(Babel, 8,50€, 342 pages)
ISBN 2-266-08970-6
Pour Cuca, dite "la môme", petite Cubaine surprenante par sa candeur et sa générosité, la vie est sacrifice. Son premier dévouement, elle le dédie à "Ouane", celui qui l'embrassa un soir de fête. Pour cet amour unique, elle entre en religion, allant jusqu'à se mutiler – elle s'arrachera les dents – pour ne plus plaire aux autres. Cuca ne cessera plus, pendant 30 ans, de guetter le retour de ce trafiquant mafieux anti-révolutionnaire. De même, l'amour qu'elle porte à sa fille est enraciné dans une profonde abnégation. Mais loin de prendre toute la mesure de ce sacrifice, par désir d'indépendance et par fierté, sa fille la repousse. Seuls ses amis, fidèles, originaux, perçoivent en Cuca cette "femme célibataire habitant sur une île musicale et prétentieuse, plus seule qu'un solo, et mille fois plus pauvre que Cendrillon". Enfin, le dernier renoncement de Cuca demeure celui dont souffrent tous les Cubains. Zoé Valdès dénonce sans complaisance le combat pour la vie dans un Cuba exsangue. Elle avoue ici toute son aigreur, et l'on perçoit sa haine de ce régime castriste, qui méprise les droits de son peuple et qui a trahi ce fol espoir d'un monde meilleur. --Lenaïc Gravis & Jocelyn Blériot
Ce roman est le premier que Zoé Valdés a publié suite à son exil presque forcé vers la France, suite à la publication, en 1995, de son livre Le Néant Quotidien où elle critiquait aigrement le régime castriste. Elle réitère son acte dans ce roman où, finalement, le personnage principal n’est que La Havane, capitale cubaine, qui grouille de vie. Il faut déjà noter le parallèle entre Cuca, l’héroïne, et son pays, Cuba (et ses nombreux problèmes…). Les houles de la vie de la jeune femme peuvent effectivement être transposées à la société cubaine. Plus d’une fois, il est possible de lire « XXL », « Extra Large »…qui ne désignent personne d’autre que le dictateur : Fidel Castro, connu pour ses nombreux caprices.
La lecture de ce livre peut sembler bien longue… Dans son précédent livre, Le Néant quotidien, Zoé Valdés nous proposait une histoire concise, allant à l’essentiel, et, pourtant, elle ne nous épargnait rien. Ici, elle avance une idée et l’illustre en longueur et en lourdeurs. Beaucoup d’informations en tout genre, qui sont utiles voire intéressantes…mais, parfois, elles n’aident pas le lecteur en le plongeant dans un état presque léthargique. De plus, l’écriture se rapproche trop franchement du style oral dans ce qu’il y a de pire, ne rendant pas le livre plus digeste.
Malgré tout, on ne peut pas nier que le roman possède un minimum d’intérêt. En effet, il dépeint avec un humour certain, la déchéance du pays, la corruption politique ainsi que la misère et la faim qui poussent les Cubains (notamment les femmes) à des actions peu recommandables. De plus, le livre est composé avec de nombreuses références musicales connues et reconnues internationalement. Chaque chapitre commence par le titre d’une chanson. D’ailleurs, il paraît qu’une compilation des titres cités dans le livre est sortie…
En résumé, la lecture de ce livre est réservée à ceux et celles qui veulent en savoir un peu plus sur cette petite île et aux aventuriers.
Zoé Valdés, née le 2 mai 1959 à La Havane à Cuba, est une romancière, poète et scénariste cubaine vivant en France.
Elle a fait partie de la délégation cubaine à l'UNESCO (1983-1988), puis de l'Office culturel de Cuba à Paris. Elle a aussi dirigé une revue cinématographique, Cine cubano.
En 1995, après la publication en France de son roman Le néant quotidien elle est contrainte à l’exil, pour insoumission au régime castriste, accompagnée de son conjoint et de sa fille. Elle réside actuellement en France.
Autres critiques : Le Néant Quotidien
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Lecture : Mars 2010