Jeudi 23 juillet 2009 à 11:06

http://www.renaud-bray.com/ImagesEditeurs/PG/568/568303-gf.jpg(Le Livre de poche, 5,50€, 252 pages)
ISBN : 2-253-10958-4


L'Auteur : Eric-Emmanuel Schmitt, né en 1960   Son Site


Un jeune homme, au-dessus de la falaise de Palomba Sol, est en train de manquer son énième suicide. S' il le rate cette fois, c'est à cause d'un intrus qui l'invite à le suivre, Zeus-Peter Lama. Ne pas connaître Zeus-Peter Lama, c'est avoir " de l'avoine à la place du cerveau ! " Il est l'artiste mondialement connu qui fait fureur dans le monde des arts et qui sait faire le bruit qu'il faut pour que la fureur s'en suive. Il emmène notre faux suicidé à l'Ombrilic, sa demeure, et lui propose un pacte méphistophélique : lui faire don de sa personne afin que Zeus le transforme en œuvre d'art vivante. Le don concerne le corps du jeune homme car, pour ce qui est de l'âme, on en est plus au temps de Faust !
A coups de scalpel il le métamorphosera en beau monstre, sexuellement performant, qui fera se pâmer les oies blanches des expositions mondaines. Rebaptisé Adam bis, le garçon connaît la célébrité, vaut de l'or et pense avoir tout gagné jusqu'à ce qu'il découvre qu'il a perdu sa liberté…

Le début du livre se demande où l’on va aller dans l’histoire : « J’ai toujours raté mes suicides ». Voilà qui n’est pas une chose commune ! N’allez pas croire que ce livre est macabre, loin de là, puisqu’il y a beaucoup d’humour. Mais c’est vrai qu’il est pour le moins surprenant de se faire sculpter le corps pour devenir une œuvre d’art vivante !! Connu dans le monde entier, il réalisera par la suite qu’il a perdu sa totale liberté et ne pourra rejoindre la femme qui l’aime vraiment…

Ce roman d'Eric-Emmanuel Schmitt est plutôt fascinant, surprenant, un peu macabre. Le personnage de Zeus-Peter Lama (!) peut faire penser à Prétextat Tach de Nothomb dans Hygiène de l'assassin, homme peu scrupuleux, manipulateur.

Lorsque j'étais une oeuvre d'art aborde de façon originale le culte de la beauté, ses conséquences et le besoin de reconnaissance de l'homme. Une jolie fable avec une critique assez acerbe de l'art contemporain ! Qui sait jusqu'où certains "artistes" peuvent aller, au nom de leur art... ? E-E Schmitt aurait pu pousser sa réflexion un peu plus loin, il ouvre beaucoup de questions sans les traiter vraiment.

Lecture : Juillet 2009

Mercredi 15 juillet 2009 à 23:38

http://www.ac-grenoble.fr/webcurie/pedagogie/lettres/prix_litteraire/images/balzac.jpg(Folio, 6,10€, 228 pages)
ISBN : 978-2-07-035964-6


L'auteur :  Dai Sijie, né dans une petite province chinoise, en 1954. Biographie

En 1971, comme des millions d'autres jeunes citadins chinois, le narrateur et son ami Luo sont envoyés sur une haute montagne isolée voisine du Tibet, où ils seront "éduqués" par les paysans. Les adolescents ont trois chances sur mille de revenir un jour dans leur ville natale. Dans le village voisin, un autre jeune de la ville cache scrupuleusement une valise remplie de livres interdits : Balzac, Flaubert, Hugo, Kipling, Emily Brontë, Rousseau, Dostoïevski... Grâce à ces trésors, la ravissante petite tailleuse, jeune fille convoitée par tous, ne sera plus jamais la même. Écrit avec un accent de vérité confondant, un roman fort qui, tout en nous plongeant dans la Chine communiste, raconte une belle histoire d'amitié et d'amour, auréolée de la magie de la littérature.

 

Cest sur une toile de fond un peu trop tragique que prennent place les protagonistes. Les deux jeunes Luo et Ma, considérés comme des intellectuels risquant de dévoyer, sont envoyés dans un village aux confins du Tibet, dans la vallée de Phoenix. En effet, Mao et ses idéologues préconisent la rééducation des intellectuels au contact de la nature et des paysans. Toute littérature étrangère est interdite et celui qui est surpris en possession dun livre non-autorisé par le gouvernement subira les peines les plus dures. Ils seront coupés de tout, voués aux tâches les plus difficiles et auront des conditions de vie plus pénibles que les autres villageois. Les deux jeunes garçons contourneront linterdit et feront partager leur amour de la littérature étrangère - notamment des grands classiques français (d'où Balzac) et russes dont ils ont tous les deux le goût - à la fille du tailleur de la vallée dont ils sont épris, la petite tailleuse.

Balzac et la Petite Tailleuse chinoise est un roman qui pêche par sa naïveté et ses bons sentiments quelque peu exagérés. Néanmoins, il demeure un témoignage important sur cet épisode de lhistoire de la Chine maoïste évoquée avec plus ou moins de justesse. En effet, si la Révolution culturelle donna à la Chine une audience internationale exceptionnelle, ce nouvel épisode de lhistoire chinoise se traduisit par un immense désastre pour les Chinois : les écoles et les universités furent longuement fermées, privant le régime de futurs cadres compétents. Cet épisode consomma la rupture entre le Parti et les intellectuels et conduisit à un nouveau recul de la production. Le roman de Dai Sijie, sil demeure une fiction, nen demeure pas moins un témoignage réaliste concernant cette sombre période de lhistoire. Mais il constitue également un témoignage précieux sur la puissance de la littérature sans laquelle nos deux jeunes héros ne conçoivent pas de vivre pleinement.

Lecture : Février 2009

Publié par Elora

balzac, chine, révolution, mao, critique, culture

Lundi 6 juillet 2009 à 12:09

http://www.decitre.fr/gi/62/9782864246862FS.gif(Métailié, 17€, 158 pages)
ISBN 978-2-86424-686-2


L'Auteur : Alberto Torres Blandina, né à Valence, en 1975.
Biographie

Dans un aéroport, un balayeur affable et disert bavarde avec les passagers en attente, devine leur destination, leur donne des conseils, raconte des histoires passionnantes sur ses voisins, flirte avec la vendeuse de journaux. Il propose même à ses interlocuteurs en partance pour Tokyo une théorie originale : « Le Japon n’est qu’une façade. Une opération marketing comme une autre. On l’a inventé pour vendre de la technologie et ça a marché. Made in Japan est aujourd’hui le meilleur label pour vendre une voiture ou un téléviseur. »
D’histoire en histoire cet étrange balayeur nous entraîne avec humour et bonheur jusqu’au revirement final imprévu mais logique.
Le premier roman d’un jeune homme prometteur.
Ce livre a reçu le Prix Las Dos Orillas qui consiste dans la publication simultanée en Italie, Grèce, Espagne, Portugal et France.

Alberto TORRES BLANDINA vit à Valence (Espagne). Il est musicien, chanteur-compositeur et enseigne la langue et la littérature espagnoles.

On n’imagine pas d’endroit plus déshumanisé, plus froid et impersonnel qu’un aéroport. Les gens nagent dans la solitude de la multitude, vont et viennent, ne s’observent bien souvent même pas.

C’est dans ce décor qu’est planté Salvador Fuensanta, balayeur de fonction mais conteur admirable. Voyageurs esseulés, partant en quête d’élévation spirituelle, d’évasion, d’amour ou pour le travail : cet homme est pour vous.

Pour chaque rencontre, il a une histoire, une anecdote, où l’on sent que le réel et l’imaginaire s’entrecroisent, grandissant toujours un peu plus et main dans la main.  

Chaleureux, espiègle et bavard, cultivé tout en restant crédible, Salvador charme quiconque prend le temps de l’écouter, devient une mascotte pour le voyageur et… pour le lecteur. Peu importe ce que ce Salvador nous raconte, il nous séduit

Dans un ton ironique et malicieux, racontant ses histoires dans l’histoire, il parvient à nous faire oublier qu’il y a un narrateur et nous emporte dans chaque épisode sans qu’on ne tique sur la structure du récit. Et c’est très habile.
La fin, plus audacieuse, ne gâche rien et évite judicieusement une chute des plus banales.

Lecture : Juillet 2009

Jeudi 2 juillet 2009 à 19:09

http://www.alaure.net/wp-content/uploads/lectures/les-hirondelles-de-kaboul.jpg

 

(Pocket, 5,50€, 147 pages)
ISBN : 2-266-13475-2

L'Auteur : Yasmina Khadra Son Site

« Dans les ruines brûlantes de la cité millénaire de Kaboul, la mort rôde, un turban noir autour du crâne. Ici, une lapidation de femmes, là un stade rempli pour des exécutions publiques. Les Talibans veillent. La joie et le rire sont devenus suspects. Atiq, le courageux moudjahid reconvertie en geôlier, traîne sa peine. Toute fierté la quitté. Le goût de vivre a également abandonné Mohsein, qui rêvait de modernité. Son épouse Zunaira, avocate plus belle que le ciel, est désormais condamnée à lobscurité grillagée du tchadri. Alors Kaboul, que la folie guette, na plus dautres histoires à offrir que des tragédies. Quel espoir est-il permis ? Le printemps des hirondelles semble bien loin encore »

 

Des hirondelles à Kaboul ? Le titre est un peu maladroit surtout lorsquon connait le contenu du livre. Yasmina Khadra nous offre une œuvre simple, poétique et assez réaliste. On se prend en pleine face les scènes, intenses et très bien décrites, des exécutions publiques, surtout féminines. Malgré tout, certains sujets semblent très tabous car ils sont à peine survolés voire à peine suggérés. Cette critique de la dictature des Talibans sur le pays Afghan, à travers sa capitale, est intéressante, particulièrement lorsquelle concerne le manque de considération des femmes, mais elle manque parfois de profondeur et de réflexion.  

Les personnages, quant à eux, sont assez prévisibles On sattend à voir, au moins, une accusation fausse, une histoire damour impossible, une lapidationet tout cela nous est offert sur un plateau dargent à nous autres, petits occidentaux. Evidemment, certains événements sont des réalitésMais, ils arrivent « trop » simplement. On ne sait pas ce quil se passe entre laction ayant provoqué la condamnation et cette dernière. Comment se passent les jugements, si on peut appeler cela comme ceci ? Et létat desprit des condamnés ? 

Un cri contre lobscurantisme mais qui nest pas, hélas, déchirant. 

En conclusion, Yasmina Khadra est un des grands auteurs de sa génération et des pays orientaux mais son livre. Mais  Les hirondelles de Kaboul, nest pas incontournable.

Lecture : Mai 2009

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