(Folio, 5,60€, 325 pages)
ISBN 2-07-042419-7
1937. Alors que la Mandchourie est occupée par l'armée japonaise, une lycéenne de seize ans semble ignorer tranquilement la guerre, les cruautés, les privations. Mélancolique, seule, l'adolescente joue au go. D'où tient-elle cette maîtrise ? Place des Mille Vents, la lycéenne s'amuse à mentir. Ses mains déplacent les pions sans jamais se tromper, les joueurs s'assoient en face d'elle à une table gravée en damier et la défient. Le go est une esquive. Est-elle amoureuse de Min ou de Jing ? Sait-elle qu'ils aident tous deux à la résistance contre les japonais ? Entre les bras duquel des deux perd-elle une virginité fiévreuse ? Elle ignore encore son adversaire de demain : un officier japonais, à peine plus âgé qu'elle, un samouraï de métal, sanglé dans le sacrifice nécessaire à la Patrie impérialiste qu'il défend.
A travers la partie de go qui les oppose, par-delà les silences et les regards, ces deux êtres que tout sépare vont apprendre à se connaître au plus profond de leur âme.
Construite sur le principe d'une double narration exprimant deux positions antagonistes, La joueuse de go situe son action après le 18 septembre 1931 qui sonna le glas de la liberté de la Chine du Nord sauvagement occupée par les soldats japonais.
L'écriture de Shan Sa est tout simplement parfaite. Pas une seule fausse note, pas un mot de trop ou de trop peu, chaque phrase dégage une puissance et une force indomptables. C'est un livre qui vit, qui respire, qui dégage de la douleur, de l'amour, de la passion à l'état pur, une sensualité qui fleurit doucement à travers les horreurs de la guerre.
Enrichissant les contours de son allégorie militaire par la présentation empathique des proches de la joueuse de go et par celle plus elliptique des humiliations subies ou provoquées autrefois par le guerrier nippon, l'écrivain peint un monde aux couleurs des rêves mélancoliques de ses héros. Pas d'exotisme ici, mais une intelligence formelle qui confère à ce roman sa bouleversante authenticité et le caractère universel de sa morale humaniste.
C'est un hommage aux Chinois résistants dont trop souvent on ignora la grandeur et les souffrances. C'est une histoire oubliée qui resurgit du passé à travers un roman plein de beauté et de souffrance.
Shan Sa (山飒; hanyu pinyin : Shān Sà) (née Yan Ni le 26 octobre 1972 à Pékin, Chine) est une écrivain française d'origine chinoise.
Née en Chine, Shan Sa (pseudonyme qui veut dire « bruissement de vent dans la montagne » en chinois) est d’abord poète d'expression chinoise. À 12 ans, elle obtient le premier prix du concours national de poésie des enfants. Après des études secondaires à Pékin, elle passe en 1990 l'équivalent de notre baccalauréat.
En août 1990, elle quitte donc Pékin pour Paris grâce à une bourse du gouvernement français. Elle s’y installe et adopte la langue et passe le bac en 1992. En 1994, elle termine ses études de philosophie.
Lecture : Juillet 2009