleure illustration en est la fin de l'histoire: au moment même où Justine se croit définitivement en sûreté et rétablie en ses droits, elle meurt par la foudre.

 Le style, l’histoire, les prises de positions de Sade peuvent sembler contradictoires.

On aime ou on n’aime pas.


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Publié par Elora

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