Lundi 31 août 2009 à 13:08

http://image.evene.fr/img/livres/g/2070369609.jpg(Folio, 6,10€, 252 pages)
ISBN : 2-07-036960-9


«  La femme rompue est la victime stupéfaite de la vie qu’elle s’est choisie : une dépendance conjugale qui la laisse dépouillée de tout… » ( Simone De Beauvoir)

- Dis-moi pourquoi tu rentres si tard. Il n'a rien répondu. - Vous avez bu ? Joué au poker ? Vous êtes sortis ? Tu as oublié l'heure ? Il continuait à se taire, avec une espèce d'insistance, en faisant tourner son verre entre ses doigts. J'ai jeté par hasard des mots absurdes pour le faire sortir de ses gonds et lui arracher une explication : - Qu'est-ce qui se passe ? Il y a une femme dans ta vie ? Sans me quitter des yeux, il a dit : - Oui, Monique, il y a une femme dans ma vie. »

Ce recueil est composée de 3 nouvelles : « L’âge de discrétion », « Monologue » et « La femme rompue ».

La première raconte les difficultés d’une Parisienne, professeur de littérature, à l’aube de ses 60 ans et de sa retraite.

Le «  Monologue » est celui d’une autre Parisienne. Elle est seule. Sa fille s’est suicidée et son fils ne vient plus. Elle souffre et voudrait qu’on la console.  

« La Femme Rompue » a 44 ans et souffre de l’infidélité de son mari. Elle est dans une voie sans issue et voit son avenir avec peur. 

 


Trois nouvelles qui concernent des femmes, rompues, exaspérées, en crise, confrontées à des situations pénibles ou désespérantes. On n’est pas ici dans le meilleur des mondes ! Ne pas s’attendre à sortir indemne et guilleret de cette lecture ! Simone de Beauvoir fait ici étalage de toute sa sensibilité à percevoir, disséquer et exposer les ressorts de la psychologie humaine, de femmes ici en l’occurrence, et dans des situations limites ou pour le moins perturbées.

Haaaaa ! Les affres de l’humanité, c’est vrai que l’on pourrait en écrire des pages et des pages avec plus ou moins de talent. Ici, on ne pourrait dire si c’est le plus ou le moins. Cependant, les mots de Simone de Beauvoir semblent justes mais pas forcément touchants.

Ce recueil est loin d’être évident à lire…Il est fortement déconseillé à ceux qui aiment être portés par leurs lectures. D’ailleurs, ce n’est pas les seuls à qui on pourrait le déconseiller : les gens fragiles, les petits lecteurs, les vieux, les divorcés…Enfin, beaucoup de monde.

Lecture : Février 2008



Publié par Elora

femme, rompue, france, beauvoir, philosophie

Dimanche 2 août 2009 à 15:45

http://resumes.r.e.pic.centerblog.net/oo7syhdy.jpg(Gallimard, 20€, 359 pages)
ISBN 2-07-078093-7


L'Auteur : Muriel Barbery, née en 1969 Wikipédia

'Je m'appelle Renée,j'ai 54 ans et je suis la concierge du 7 rue de Grenelle, un immeuble bourgeois. Je suis veuve, petite, laide, grassouillette,j'ai des oignons aux pieds et, à en croire certains matins auto-incommodants, une haleine de mammouth. Mais surtout, je suis si conforme à l'image que l'on se fait des concierges qu'il ne viendrait à l'idée de personne que je suis plus lettrée que tous ces riches suffisants.'

'Je m'appelle Paloma, j'ai douze ans,j'habite au 7 rue de Grenelle dans un appartement de riches. Mais depuis très longtemps, je sais que la destination finale, c'est le bocal à poissons, la vacuité et l'ineptie de l'existence adulte. Comment est-ce que je le sais ? Il se trouve que je suis très intelligente. Exceptionnellement intelligente, même. C'est pour ça que j'ai pris ma décision : à la fin de cette année scolaire, le jour de mes treize ans, je me suiciderai.'

 

Et bien, un excellent conseil d’un professeur de littérature. Ce livre est cruel, cynique, drôle, intelligent. On sourit, on en a gros sur le cœur, on réfléchit, on aime...Ou pas. On lira dans certaines critiques qu'il se déroule avec une écriture du Dimanche... Ce n'est pas faux car certains mots ou expression frôlent la vulgarité. En revanche, d'autres peuvent sembler pédants. Mais, au delà de cela, se dessine une histoire gentillette, une agréable (et surprenante) rencontre entre deux personnages paraissant antinomiques : Renée, l'autodidacte qui se cache derrière ce que l'on attend d'elle en tant que concierge, et Paloma, jeune fille bourgeoise et emprisonnée dans ce monde. On ne se reconnait qu’assez difficilement dans l’un ou l’autre des personnages mais on ne peut s’empêcher, parfois, de prendre parti. 

L'auteur nous fait partager avec habilité et en petites doses son intérêt pour le Japon. Cela nous évite un livre trop... « franco-français » et encore plus parisien.

 Le principal point fort est certainement l'alternance entre les plaisirs (et les douleurs) simples de la vie quotidienne et les digressions philosophiques...qui sont absolument fascinantes et accessibles.  

Ce livre s’approche de l’éloge de la différence et, également, de la critique des aprioris.

Cependant, les références plutôt élitiste que Muriel Barbery distille tout au long du livre peut appuyer sur la (douloureuse ?) inculture de pas mal de monde....


Lecture : Juin 2009

Jeudi 23 juillet 2009 à 11:06

http://www.renaud-bray.com/ImagesEditeurs/PG/568/568303-gf.jpg(Le Livre de poche, 5,50€, 252 pages)
ISBN : 2-253-10958-4


L'Auteur : Eric-Emmanuel Schmitt, né en 1960   Son Site


Un jeune homme, au-dessus de la falaise de Palomba Sol, est en train de manquer son énième suicide. S' il le rate cette fois, c'est à cause d'un intrus qui l'invite à le suivre, Zeus-Peter Lama. Ne pas connaître Zeus-Peter Lama, c'est avoir " de l'avoine à la place du cerveau ! " Il est l'artiste mondialement connu qui fait fureur dans le monde des arts et qui sait faire le bruit qu'il faut pour que la fureur s'en suive. Il emmène notre faux suicidé à l'Ombrilic, sa demeure, et lui propose un pacte méphistophélique : lui faire don de sa personne afin que Zeus le transforme en œuvre d'art vivante. Le don concerne le corps du jeune homme car, pour ce qui est de l'âme, on en est plus au temps de Faust !
A coups de scalpel il le métamorphosera en beau monstre, sexuellement performant, qui fera se pâmer les oies blanches des expositions mondaines. Rebaptisé Adam bis, le garçon connaît la célébrité, vaut de l'or et pense avoir tout gagné jusqu'à ce qu'il découvre qu'il a perdu sa liberté…

Le début du livre se demande où l’on va aller dans l’histoire : « J’ai toujours raté mes suicides ». Voilà qui n’est pas une chose commune ! N’allez pas croire que ce livre est macabre, loin de là, puisqu’il y a beaucoup d’humour. Mais c’est vrai qu’il est pour le moins surprenant de se faire sculpter le corps pour devenir une œuvre d’art vivante !! Connu dans le monde entier, il réalisera par la suite qu’il a perdu sa totale liberté et ne pourra rejoindre la femme qui l’aime vraiment…

Ce roman d'Eric-Emmanuel Schmitt est plutôt fascinant, surprenant, un peu macabre. Le personnage de Zeus-Peter Lama (!) peut faire penser à Prétextat Tach de Nothomb dans Hygiène de l'assassin, homme peu scrupuleux, manipulateur.

Lorsque j'étais une oeuvre d'art aborde de façon originale le culte de la beauté, ses conséquences et le besoin de reconnaissance de l'homme. Une jolie fable avec une critique assez acerbe de l'art contemporain ! Qui sait jusqu'où certains "artistes" peuvent aller, au nom de leur art... ? E-E Schmitt aurait pu pousser sa réflexion un peu plus loin, il ouvre beaucoup de questions sans les traiter vraiment.

Lecture : Juillet 2009

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