Samedi 5 juin 2010 à 7:00

http://www.images.hachette-livre.fr/media/imgArticle/LgfLivreDePoche/2008/9782253009634-G.jpg
(Le livre de poche, 2,30€, 255 pages)
ISBN 2-25-3009-63-6

On hésite à ouvrir ce recueil de nouvelles. « Maupassant… étudié à l’école… ennuyeux… » Tout collégien ou lycéen digne de ce nom l’a pensé un jour ou l’autre, que ce soit pour Maupassant ou pour un autre auteur. Et puis, on le trouve peu cher, on le prend et on trouve une lecture commune. « C’est l’occasion qui fait le larron », comme dirait l’autre.

Boule de Suif, première nouvelle du recueil est la plus longue mais pas forcément la meilleure bien qu’inévitable puisque c’est la plus connu de Maupassant. Cependant, On retrouve aisément la plume descriptive mais moins lourd que certains de ses confrères,  qu’on a pu apprécier dans Une vie.

On peut reprocher bien des choses à cette vingtaine de nouvelles… mais c’est aussi qui fait le charme du roman ! D’ailleurs le plus gros problème, ce sont les notes de bas de pages qui peuvent franchement gêner la lecture.

Le recueil traite beaucoup de faits militaires et de politique.

Tout au long du livre, on trouve des illustrations et des gravures extrêmement agréables à regarder et permettent à l’œil de se reposer sans pour autant avoir l’impression de retomber en enfance. Il faut avouer que si les livres étaient ainsi illustrés, la lecture serait d’autant plus encourageante.

La plus belle des nouvelles est celle nommée fort justement Le Bonheur puisque plus d’un siècle avant la naissance de la lectrice qui vous parle, Guy de Maupassant a déjà décrit une partie de ce qui fait son sourire. Rien que pour ces quelques pages trop peu nombreuses, il ne faut pas hésiter à se plonger dans le monde de cet auteur.


http://xxi.ac-reims.fr/clg-nassau/IMG/jpg/guy-de-maupassant.jpg

Guy de Maupassant, né Henry-René-Albert-Guy de Maupassant le 5 août 1850 au château de Miromesnil à Tourville-sur-Arques et mort le 6 juillet 1893 à Paris, est un écrivain français.

Lié à Gustave Flaubert et à Émile Zola, il a marqué la littérature française par ses six romans, dont Une Vie en 1883, Bel-Ami en 1885, Pierre et Jean en 1887-1888, mais surtout par ses nouvelles (plus de 300), parfois intitulées contes, comme Boule de Suif en 1880, les Contes de la bécasse en 1883 ou le Horla en 1887. Ces œuvres retiennent l’attention par leur force réaliste, la présence importante du fantastique et par le pessimisme qui s’en dégage le plus souvent mais aussi par la maîtrise stylistique. La carrière littéraire de Guy de Maupassant se limite à une décennie – de 1880 à 1890 – avant qu’il sombre peu à peu dans la folie et meure à quarante-deux ans. Reconnu de son vivant, Guy de Maupassant conserve un renom de premier plan, renouvelé encore par les nombreuses adaptations filmées de ses œuvres.


Autres critiques :
~ Une vie

Ils en parlent :
Setsuka, Alice


Lecture :
Avril 2010

 

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Publié par Elora

Lundi 15 mars 2010 à 11:12

http://multimedia.fnac.com/multimedia/images_produits/ZoomPE/0/4/2/9782253004240.jpg(Le Livre de Poche, 2,75€, 247 pages)
ISBN 2-253-00424-3
 
Une femme, convaincue que la vie est profondément belle, découvre les aspirations et les motivations intéressées de ceux par qui elle croyait être aimée.

Ah quel bijou de la littérature française. Quelle lecture merveilleuse et passionnante. On savoure ce classique comme on savoure le chocolat : doucement mais intensément.
Une vie ressemble à s’y méprendre à une étude des mœurs du XIXème siècle mais dans un langage étonnamment moderne et peu ennuyeux. On s’attache énormément aux personnages, particulièrement à la malheureuse Jeanne à qui on a envie de tendre une main sincère et aidante. A travers ce roman, on comprend mieux que par n’importe quelle étude, ce qu’était la condition de la femme au XIXème siècle, telle qu’elle avait été définie et limitée par le code civil : une mineure.
On aime l'écriture de Guy de Maupassant, riche, généreuse, intense et passionnée, entre réalisme et naturalisme. On aime sa manière de nous décrire les personnages et les lieux du récit. On aime sa manière si délicate de nous guider dans un moment merveilleux, de nous emporter ailleurs auprès d'une autre vie.
Les filles, n'hésitez pas à vous plonger dans ce roman.

http://etablissements.ac-amiens.fr/0800034c/disciplines/sitefcslat/IMAGESFRANC/Guy_de_Maupassant.jpg

Guy de Maupassant, né Henry-René-Albert-Guy de Maupassant le 5 août 1850 au château de Miromesnil à Tourville-sur-Arques et mort le 6 juillet 1893 à Paris, est un écrivain français.

Lié à Gustave Flaubert et à Émile Zola, il a marqué la littérature française par ses six romans, dont Une Vie en 1883, Bel-Ami en 1885, Pierre et Jean en 1887-1888, mais surtout par ses nouvelles (plus de 300), parfois intitulées contes, comme Boule de Suif en 1880, les Contes de la bécasse en 1883 ou le Horla en 1887. Ces œuvres retiennent l’attention par leur force réaliste, la présence importante du fantastique et par le pessimisme qui s’en dégage le plus souvent mais aussi par la maîtrise stylistique. La carrière littéraire de Guy de Maupassant se limite à une décennie – de 1880 à 1890 – avant qu’il sombre peu à peu dans la folie et meure à quarante-deux ans. Reconnu de son vivant, Guy de Maupassant conserve un renom de premier plan, renouvelé encore par les nombreuses adaptations filmées de ses œuvres.


Dans ma PAL/LAL : Boule de Suif, Bel-Ami

Ils en parlent :
MeL, d'autres ?

Lecture : Février 2010

Rendez-vous sur Hellocoton !

Publié par Elora

Mardi 23 février 2010 à 13:20

http://imados.fr/history/2/le-portrait-de-dorian-gray_couv.jpg(Folio Classique, 8,20€, 403 pages)
ISBN : 2-07-038485-3


- Ainsi tu crois qu'il y a seulement Dieu qui voit les âmes, Basil ? Ecarte le rideau et tu verras la mienne. Il avait, prononcé ces mots d'une voix dure et cruelle. - Tu es fou, Dorian, ou tu joues, murmura Hallward en fronçant les sourcils. - Tu ne veux pas ? Alors, je vais le faire moi-même, dit le jeune homme qui arracha le rideau de sa tringle et le jeta par terre. Une exclamation d'horreur s'échappa des lèvres du peintre lorsqu'il vit dans la faible lumière le visage hideux qui lui souriait sur la toile. Il y avait quelque chose dans son expression qui le remplit de dégoût et de répugnance. Grands dieux ! C'était le visage de Dorian Gray qu'il regardait ! L'horreur, quelle qu'elle fût, n'avait pas encore entièrement ravagé sa stupéfiante beauté. Il restait encore des reflets d'or dans la chevelure qui s'éclaircissait et un peu de rouge sur la bouche sensuelle. Les yeux bouffis avaient gardé quelque chose de la beauté de leur bleu. Le contour des narines et le modelé du cou n'avaient pas encore perdu complètement la noblesse de leurs courbes. C'était bien Dorian. Mais qui avait peint ce tableau ? Il lui semblait reconnaître son coup de pinceau. Quant au cadre, il était de lui. C'était une idée monstrueuse et pourtant il eut peur. Il prit la chandelle allumée et la tint devant le portrait, Son nom figurait dans le coin gauche, tracé en longues lettres d'un vermillon brillant.

Le portrait de Dorian Gray est une référence, certes. Cette œuvre est, sans presque aucun doute, une parfaite représentation de son époque et du mouvement romantique anglais. Le style, bien que pompeux, n’en est pas moins poétique. L’écriture est fine, on ne peut le nier. Cependant, les tournures de phrases sont, de temps à autre, difficiles à lire. Associées à certaines longueurs descriptives alors que le roman est relativement court, il peut être fort difficile de ne pas fermer le roman avant la fin du livre.  

Dommage puisque les thèmes abordés ne sont pas inintéressants : l’art, le phénomène des Pygmalions, la vieillesse…et l’homosexualité par de nombreux rappels à celle d’Oscar Wilde. L’hédonisme et l’élégance (des personnages comme de l’écrit) sont les principaux traits de l’histoire. Qui plus est, le lecteur ne pourra échapper à des monologues machistes,  suscitant presque, de nos jours,  l’incompréhension mais ceux-là sont sans aucun doute le reflet de la bourgeoisie anglaise de l’époque dont il nous arrive de se délecter, à certains paragraphes. On reconnait le talent de Wilde par ces passages où il semble disséquer l’âme de l’homme.  On ne peut nier un caractère philosophique, pour ainsi dire, à ce roman.

Malgré un certain nombre de points positifs, on finit par s’ennuyer à trop relire la même chose. Effectivement, un certain nombre de points ont la joie de se voir décrits en long, en large…et en travers !

Pour la culture de chacun, il est, néanmoins, intéressant de découvrir ce livre. Cependant, on ne peut le lire à n’importe quel moment… En effet, sa richesse, dans tous les sens du terme, est telle qu’il faut être prêt avant de se lancer dans  une pareille aventure.

CHALLENGE ABC

http://www.poetseers.org/the_great_poets/british_poets/oscar_wilde/oscar-wilde-pic.jpg

Oscar Wilde, de son nom complet Oscar Fingal O'Flahertie Wills Wilde, est un écrivain irlandais, né à Dublin en Irlande le 16 octobre 1854 au 21 Westland Row, et mort à Paris d'une méningite le 30 novembre 1900.


Ils en parlent : MeL Dame-Meli


Lecture : Février 2010

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Publié par Elora

Mardi 26 janvier 2010 à 13:39

http://a33.idata.over-blog.com/0/09/69/63/blog-2/lettre-d-une-inconnue.gif(Stock, 10,00€, 105 pages)
ISBN 978-2-234-06311-2

" C'est depuis cette seconde que je t'ai aimé. Je sais que les femmes t'ont souvent dit ce mot, à toi leur enfant gâté. Mais crois-moi, personne ne t'a aimé aussi fort - comme une esclave, comme un chien -, avec autant de dévouement que cet être que j'étais alors et que pour toi je suis restée. Rien sur la terre ne ressemble à l'amour inaperçu d'une enfant retirée dans l'ombre ; cet amour est si désintéressé, si humble, si soumis, si attentif et si passionné que jamais il ne pourra être égalé par l'amour, fait de désir ... , et, malgré tout, exigeant, d'une femme épanouie. "

Un amour total, passionnel, désintéressé, tapi dans l'ombre, n'attendant rien en retour que de pouvoir le confesser. Une blessure vive, la perte d'un enfant, symbole de cet amour que le temps n'a su effacer ni entamer. L'être aimé objet d'une admiration infinie mais lucide. Une déclaration fanatique, fiévreuse, pleine de tendresse et de folie. La voix d'une femme qui se meurt doucement, sans s'apitoyer sur elle-même, tout entière tournée vers celui qu'elle admire plus que tout. La voix d'une femme qui s'est donnée tout entière à un homme, qui jamais ne l'a reconnue.
Avec Lettre d'une inconnue, Stefan Zweig pousse plus loin encore l'analyse du sentiment amoureux et de ses ravages, en nous offrant un cri déchirant d'une profonde humanité. Ici nulle confusion des sentiments : la passion est absolue, sans concession, si pure qu'elle touche au sublime.

Une excellente nouvelle de Zweig, qui ravit le lecteur par son suspense et son originalité. Le récit présente différentes facettes tout en étant merveilleusement bien construit. D'un côté, on a l'amour obsessionnel d'une jeune femme, omniprésent et fort, et de l'autre, un auteur vivant de relations courtes et futiles. Mais l'auteur ne s'imagine pas que la jeune inconnue a pris part dans sa vie et en imprègne le quotidien. La fin est magnifique, tout comme les passages où les deux personnages sont confrontés l'un à l'autre.

Dans Lettre d’une inconnue, Stefan Zweig livre un magnifique exemple d’une passion dévorante et auto-destructrice. Un jeune homme reçoit une lettre d’une jeune femme où elle lui dévoile son amour viscérale pour lui depuis qu’elle a treize ans. Cette lettre, c’est une confession, un cri de désespoir pour se faire reconnaître: “je veux te révéler toute ma vie, cette vie qui véritablement n’a commencé que du jour où je t’ai connu. Auparavant, elle n’était que trouble et confusion, et mon souvenir ne s’y replongeait jamais;“.

Car cet homme, pour qui elle s’est sacrifiée toute sa vie, l’a rencontré trois fois, mais l’a prise pour trois personnes différentes et l’a oublié aussitôt chaque lendemain de leur nuit d’amour. Le fruit, de ce qu’elle pense être une histoire d’amour et qui s’avère être qu’une banale aventure pour lui, est un enfant. Elle n’a que lui à qui se raccrocher, et elle le fait éperdument, car c’est une partie de cet homme qu’elle a réussi à extirper.

Seulement, l’enfant tant chéri par sa mère en détresse est aujourd’hui mort. A bout, elle ne peut qu’avouer ce fardeau, cette obsession qui la consomme depuis son enfance.

Malgré cette histoire plus que tragique qui reprend vie au fil des pages, on espère, on veut croire que l’homme va la reconnaître. Le récit est éprouvant, haletant, on subit sans répit le fanatisme presque religieux de cette femme pour cet homme, dont seul la mort la délivrera.

Une nouvelle terriblement romantique, même si il est question de sacrifice, d’abandon de soi dans le seul but d’être au moins une seule fois dans les bras de l’être aimé.

A lire absolument !

http://ilyaunsiecle.blog.lemonde.fr/files/2008/11/zweig.1227591686.jpg

Stefan Zweig (28 novembre 1881 à Vienne en Autriche-Hongrie - 22 février 1942, à Petrópolis au Brésil) est un écrivain, dramaturge, journaliste et biographe autrichien.

La religion ne joua pas un rôle central dans son éducation.

En 1941, il s'établit au Brésil où, trop affecté de voir la Seconde Guerre mondiale détruire ses rêves d'humanisme et d'Europe pacifiée, il se suicida avec Lotte (Charlotte Elisabeth Altmann), sa seconde épouse.

Du même auteur :  ~La Confusion des sentiments, 1926

Lecture : Novembre 2009

 

Publié par Elora

Mercredi 20 janvier 2010 à 22:53

 

http://www.images-chapitre.com/ima0/original/197/475197_2778397.jpg(Le Livre de Poche, 5,00€, 378 pages)
ISBN : 978-225-3007-15-9

Rejetant la douce nature rousseauiste, Sade dévoile le mal qui est en nous et dans la vie. La vertueuse Justine fait la confidence de ses malheurs et demeure jusque dans les plus scabreux détails l'incarnation de la vertu. Apologie du crime, de la liberté des corps comme des esprits, de la cruauté 'extrême sensibilité des organes connue seulement des êtres délicats', l'oeuvre du marquis de Sade étonne ou scandalise. C'est aussi une œuvre d'une poésie délirante et pleine d’humour noir.

Depuis 1791, on a vu pire, non seulement dans à peu près tous les arts, mais aussi dans la vie réelle. Seconde "Justine" des trois versions que Sade a rédigées, celle-ci est à mi-chemin, comme on le dit dans la postface, entre le conte philosophique du 18e et le roman gothique du 19e. Les dialogues ou monologues philosophiques y tiennent encore tellement de place qu'un lecteur négligeant, en feuilletant un peu, ne pourrait tomber que sur ça et réclamer un peu plus d'action (comme l'avait satirisé Umberto Eco il y a plus de quarante ans)...

La pensée en tant que telle est un matérialisme poussé à son comble. Une fois établi qu'il n'y a plus ni Dieu ni Providence, toutes les morales se valent. Sauf qu'au lieu d'adhérer un relativisme éventuellement bienveillant, Sade se trouve un ersatz de transcendance dans ce qu'il appelle la Nature, qui dans le meilleur des cas est indifférente, dans le pire des cas mauvaise - en tout cas à l'opposé de ce qu'en a pu penser Rousseau. En se conformant à cette image de la Nature et notamment le règne animal, on peut bien entendu justifier n'importe quel vice. On s'aperçoit cependant assez rapidement que les arguments des vicieux sont des justifications a posteriori, qui naissent de l'expérience du mal et qui paraissent soit artificiels soit cyniques. Si les vicieux plaident tous pour une libération des tabous religieux ou sociaux, ils le font uniquement pour assouvir leurs besoins radicalement égoïstes. Comme tous les grands malades, il leur manque la moindre empathie pour leurs victimes, qui pourtant auraient elles aussi eu le droit au plaisir et à la libération des tabous. Sade préfigure ainsi les idéologies totalitaires et leurs pseudo-justifications basées sur des morales scientistes et autres darwinismes sociaux. Au mieux, ça nous amènera à Nietzsche et son concept de sur-homme.

Justine est pourtant un roman, pas un traité. Si on délaisse le répétitif, caractéristique de la pornographie, et si on se penche un peu sur le personnage de Justine, on s'étonne de sa candeur irréelle, voire onirique, cette manière - autre répétition! - de raconter constamment au premier venu l'intégrale de ses malheurs, cette façon qu'elle a de guérir rapidement des pires outrages - finalement: cette imperméabilité à toute expérience vécue.

Quant à l'humour noir de Sade, sa meilleure illustration en est la fin de l'histoire: au moment même où Justine se croit définitivement en sûreté et rétablie en ses droits, elle meurt par la foudre.

 Le style, l’histoire, les prises de positions de Sade peuvent sembler contradictoires.

On aime ou on n’aime pas.


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Publié par Elora

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