(Librio, 2,00€, 91 pages)
ISBN : 2-290-30694-0
Alice est une mignonne petite fille. Un jour, alors que sa soeur lui lit un livre, elle aperçoit un Assise dans l'herbe, Alice voit passer un lapin blanc qui regarde sa montre et jure qu'il est en retard. Elle le suit dans son terrier et tombe dans un monde extraordinaire où elle rapetisse, grandit, fait la course avec des animaux, discute avec un chat qui disparaît à volonté, prend le thé avec des gens bizarres, joue au croquet avec les personnages d'un jeu de cartes qui lui feront quelques ennuis. Puis enfin elle se réveille : il était temps, l'aventure allait mal tourner !
J'aime beaucoup ce conte, mais j'ai pourtant du mal à le considérer comme mièvre et enfantin. Il me semble au final qu'il s'adresse plus à des adultes en mal de fantaisie qu'à des enfants. D'autant plus qu'on peut déceler à sa lecture, une multitude de sens cachés, que ce soit au creux des mots et des jeux de langage ou encore au sein même de certaines scènes du récit qui semblent, au travers de métaphores filées, des critiques de la société anglaise et de ses mécanismes à l'époque de Lewis Carroll.
L'univers dans lequel se trouve plongé Alice apparaît bien plus effrayant que merveilleux! En effet, rien n'a de sens, il est impossible d'y avoir des repères car même ceux-ci se trouvent totalement déréglés, malmenés et poussés jusqu'à l'absurdité la plus totale. Les créatures qu'elle rencontre ne sont guère amicales, bien au contraire, il semble que chacun ait tendance à ne se préoccuper que de lui-même, ancré au cœur de sa propre folie, de ses propres errances, ne se tournant vers Alice que pour y trouver son propre intérêt ou y voir le reflet de sa pleine importance. Ainsi l'on y croisera une Reine de Cœur qui en est parfaitement dénuée, un chat au sourire énigmatique que l'on ne voudrait guère câliner, des fous, des lâches et des sournois...
Alice, quant à elle, est véritablement une enfant tout aussi attachante qu'agaçante.
Tantôt naïve et pleurnicharde, tantôt faisant montre d'un courage et d'une détermination sans bornes, on ne sait jamais vraiment sur quel pied danser avec elle, et quel comportement elle risque d'adopter face à une situation donnée.
Elle semble finalement bien à sa place dans ce monde étrange, sans queue ni tête, où elle ne s'étonne de rien et se fond à merveille dans le décor, elle-même sujette à une perte de son identité, au point que celle-ci en devient trouble et changeante, se dédoublant même quand la situation l'exige.
La folie semble bel et bien avoir apposé sa marque ici, elle y est presque palpable, au moindre recoin de cet univers haut en couleurs, passionnant, il est vrai, mais terriblement déroutant.
En tous cas, si vous n'aviez pas encore lu cette œuvre originale, intemporelle, et ne la connaissiez que par bribes ou via d'autres médias, n'hésitez pas à vous lancer, vous découvrirez un conte surprenant par ses différentes facettes, plus nombreuses que ce que vous en connaissiez, le temps d'une lecture qui s'avale goulument.3
Lewis Carroll (de son vrai nom Charles Lutwidge Dodgson) est un écrivain, photographe et mathématicien britannique né le 27 janvier 1832 à Daresbury, dans le Cheshire et mort le 14 janvier 1898 à Guildford.