Mardi 23 juin 2009 à 18:18

  http://ecx.images-amazon.com/images/I/51KV1G9289L._SL500_AA240_.jpg
(Folio, 6,10€, 282 pages)
ISBN : 2-07-041958-4

 L'Auteur : Alessandro Barrico, italien né en 1958 Biographie et Bibliographie

Au bord de l'océan, à la pension Almayer, « posée sur la corniche ultime du monde », se croisent sept personnages au destin étrange et romanesque, sept naufragés de la vie qui tentent de recoller les morceaux de leur existence. Mais leur séjour est bouleversé par le souvenir d'un hallucinant naufrage d'un siècle passé et la sanglante dérive d'un radeau. Et toujours, la mer, capricieuse et fascinante...

Avec une époustouflante maîtrise, Alessandro Baricco nous offre à la fois un roman à suspense, un livre d'aventures, une méditation philosophique et un poème en prose.

Ce livre est un bijou de curiosité. Il ne se contente pas de la prose « simple » :des prières, des retours à la ligne intempestifs…Un nombre absolument incroyable de points de suspension dans la première partie du livre. Symbole de la mer ? Cette fabuleuse histoire a une ambiance très particulière et est loin d’être linéaire, pour notre plus grand plaisir. Cela a l’avantage de mettre un peu de suspense, dans le roman. La mer, même lorsqu’elle s’efface du récit, est toujours là. Quelques moments d’ennui profond font place à de délicieuses aventures, comme les humeurs de cette fascinante étendue d’eau.

Avec un style qui n’appartient qu’à lui, Alessandro Baricco prouve une fois de plus qu’il maîtrise son art de manière époustouflante. En refermant le livre, il est dur de s’en détacher.

Ce petit bijou de curiosité, est, à la fois, une méditation philosophique, un livre d’aventures et une bien belle poésie en prose.

Un livre dont on peut se délecter sans modération.


Lecture : Juin 2009

 

Publié par Elora

océan, mer, critique, italie, roman, littérature

Mercredi 17 juin 2009 à 17:40

 

 

http://aviquesnel.free.fr/Direlire/Images/germain_magnus.gif(Folio, 7,10€, 263 pages)
ISBN :
978-2-07033-648-7

L'Auteur : Sylvie Germain, écrivain française Biographie

Magnus, c'est le prénom d'un ours en peluche mais aussi celui que s'est donné un homme. Un homme qui a bien du mal à démêler le vrai du faux dans son histoire personnelle à cause d'une perte de mémoire alors qu'il n'avait que 5 ans. Né en Allemagne à la fin des années 30, il réalise peu à peu qui sont ses parents, qu'il connaîtra peu. Son éducation se poursuit en Angleterre chez un oncle puis à 18 ans, Magnus s'évade en allant vivre aux Etats-Unis après un séjour au Mexique. Il y travaille, y tombe amoureux et en revient, plein de tristesse. Le revoilà en Angleterre, et Magnus est toujours paumé, indécis, perturbé.

 

Voilà ce que l’on peut appeler une œuvre littéraire originale. Une œuvre littéraire par son contenu. L’originalité par sa forme. Les chapitres courts alternent des fragments de souvenirs d’une narration classique avec des notules, des séquences, des échos constitués par des poèmes, des morceaux de biographies, de chansons, de romans… Ce roman déroutant ressemble à un puzzle que l’on reconstitue comme Magnus reconstitue sa mémoire. Pour ceux qui aiment les surprises et les rebondissements, pour ceux qui préfèrent la violence psychologique à la violence sanglante, ce livre est peut-être l‘idéal...  

Comment peut-on admettre que ceux qui nous ont élevés ne sont pas nos parents, qu’ils ont manipulé notre mémoire et même qu’ils nous ont manipulés tout court ? L’identité que je pense être la mienne l’est-elle véritablement ? Magnus, c’est le nom de l’ours ou de son propriétaire ? Ce roman pose beaucoup de questions difficiles. L’enfant a grandi sur des mensonges qu’il démantèle durant toute sa vie mais le malheur le poursuit.  

Au fur et à mesure que le portrait se précise, la grande Histoire s’insinue, violente, se glisse par la moindre faille, la plus petite fissure. A chaque fois que le héro s’y bute, il se rapproche peu à peu de sa vérité.  

Poignante illustration des conséquences infinies de la barbarie humaine, Magnus restitue avec une retenue magistrale la décomposition d’une victime de l’Histoire ; jusqu’à l’ultime vertige d’une recomposition possible.

Lecture : Mars 2009

 

Un roman dont le « happy end », s’il existe, n’est pas trop prévisible.

Mardi 16 juin 2009 à 22:08

 http://www.krinein.com/img_oc/big/7338.jpg

(J'ai lu, 8,40€, 573 pages)
ISBN :
2-290-34371-4


L'auteur : Anna Gavalda Biographie

  " …Non, ne pleure pas… Tiens, prends mon mouchoir, petite fille… Mais il y a une chose que je dois te dire : les gens qui s'arrêtent de parler deviennent fous. Chu Ta, par exemple, je ne te l'ai pas dit tout à l'heure, mais il est devenu fou et très malheureux aussi… Très, très malheureux et très, très fou. Il n'a retrouvé la paix que lorsqu'il était un vieillard. Tu ne vas pas attendre d'être une vieillarde, toi, n'est-ce pas ? Dis-moi que non. Tu es très douée, tu sais ? Tu es la plus douée de tous les élèves que j'aie jamais eus, mais ce n'est pas une raison, Camille... Ce n'est pas une raison… Le monde d'aujourd'hui n'est plus comme celui de Chu Ta et tu dois te remettre à parler. Tu es obligée, tu comprends ? Sinon, ils vont t'enfermer avec de vrais fous et personne ne verra jamais tous tes beaux dessins… "

  

Camille fait des ménages dans les bureaux le soir et dessine à ses heures. Féru d'histoire, Philibert est un aristocrate timide et émotif qui habite un immense appartement. Franck cuisinier de son état a une grand-mère qui ne peut plus vivre seule et qu'il doit se résoudre à placer dans une maison de retraite. Voici les quatre personnages principaux de l'histoire. Un peu éclopés, pas en très bon état, ils traînent des passés difficiles et des blessures ouvertes. Ils ont des rêves aussi. Des envies d'échappées belles. Ils vont se rencontrer, s'apprendre... et découvrir qu'ensemble, le bonheur est possible. Qu'il tient à peu de choses... qu'il tient surtout à... "être ensemble".
 
Il y a des auteurs qui parviennent à mettre en scène des gens comme nous, sans rien, absolument rien de plus. Pas de grand drame, pas de grand destin, pas de grandes qualités, ni de grands défauts. Et on peut vraiment faire un bon roman avec ça ? Oui. Anna Gavalda y parvient, et sur plus de 500 pages.
Cette fratrie nous amuse doucement au fil du récit d’Anna Gavalda. La prouesse, c’est qu’elle laisse vivre ses personnages. Pas d’intrigue hyper tendue pour vous conduire à la dernière page. Pas d’extraordinaire rebondissement pour relancer la machine. Non, rien que des vies. Ce qui, chez d’autres, aurait pu provoquer un profond ennui, donne chez Gavalda une impression de légèreté. On s’attache à ces personnages et on n’a plus envie de les quitter. On pardonne même à l’auteur quelques passages un peu nunuches, ou quelques répliques un peu fades ou attendues. 
La langue aide aussi l’auteur à éviter l’ennui. Une langue vive, tintée de parisianismes, et une profusion de dialogues très crédibles.
Ce qu'on aime aussi, c’est que c’est un roman complètement féminin. Tous les personnages, et surtout Frank, le vrai mec, sont décrit par une plume du sexe dit faible.

Mardi 16 juin 2009 à 22:01

 http://www.images-chapitre.com/ima1/original/340/1121340_3061464.jpg

(J'ai lu, 4,80€, 222 pages)
ISBN :
2-290-30501-4

A Grosse-Pointe (Michigan) dans les années 1970, les 5 soeurs Lisbon âgées de 13 à 17 ans, vont toutes, en une courte année scolaire, se suicider. Elles s’appellent, respectivement, Cecilia, Therese, Bonnie, Lux et Mary. Elles sont superbes, dans leur monde et isolées. Un groupe d’adolescents, amis et éperdument amoureux de ces 5 filles sont marqués par cette terrible histoire. Vingt ans plus tard, alors que la quarantaine s’approchent, ils vont essayer de répondre à leurs questions restées en suspens depuis tout ce temps. Tous les témoins vivants ou objets sont convoqués pour une reconstitution minutieuse. Tout est bon pour servir de pièces à conviction dans ce faux roman policier.

C’est un roman intéressant, mais peu captivant. La narration et les descriptions, parfois nécessaires, restent limitées quant à leurs effets.

 

 Les personnages, pleins d’attention, n’ont que peu de substances…

  Jeffrey Eugenides propose un récit lisse, policé et cliché à souhait, prévisible aussi, alors qu’il aurait pu nous offrir un roman trash, un roman gore, un roman sentimental voire un vrai roman policier. Mais tout est suggéré de très, très (trop.) loin même le plus simple romantisme n’est pas au rendez-vous…. Chaque fille représente un stéréotype de cette (mauvaise ?) société américaine.

   Jeffrey Eugenides, né à Grosse-Pointe en 1960 et dont c’était le premier roman, a, tout simplement, loupé son roman.

Certaines pages laissent deviner ce qu’aurait pu être le livre si l’auteur avait su exploiter ses personnages et ses idées… Les limites et le peu d’inspiration de l’écrivain se font très vite sentir.

  Dommage…

 A avoir trop d’ambitions, on fini par en sacrifier l’une à l’autre.

 Un Best Seller en Amérique ? Oui, bon, ce sont des Américains !

Le film, adapté par Sofia Coppola, est nettement plus réussi.

Lecture : Mai 2009

Dimanche 14 juin 2009 à 12:27

 

http://pagesperso-orange.fr/sublimeacide/images/images/livres/chronik%20d%27une%20mort%20annonc%E9e.jpg

(Le Livre de poche, 3,00€, 116 pages)
ISBN :
2-253-04397-4

 
L'Auteur : Gabriel Garcia Marquez
Biographie 

 Les frères Vicario ont annoncé leur intention meurtrière à tous ceux qu'ils ont rencontrés, la rumeur alertant finalement le village entier, à l'exception de Santiago Nasar. Et pourtant, à l'aube, ce matin-là, Santiago Nasar sera poignardé devant sa porte. Pourquoi le crime n'a-t-il pu être évité ? Les uns n'ont rien fait, croyant à une simple fanfaronnade d'ivrognes ; d'autres ont tenté d'agir, mais un enchevêtrement complexe de contretemps et d'imprévus - souvent joyeusement burlesques -, et aussi l'ingénuité ou la rancœur et les sentiments contradictoires d'une population vivant en vase clos dans son isolement tropical, ont permis et même facilité la volonté aveugle du destin. Chronique d'une mort annoncée est un roman hallucinant où l'humour et l'imagination du grand écrivain colombien, prix Nobel de littérature, se débrident plus que jamais pour créer une nouvelle et géniale fiction sur les thèmes éternels de l'honneur et de la fatalité. 

 

 Dans ce roman (ou nouvelle ? 116 pages…), ce n'est pas le suspense qui tient le lecteur en haleine puisque tout est clair dès le début : Santiago Nasar va mourir. Tout le monde savait et personne n'a rien fait ! Mais L’auteur nous entraine dans un cercle vicieux, vertigineux, infernal d‘événements à la fois fois possible mais improbables dans leur succession. Gabriel Garcìa Marquez nous enchaine à son livre si bien que l’on ne peut plus le lâcher.
Ce livre, c’est le cheminement de la victime, dont on se demande tout au long du récit si elle a pris les choses à la légère ou si elle n'a pas été prévenue.
Dans la noirceur d’une histoire tragique, l’auteur ne tombe pas dans le pathétique et nous offre une œuvre en finesse et en poésie.

Bref, une grande œuvre contemporaine.

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