(Le Livre de Poche, 6,00€, 182 pages)
ISBN : 978-2-253-12454-2
« Stupeur et tremblements pourrait donner l’impression qu’au Japon, à l’âge adulte, j’ai seulement été la plus désastreuse des employés. Ni d’Ève ni d’Adam révélera qu’à la même époque et dans le même lieu, j’ai aussi été la fiancée d’un Tokyoïte très singulier. » Amélie Nothomb
Au fil des pages, Amélie Nothomb nous raconte cette histoire, de leur rencontre jusqu'à leur rupture, puis à leur retrouvaille. On s'attend à une histoire d'amour. Mais la romancière belge ne fait rien comme tout le monde, et c'est au final l'histoire d'un non-amour aussi touchant. L'histoire d'une samouraï qui préfère la fuite plutôt que la dépendance.
Amélie Nothomb n’est pas qu’une auteure cruelle, piquante, mystique. C’est aussi une auteure terriblement banale. Elle signe là une autobiographie horriblement (n’ayons pas peur des mots) superficiel…et terriblement prévisible. Même la superficialité de l’amour est survolée. Le seul moment réellement appréciable est le passage concernant le mont Fuji (la montagne est une passion pour Amélie Nothomb). Et encore, c’est parce qu’il fallait bien trouver quelque chose. Evidemment, on apprend un ou deux truc par ci par là mais ils se noient dans les détails sans intérêt de l’histoire. Que pense la narratrice de son histoire amoureuse ? On ne sait pas. Que pense l’autre protagoniste ? On ne sait pas. Est-ce si difficile de se détacher un peu de soi pour une autobiographie ? Un trop grand respect du pacte autobiographique ? Là encore, on ne sait pas. Seulement, le résultat de cette superficielle introspection est plat, lent, mort. Un livre quasiment muet.
Une constatation s'impose à la lecture : l'histoire d'Amélie et de Rinri n'a rien de passionnant. Ils se sont rencontrés (il l'a engagé pour lui donner des cours de français), ont sympathisé, et ont passé quelques mois ensemble (presque deux ans). Moui. Consciente du peu d'intérêt qu'offre au lecteur l'exposé d'une relation sans heurt majeur, Amélie Nothomb délaye tant qu'elle peut sur les difficultés rencontrées par la faute de différences culturelles. Le rapport japonais à la famille, sa façon de vivre ses années étudiantes, blablabla. Mais pas de révélation fracassante, rien de bien piquant, rien de très excitant dans ce vague documentaire qui survole une civilisation que l'occidental d'aujourd'hui connaît globalement plutôt bien, rien de très passionnant dans la narration de la superficialité de l’amour.
Peu enthousiasmée par son sujet manifestement raclé dans un fond poussiéreux de ses souvenirs, Amélie se met mollement en scène dans le sempiternel rôle de la jeune Belge déphasée qui aime se poser en victime, sans pour autant en faire un axe de l'histoire.
L'affection qu'elle a eue pour Rinri (en supposant qu'il s'agisse de son vrai nom), bien qu'elle ait incontestablement existé, n'est pas vraiment palpable dans les pages du roman, à l'exception des quatre dernières, qui laissent percer plus d'émotions que les 200 précédentes.
Il est vrai, à sa décharge, que Rinri semble d'une nature si réservée et si lisse qu'il était difficile pour parler de leur couple d'user d'un style exalté...
Si l’on n’a pas été emballé par Stupeur et tremblement ne vous aventurez pas dans cette lecture
Vous tenez absolument à lire ce livre ? Empruntez-le avant de dépenser vos sous.
CHALLENGE ABC
— Marc Quaghebeur, Anthologie de la littérature française de Belgique, entre réel et surréel« Issue d'une famille de la petite aristocratie où la politique et la littérature ont toujours fait bon ménage, elle a atteint, pratiquement depuis son premier récit Hygiène de l'assassin (1992), un lectorat que n'ont jamais connu ses ancêtres. Sa production oscille entre les textes à contenu plus ouvertement autobiographiques comme Le Sabotage amoureux (1993) ou Stupeur et tremblements (1999) et des récits plus fictionnels tels Mercure (1998) ou Les Combustibles (1994), une pièce de théâtre. Chez cette écrivain, une forme de cruauté et d'humour se mêle à un romantisme qui plonge dans l'univers actuel. »
Ils en parlent : MeL, Liyah, Pimprenelle
Bonne journée :)
Iluze