ISBN 2-253-14910-1
Thomas, son grand-frère. Quatorze ans. Il appartient à une race globalement malfaisante : les garçons. Age mental : à peu près dix ans. Jeanne et Thomas forment donc un couple frère-sœur très banal.
Comme leurs parents, incapables de vivre ensemble, ont pris la sage décision de vivre chacun d'un côté de l’Atlantique, Jeanne et Thomas ont de nombreuses occasions de voyager. Par bateau. Car les avions, ça s’écrase au décollage.
L’ennui, c'est que les bateaux, ça fait naufrage. Surtout quand l’océan se met en colère, que le vent souffle avec furie, que la tempête jette contre le paquebot des montagnes liquides. Jeanne et Thomas sont les seuls à savoir que les mots peuvent servir de bouées de sauvetage. Que l'on peut s'accrocher aux mots quand tout le reste explose. Lequel a choisi Thomas ? Ferrari, football ? Peu importe. Jeanne, elle, a pensé « douceur ». Et ça marche ! Jeanne et Thomas sont les seuls survivants du naufrage. Robinsons échoués sur le sable d’un îlot, petits princes sur le désert d’une plage. Seuls ? Pas longtemps. Ils sont recueillis par monsieur Henri, qui a une si belle façon de gratter sa guitare pour jouer des berceuses, des chansons douces.et son neveu, «un ado géant, habillé de couleurs criardes», un grand noir aux grands yeux verts : «pas de doute, un neveu sublime». Et voici Jeanne et Thomas en route pour une visite guidée de l’île, en commençant par le marché aux mots, où les poètes trouvent des rimes inédites, où les amants cherchent des mots d'amour, où les curieux se penchent sur les étymologies. L’après-midi, promenade en pirogue : un îlot désert, brûlé «comme une galette des rois trop longtemps laissée dans le four». «Un plateau rocheux marron foncé, détergé, délavé, récuré.» Une terre désolée où les gens avaient oublié de nommer les choses : «à force de n'être jamais appelées, elles sont devenues tristes, de plus en plus maigres, et puis elles sont mortes. Mortes, faute de preuves d'attention ; mortes, une à une, de désamour». Jeanne et Thomas apprennent ainsi de monsieur Henri que «vingt-cinq langues meurent chaque année. Elles meurent, faute d'avoir été parlées. […] Voilà pourquoi les déserts peu à peu nous envahissent.» Heureusement, monsieur Henri est là ; et la nommeuse, qui redonne vie aux choses en les nommant ; et l'hôpital des mots ; et l'usine à faire des phrases. La belle aventure continue, malgré la sinistre madame Jargonos ; malgré le triste roi Nécrole et ses hélicoptères de combat… Jusqu'à ce que monsieur Henri trouve la rime à sa chanson : «Une chanson douce Que me chantait ma maman. En suçant mon pouce, J'écoutais en m'endormant.» Jusqu'à ce que deux hydravions amerrissent pour venir chercher Jeanne et Thomas. DEUX hydravions... Et peut-être que les mots.
Pour les enfants de 7 à 77 ans, ce charmant petit conte illustré de dessins dans l’esprit du «Petit prince». Cette aventure de Jeanne et Thomas au pays des mots qui peut nous donner – ou nous rendre & l’amour de la langue, l’amour des mots, l’amour de la grammaire, cette chanson douce que nous oublions si souvent de chanter.
Erik Orsenna, de son véritable nom Erik Arnoult, est un romancier, un intellectuel, et académicien français, né le 22 mars 1947 à Paris.
Dans ma PAL/LAL : Deux Etés, Longtemps, Les Chevaliers du Subjonctif
Autres critiques : ~La Révolte des accents~, ~Les Chevaliers du subjonctif~
Ils en parlent : 100choses, Melisende, Liyah