Samedi 14 novembre 2009 à 21:38

http://images.amazon.com/images/P/2070400867.08._SCLZZZZZZZ_.jpg(Folio, 4,30€, 153 pages)
ISBN 2-07-040086-7


Le livre Lambeaux  de Charles Juliet comporte une biographie et une autobiographie.
En effet, dans la première partie, il évoque, dans un portrait enquête, sa mère Hortense juliet, qu'il n'a jamais connue. Celle dont pourtant il raconte la douloureuse histoire, celle dont il retrace ses pensées, ses hésitations et ses doutes, à partir de témoignages de personnes qui l'ont connue. Le dialogue avec une morte permet à l'auteur de ressusciter celle qui lui a donné la vie. C'est un moyen pour lui de faire connaissance avec elle. C'est d'ailleurs ce qui fait la principale particularité de cette biographie car il s'adresse directement à elle par l'emploi de la 2e personne du singulier. Alors que l'on attend pour une biographie l'emploi de la 3e personne du singulier.
Il brosse également le portrait de Félicie Ruffieux, sa mère adoptive et aimante. L'auteur tient à souligner ce qui est admirable chez cette femme exemplaire, nommée par son fils « la toute donnée ». Il lui rend hommage dans ce livre.
Cette oeuvre est novatrice : l'auteur s'est contraint à employer la 2e personne du singulier. Il s'adresse aux deux personnages principaux dans un long monologue, seul le présent est employé et il n'y a aucun dialogue. Ce choix dévoile l'intensité de la relation de l'auteur et de ces deux femmes : l'histoire tragique de l'une et l'abnégation de l'autre et son amour filial pour elles.


Le style de la 2ème personne du singulier n'enthousiasme, ni ne touche C'est justement là que le livre pêche par cette perpétuelle interpellation, cette adresse à l'autre, l'inconnu(e). Comme s'il dressait un tableau, présentait la scène d'une pièce théâtrale avant le lever de rideau... on n'est  pas toujours sensible à ce style.
Après, il y a le contenu des "Lambeaux" : d'abord le portrait d'une maman, une Cosette sans la rencontre salvatrice de Jean Valjean, fille de paysans, privée du droit aux études, coincée dans sa ferme, les travaux de la terre, entre les quatre murs d'une maison. Cette maman fait pitié, franchement : son mal de vivre se tapit depuis la petite enfance, exacerbé par les malheurs d'une existence de plus en plus sinistre, catapulté par une énième grossesse, laquelle sera révélatrice d'une déprime postnatale, qu'on ne décrypte pas en ces temps-là (fin des années 30) mais qui conduira la jeune maman à l'asile !
En petite deuxième partie du récit, le narrateur s'interpelle lui-même en racontant son parcours (enfance, adolescence, adulte débutant...). Lui-même souffre de mélancolie, de traumatismes mais d'une franche envie de s'en sortir également. Egalement il a une vraie passion pour les mots, pour les livres et souhaite devenir un orfèvre littéraire, pour pouvoir enfin se délivrer, dire les choses qu'il couve en lui depuis longtemps. Bref, Lambeaux n'est pas rose. C'est une page de l'histoire des paysans de la France du début du 20ème siècle, si commune, si courante et terriblement si dure! Charles Juliet dépose son barda, devenu trop lourd, trop pesant. Au lecteur de le porter, mais c'est écrasant!

Mardi 25 août 2009 à 17:46

http://levraoueg.files.wordpress.com/2009/11/les-fleurs-du-mal.jpg

L'auteur : Charles Baudelaire  (1821 - 1867) poète français qui a popularisé la poésie en prose.  Un site le concernant Wikipédia 

 

 

 

Publié en 1857

La Destruction


Sans cesse à mes côtés s’agite le Démon;
Il nage autour de moi comme un air impalpable;
Je l’avale et le sens qui brûle mon poumon
Et l’emplit d’un désir éternel et coupable.

Parfois, il prend, sachant mon grand amour de l’Art,
La forme de la plus séduisante des femmes,
Et, sous de spécieux prétextes de cafard,
Accoutume ma lèvre à des philtres infâmes.

Il me conduit ainsi, loin du regard de Dieu,
Haletant et brisé de fatigue, au milieu
Des plaines de l’Ennui, profondes et désertes

Et jette dans mes yeux pleins de confusion
Des vêtements souillés, des blessures ouvertes
Et l’appareil sanglant de la Destruction !




Ces poèmes que Baudelaire a écrit sont une cascade de souffrance et de beauté. Les fleurs du mal, dans ce titre l'auteur a réussi, un très bel oxymore, à transformer le mal, synonyme de souffrance en beauté, amour et sensualité !

Les poèmes de Baudelaire sont tous aussi singulier et mystérieux les uns que les autres. Une véritable mine de trésor se cache entre les lignes de chacun de ces vers. Il est de ceux qui a su transformer les mots en art (comme l'a déjà fait Ronsard et beaucoup d'autres d'autre encore).

Beaucoup disent que Baudelaire était satanique ou malade mental mais il puisait juste ses idées dans les ténèbres et le mal comme peu de poètes ou d'écrivains l'ont fait et il s'est servi de sa souffrance ou de ses regrets personnels pour écrire cette œuvre .

Bref, ces fleurs maladives comme il les appelle lui même sont l'un des plus grand chef-d'oeuvres que l'homme ait pu concevoir et que le temps nous rendu tout aussi intact et magnifique. Car ce recueil reste l'un des plus beau de tous les temps .




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