Dimanche 2 août 2009 à 15:45

http://resumes.r.e.pic.centerblog.net/oo7syhdy.jpg(Gallimard, 20€, 359 pages)
ISBN 2-07-078093-7


L'Auteur : Muriel Barbery, née en 1969 Wikipédia

'Je m'appelle Renée,j'ai 54 ans et je suis la concierge du 7 rue de Grenelle, un immeuble bourgeois. Je suis veuve, petite, laide, grassouillette,j'ai des oignons aux pieds et, à en croire certains matins auto-incommodants, une haleine de mammouth. Mais surtout, je suis si conforme à l'image que l'on se fait des concierges qu'il ne viendrait à l'idée de personne que je suis plus lettrée que tous ces riches suffisants.'

'Je m'appelle Paloma, j'ai douze ans,j'habite au 7 rue de Grenelle dans un appartement de riches. Mais depuis très longtemps, je sais que la destination finale, c'est le bocal à poissons, la vacuité et l'ineptie de l'existence adulte. Comment est-ce que je le sais ? Il se trouve que je suis très intelligente. Exceptionnellement intelligente, même. C'est pour ça que j'ai pris ma décision : à la fin de cette année scolaire, le jour de mes treize ans, je me suiciderai.'

 

Et bien, un excellent conseil d’un professeur de littérature. Ce livre est cruel, cynique, drôle, intelligent. On sourit, on en a gros sur le cœur, on réfléchit, on aime...Ou pas. On lira dans certaines critiques qu'il se déroule avec une écriture du Dimanche... Ce n'est pas faux car certains mots ou expression frôlent la vulgarité. En revanche, d'autres peuvent sembler pédants. Mais, au delà de cela, se dessine une histoire gentillette, une agréable (et surprenante) rencontre entre deux personnages paraissant antinomiques : Renée, l'autodidacte qui se cache derrière ce que l'on attend d'elle en tant que concierge, et Paloma, jeune fille bourgeoise et emprisonnée dans ce monde. On ne se reconnait qu’assez difficilement dans l’un ou l’autre des personnages mais on ne peut s’empêcher, parfois, de prendre parti. 

L'auteur nous fait partager avec habilité et en petites doses son intérêt pour le Japon. Cela nous évite un livre trop... « franco-français » et encore plus parisien.

 Le principal point fort est certainement l'alternance entre les plaisirs (et les douleurs) simples de la vie quotidienne et les digressions philosophiques...qui sont absolument fascinantes et accessibles.  

Ce livre s’approche de l’éloge de la différence et, également, de la critique des aprioris.

Cependant, les références plutôt élitiste que Muriel Barbery distille tout au long du livre peut appuyer sur la (douloureuse ?) inculture de pas mal de monde....


Lecture : Juin 2009

Mercredi 15 juillet 2009 à 23:38

http://www.ac-grenoble.fr/webcurie/pedagogie/lettres/prix_litteraire/images/balzac.jpg(Folio, 6,10€, 228 pages)
ISBN : 978-2-07-035964-6


L'auteur :  Dai Sijie, né dans une petite province chinoise, en 1954. Biographie

En 1971, comme des millions d'autres jeunes citadins chinois, le narrateur et son ami Luo sont envoyés sur une haute montagne isolée voisine du Tibet, où ils seront "éduqués" par les paysans. Les adolescents ont trois chances sur mille de revenir un jour dans leur ville natale. Dans le village voisin, un autre jeune de la ville cache scrupuleusement une valise remplie de livres interdits : Balzac, Flaubert, Hugo, Kipling, Emily Brontë, Rousseau, Dostoïevski... Grâce à ces trésors, la ravissante petite tailleuse, jeune fille convoitée par tous, ne sera plus jamais la même. Écrit avec un accent de vérité confondant, un roman fort qui, tout en nous plongeant dans la Chine communiste, raconte une belle histoire d'amitié et d'amour, auréolée de la magie de la littérature.

 

Cest sur une toile de fond un peu trop tragique que prennent place les protagonistes. Les deux jeunes Luo et Ma, considérés comme des intellectuels risquant de dévoyer, sont envoyés dans un village aux confins du Tibet, dans la vallée de Phoenix. En effet, Mao et ses idéologues préconisent la rééducation des intellectuels au contact de la nature et des paysans. Toute littérature étrangère est interdite et celui qui est surpris en possession dun livre non-autorisé par le gouvernement subira les peines les plus dures. Ils seront coupés de tout, voués aux tâches les plus difficiles et auront des conditions de vie plus pénibles que les autres villageois. Les deux jeunes garçons contourneront linterdit et feront partager leur amour de la littérature étrangère - notamment des grands classiques français (d'où Balzac) et russes dont ils ont tous les deux le goût - à la fille du tailleur de la vallée dont ils sont épris, la petite tailleuse.

Balzac et la Petite Tailleuse chinoise est un roman qui pêche par sa naïveté et ses bons sentiments quelque peu exagérés. Néanmoins, il demeure un témoignage important sur cet épisode de lhistoire de la Chine maoïste évoquée avec plus ou moins de justesse. En effet, si la Révolution culturelle donna à la Chine une audience internationale exceptionnelle, ce nouvel épisode de lhistoire chinoise se traduisit par un immense désastre pour les Chinois : les écoles et les universités furent longuement fermées, privant le régime de futurs cadres compétents. Cet épisode consomma la rupture entre le Parti et les intellectuels et conduisit à un nouveau recul de la production. Le roman de Dai Sijie, sil demeure une fiction, nen demeure pas moins un témoignage réaliste concernant cette sombre période de lhistoire. Mais il constitue également un témoignage précieux sur la puissance de la littérature sans laquelle nos deux jeunes héros ne conçoivent pas de vivre pleinement.

Lecture : Février 2009

Publié par Elora

balzac, chine, révolution, mao, critique, culture

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