Mercredi 10 novembre 2010 à 12:23

http://www.decitre.fr/gi/22/9782709635622FS.gif

Auteur :
Françoise Kerymer
Date de parution :
2010
Editeur et collection :
JC Lattès
ISBN :
9782709635622

Nombre de pages :
402
Genre :
Contemporain / Drame

Avis :
L'ainée, Marie, la cinquantaine, est une parisienne embourgeoisée et libraire. La cadette, sculptrice passionnée, entière et bretonne, s'appelle Anne, Puis, vient Lise, le petit oiseau blessé et fragile que l'on a envie de protéger.
Trois sœurs. Trois caractères extrêmement différents. Trois vies. Trois personnages auxquels on s'attache. Un décès qui va les réunir contre leur gré.

Difficile d'en dire plus sans en dévoiler trop...

Parler d'héritage après un décès, découvrir chez le notaire un héritier inconnu, n'est-ce pas déjà vu ?
Certes, mais, ici, l'auteur s'en sort très bien. Tout le roman ne parle pas de ça, directement. Elle démontre, avec un certain brio, que la vie privée et professionnelle continue.

L'écriture est fluide et sans prétention. Françoise Kerymer a su choisir un vocabulaire et une syntaxe accessible à tous et qui ne plombe pas l'ambiance déjà lourde du roman.  L'auteur n'étouffe pas les lecteurs à travers de longs paragraphe descriptifs et offre un récit dynamique grâce, notamment, à de nombreux dialogues. On trouve un certain nombre de figures de style mais elles sont de celles que chacun peut facilement faire au quotidien :
・des ellipses grammaticales « mes vernies noires »
・des personnifications « les humeurs du large »

Au passage, le titre Il faut laisser les cactus dans le placard symbolise à merveille la phrase populaire disant qu'il ne faut pas remuer le couteau dans la plaie. Par ailleurs, ce titre va comme un  gant au roman.

Les premières choses que l'on remarque = beaucoup de non-dits entre les soeurs ainsi que le ton et les mots qu'elles utilisent pour parler de chacune. Les relations fraternelles ne sont, pour ainsi dire, pas de tout repos. Malgré tout, on ressent de l'attachement. Le problème, comme souvent, ce sont les mots. On aime être intégré aux pensées de chacune. Françoise Kerymer ne laisse aucune des trois sur le bas-côté, au moins du point de vue de l'histoire et de ses bouleversements.

Dans l'ensemble, l'histoire est bien menée même si ces trois femmes qui  titillent énormément la curiosité prennent le pas sur le fond : la recherche de la véritable identité du père.

Il semble difficile d'envisager une adaptation cinématographique. En effet, comment  retranscrire correctement l'ambiance, les oppositions entre les trois soeurs et leurs pensées respectives ? A titre de comparaison, cela risquerait de reproduire les mêmes erreurs que pour l'Elégance du Hérisson ( titre du film = Le Hérisson).


En quelques mots, Françoise Kerymer nous offre un premier roman bien ficelé, très agréable à lire et qui occupera à merveilles un Dimanche d'hiver.

Je remercie
Livraddict et les Editions JC Lattès pour ce partenariat

Ils en parlent : Ikebukuro, Erato, d'autres ?
Lecture : Octobre 2010

 

Publié par Elora

Lundi 8 novembre 2010 à 16:37


http://poesie.evous.fr/IMG/jpg/centaure.jpg
Auteur :
Valéry Meynadier
Date de parution :
2010
Editeur et collection :
Chèvre Feuille Etoilée


Nombre de pages :
175
Nombre de chapitres :
37
Genre :
Contemporain / Drame

Avis :
 Anne-Marie est une femme blessée au plus profond d'elle-même. Elle essaie tant bien que mal de se reconstruire malgré le mur d'incompréhension qui se dresse face à elle et ce qu'elle a vécu. Elle s'invente Centaure, ce personnage fictif qui l'aide à se raisonner et à se reconstruire.

Evidemment, traiter du viol et de la prostitution du point de vue d'une femme les ayant vécus, c'est courageux. Evidemment, la banalisation, incarnée par le frère d'Anne-Marie, de ce genre d'actes est douloureux pour les femmes.  Reconnaissons au moins cela à ce livre.

Que dire du style ? Dans l'ensemble, la narration est bien confuse. Nous trouvons trop peu de marques temporelles. Les changements de narrateurs sont extrêmement difficiles à suivre. A tel point que dans certains chapitres, savoir qui est le narrateur (enfin, on sait qu'il s'agit très souvent d'une narratrice...) relève d'un défi périlleux. Comme quoi, même dans un livre de 175 pages, il est facile de perdre le lecteur... Et c'est dommage ! De plus, le résumé de la quatrième de couverture indique un "roman-document"... Il est vrai que le début de l'histoire d'Anne-Marie ressemble fort à une simple description objective où l'écriture est finalement trop neutre. On ne ressent aucune implication de la narratrice alors qu'elle est censée avoir vécu ce viol ! Finalement, le vocabulaire tend peu à peu vers une trop grande vulgarité tout aussi désagréable si ce n'est plus. Vouloir plonger le lecteur dans une ambiance triste, violente, glauque...oui et c'était même ce qu'il fallait faire mais c'est aussi bien de savoir le faire sans tomber dans les clichés bien trop classiques. Certains liens auraient dû se faire d'eux-même.

Dans ce roman, s'attacher aux protagonistes est loin d'être aisé car ils semblent tous très superficiels. Valéry Meynadier n'use d'aucune psychologie. S'ajoute à cela le fait que l'on finit par ne plus savoir si ce qui est écrit est réel ou imaginé...

Pourtant, le travail de l'auteur n'est pas à remettre en cause. On sent qu'elle s'est documentée et c'est tout à son honneur. Valéry Meynadier a eu visiblement du mal à se détacher de ses recherches et a laissé transparaitre sa sensibilité de femme. La tentative reste intéressante.

Une fois de plus, je remercie BOB. Je remercie également les éditions Chèvre Feuille Etoilée.

Qui en parle ?

Lecture :
Octobre 2010

PS : Je n'ai aucune problème avec BOB (cf ces 2 dernières chroniques), il s'agit simplement de mauvais choix de ma part. J'ai cru que je trouverais une chose derrière un résumé, j'ai fait une erreur.

Publié par Elora

Jeudi 15 avril 2010 à 18:03

 

http://www.renaud-bray.com/ImagesEditeurs/PG/26/26344-gf.jpg(Babel [Actes Sud], 8,50€, 336 pages)
ISBN 2-7427-2770-1

"Ch. b. à tt f. pour petit ménage, logée, sach. cuisiner." Saffie a vingt ans. Elle est allemande. À peine arrivée à Paris, elle répond à l'annonce du jeune musicien, Raphaël. Celui-là même qui lui ouvre la porte et qui reste médusé devant ces yeux de silence et cette présence-absence de la jeune femme. Amoureux, oui, déjà. Il lui propose le mariage quelques semaines plus tard. Elle accepte comme elle le fait de tout le reste : passivement. Son mutisme sec, pierreux, ne s'ébranle pas même à la naissance de leur fils. Il faut attendre LA rencontre, avec András, le luthier. Lui sait dialoguer avec le silence. En elle alors tombe la peur, comme une pluie ; se lève l'amour, comme le soleil... et fond le secret.
 
Ce livre est difficile à considérer, à apprécier ou, au contraire, à ne pas aimer.
 
Tout est très voire trop simple : le style, le vocabulaire et la construction du roman. La plume de Nancy Huston dont le plat n’a aucun égal à la connaissance de la lectrice qui vous parle. Cependant, en cherchant bien, quelque chose d’un minimum positif peut se dégager : les problèmes de prononciation que peuvent posséder les étrangers (mot qui en devient un autre, jeu de mot…) prêtent à sourire et sont plutôt bien trouvés.
Par ailleurs, l’histoire se mêle plutôt bien à l’Histoire et à ses conséquences. Hélas, cela se fait au travers de nombreuses banalités qui font que l’œuvre se lit avec une terrible sensation de « déjà-vu »…
La seconde guerre mondiale, la guerre d’Algérie, leurs conséquences et autres sujets vaguement esquissés vus par une Canadienne, auraient pu donner une œuvre passionnante et marquante.
En refermant ce livre, on peut poser deux idées :
 - l’auteur n’a pas assez approfondi le sujet, n’avait pas assez de cartes entre les mains
-Nancy Huston n’a pas osé se mouiller en prenant position, en inventant une histoire plus consistante…
Les premières pages intriguent et laissent à penser quelque chose de surprenant…qui n’arrive jamais. L’épilogue reste à noter car c’est à ce stade que l’on éprouve un réel sentiment voire un profond attachement pour le flûtiste. Mais il est trop tard… Les personnages (enfin, l’auteur…) n’auraient pas dû attendre de vieillir pour se laisser apprécier. Un bon livre ne se construit pas comme un bon vin.

http://media.voir.ca/pictures/44/44446_5.jpg
Nancy Huston, née le 16 septembre 1953 à Calgary en Alberta au Canada, est une écrivaine canadienne, d'expression anglaise et française, vivant à Paris en France depuis les années 1970.

Dans ma LAL : ~Lignes de faille

Ils en parlent :
Cachou, Chaplum, Anna Blume, d'autres ?

Lecture : Mars 2010

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Publié par Elora

Vendredi 2 avril 2010 à 18:57


http://www.decitre.fr/gi/70/9782290337370FS.gif(Librio, 2€, 128 pages)
ISBN 2-277-30047-0


On fait sa vie.
II faut vouloir sa vie. La volonté d'aimer, de vivre est un arbre naturel... " Pour Hassan, enfant beau et vigoureux il y a peu, aujourd'hui ratatiné comme un pruneau sec et bleu, la vie est un combat depuis que le choléra a posé sur lui son masque cruel. Dans cette course contre la mort, Saddika est là, grand-mère attentive, qui fait un barrage. Contre ceux qui l'épient, qui se méfient, qui veulent lui prendre l'enfant par peur de la contagion.
Mais la vieille le sait. S'ils l'emportent, elle ne le reverra jamais. Alors il faut tenir. Jusqu'au sixième jour ! Le sixième jour, ou bien on meurt, ou bien on ressuscite...

L’Afrique n’est pas que la guerre. L’Afrique n’est pas que la pauvreté et la volonté d’émigrer. C’est aussi l’amour, la vie, l’espoir et le malheur.
L’Egypte, derrière ses gigantesques pyramides à l’histoire passionnante et méconnue, cache bien des choses comme cette épidémie de 1948. Le choléra sur lequel il existe de nombreuses légendes comme celle du sixième jour.
Dans ce petit village, près du Caire, on n’hésite pas à dénoncer les malades. Pourquoi faire ? Gagner un peu d’argent, pardi ! Mais ceux qui partent malades ne reviennent jamais. Sont-ils tués ? Meurent-ils tous ? On l’ignore, en apparence, mais, au fond, on sait comme tout le monde au village. 
Ce roman de 128 pages ne se lit pas avec un plaisir particulièrement grandissant mais, avec du recul, il n’est pas difficile de le valoriser un peu plus. D’abord, parce que l’auteur, Andrée Chedid, se contente de l’essentiel sans pour autant nous cacher certaines choses rarement dites. Elle en dit juste assez pour stimuler quelques neurones. Pourquoi la mère d’Hassan est-elle morte ? On le devine mais nos idées ne sont ni confirmer ni infirmer. Et puis, tous les personnages rencontrés sont atypiques. D’ailleurs, Mango, le singe et son dresseur ne seront pas sans nous faire penser aux deux compagnons de Sans Famille. On se demande comment les rapports entre les personnages en sont arrivés là. Comment se sont-ils connus ? Et tant d’autres questions dont les réponses ne sont qu’hypothèses que l’on dessine sans trop d’efforts. Ce n’est pas un polar.
 
Et, dans tout cela, résonne une simplicité qui fait du bien, l’envie de vivre malgré les échecs, malgré les erreurs, malgré les clans, malgré tout. Andrée Chedid n’offre au lecteur rien d’autre qu’une leçon de vie. Dans les pays pauvres, la solidarité entre les individus qui n’ont pas encore cédé à l’individualisme est plus forte que nulle part ailleurs !

http://www.mediakronik.com/musique/images/M/Mathieu_Chedid_et_Andree_Chedid.jpg

Andrée Chedid (née au Caire le 20 mars 1920) est une femme de lettres et poétesse française d'origine libanaise chrétienne. Elle est la mère du chanteur Louis Chedid et de Michèle Chedid-Koltz, peintre, et la grand-mère du chanteur Matthieu Chedid.

Elle fait ses études dans des écoles françaises, puis elle intègre l'Université américaine du Caire. Elle apprend l'anglais et perfectionne son français. Elle rêve d'être danseuse. Elle se marie avec un médecin à 22 ans. En 1942, elle part vivre au Liban avec son mari. C'est en 1946 qu'elle s'installe définitivement à Paris, où elle commence à publier ses recueils de poésie.

Ils en parlent :
Calypso

Lecture : Mars 2010

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Publié par Elora

Mercredi 24 mars 2010 à 16:29

http://media.paperblog.fr/i/153/1530870/vais-ne-ten-fais-pas-L-1.jpeg(Pocket, 4,30€, 155 pages)
ISBN 2-266-10569-8

Une autre lettre de Loïc. Elles sont rares. Quelques phrases griffonnées sur un papier. Il va bien. Il n'a pas pardonné. Il ne rentrera pas. Il l'aime. Rien d'autre. Rien sur son départ précipité. Deux ans déjà qu'il est parti. Peu après que Claire a obtenu son bac. A son retour de vacances, il n'était plus là. Son frère avait disparu, sans raison. Sans un mot d'explication. Claire croit du bout des lèvres à une dispute entre Loïc et son père. Demain, elle quittera
son poste de caissière au supermarché et se rendra à Portbail. C'est de là-bas que la lettre a été postée. Claire dispose d'une semaine de congé pour retrouver Loïc. Lui parler. Comprendre.

Ce livre, qu’en dire ? Peu de choses comme ce qu’il contient. Il ressemble à une ébauche de scénario. Les personnages sont plantés là et mis à part le quatuor familial - Loïc, Claire et leurs parents – on ne nous donne quasiment aucune piste quant à leur rencontre, quant à leur avenir amical ou amoureux. Associé à un cadre d’action franchement plat, cela donne quelques pages avec un intérêt très limité comme celui que Claire porte à elle-même alors qu’elle élève son frère au rang de Dieu.
On suit Claire à la recherche de Loïc, disparu mystérieusement, et d’elle-même, durant 156 pages au contenu linéaire, malgré les quatre parties. Et on devine ce qu’il est devenu à ce jeune homme, visiblement bien avant sa sœur.
Quand on referme ce livre, on se dit qu’on aurait pu être ému. Il n’en est rien : sentiments à peine effleurés, évènements à peine suggérés, personnages sans intérêt, aucun rebondissements et un style très épuré, extrêmement simpliste.
C’est à se demander si ce n’est pas un brouillon qui a été publié et on regrette car ce roman aurait pu être inoubliable, marquant. Ce roman aurait pu être de ces chefs d’œuvre qui marquent au moins une décennie.
Mais cela ne doit empêcher personne de regarder le film où les excellents acteurs donnent de l’épaisseur et du caractère aux personnages, où l’on a de vraies relations (plus ou moins suggérés) entre les dits personnages. La performance de Kad Merad, dans l’un de ses premiers rôles dramatiques, est à noter tout comme la performance de Mélanie Laurent.

Pour une fois, on préfèrera se pencher plutôt sur l’adaptation cinématographique que sur le livre d’origine.

http://a34.idata.over-blog.com/0/36/99/09/371actupapier2_olivier-adam.jpg
Olivier Adam est un écrivain français né le 12 juillet 1974 à Draveil. Il a grandi en région parisienne et vit maintenant en Bretagne. Il a participé à la création du festival littéraire les correspondances de Manosque. Il est actuellement édité par les Éditions de l'Olivier et aux éditions L'École des loisirs pour ses œuvres pour la jeunesse.

Dans ma LAL :
A L'Abri de rien, Des Vents contraires
Dans ma PAL : Falaise

Ils en parlent : Carol[ine], Liyah


Lecture : Mars 2010
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Publié par Elora

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