(Babel, 4,50€, 253 pages)
ISBN 978-27427-7190-5
Désirée se rend régulièrement sur la tombe de son mari, qui a eu le mauvais goût de mourir trop jeune. Bibliothécaire et citadine, elle vit dans un appartement tout blanc, très tendance, rempli de livres. Au cimetière, elle croise souvent le mec de la tombe d'à côté, dont l'apparence l'agace autant que le tape-à-l'œil de la stèle qu'il fleurit assidûment. Depuis le décès de sa mère, Benny vit seul à la ferme familiale avec ses vingt-quatre vaches laitières. Il s'en sort comme il peut, avec son bon sens paysan et une sacrée dose d'autodérision. Chaque fois qu'il la rencontre, il est exaspéré par sa voisine de cimetière, son bonnet de feutre et son petit carnet de poésie. Un jour pourtant, un sourire éclate simultanément sur leurs lèvres et ils en restent tous deux éblouis... C'est le début d'une passion dévorante. C'est avec un romantisme ébouriffant et un humour décapant que ce roman d'amour tendre et débridé pose la très sérieuse question du choc des cultures.
Autant le dire tout de suite, ce livre, au titre fort curieux, reconnaissons-le, est un petit bijou d’humour adressé à tous les types de lecteurs.
Cette rencontre atypique n’est pas de la grande littérature, certes. Il est vrai que le style, bien que vif et enlevé, et le vocabulaire sont parfois un peu trop familiers. De plus on trouve dans ce roman quelques procédés non seulement faciles mais répétitifs. De quoi énerver les personnes qui aiment les histoires qui avancent, les impatients, quoi ! Les mêmes moments racontés deux fois, même avec des visions différentes finissent par fatiguer. Mais il n’y a pas un mot de trop ni de description exagérée. La mayonnaise de la magie prend l’histoire nous permet de passer un moment très agréable grâce à ces situations provoquées par l’antagonisme des personnages.
Justement, parlons-en de ces personnages : la fille de la ville, bibliothécaire extrêmement cultivée contre l’agriculteur bourru au cœur caché sous d’épaisses couches de pulls et de soucis pour maintenir sa ferme sur les rails. Katarina Mazetti arrive à ne pas tomber dans la caricature tout en faisant des remarques bien vues. Chacun de ces deux personnages, aux noms affreux (Désirée et Benny), devient de plus en plus attachant au fur et à mesure des pages. Ces deux-là sont habités de sincérité et de réalisme. On comprend mieux les peurs, les « Pourquoi ? » et les « Comment ? » de ces deux types de personnes affrontant une attirance à « l’autre ». En jouant sur le choc culturel, les différences et en prenant nullement partie, l’auteur démontre avec une certaine finesse combien il peut être difficile d’appréhender la personne en face de soi. La psychologie des personnages est belle et bien présente mais d’une façon implicite.
Le dernier quart de ce roman de 253 pages (chez Babel) est un peu attendu et laisse une trop grande ouverture pour un second tome et, du coup, ne stimule pas vraiment l’imagination. Dommage. Le roman était pourtant bien parti et les petites « fautes de parcours » auraient pu être tout excusées…
Pauvre lecteur, qui que tu sois, ne te soucie point du titre de ce livre. Tu n’y trouveras ni détails morbides, ni grandes réflexions théologiques, simplement une histoire à l’eau de rose un peu plus poussée que les autres. Il s’agit tout bonnement d’une histoire légère sur les événements de la vie, le destin diront certains…
Ils en Parlent : Hécléa, Livresque, Nane