Mercredi 30 juin 2010 à 7:23

http://www.renaud-bray.com/ImagesEditeurs/PG/696/696941-gf.jpg
(Le Livre de Poche, 8,00€, 636 pages)
ISBN :
2-253-11486-3

L'auteur : Carlos Ruiz Zafon biographie


Prix
planeta 2004 

Dans le Barcelone de l’après-guerre civile, « ville des prodiges » marquée par la défaite, la vie est difficile. Par un matin brumeux de 1945, un père emmène son fils de 10 ans (Daniel, le narrateur) dans un lieu particulier : le Cimetière des Livres Oubliés. Il va devoir se livrer à un rite particulier : adopter un livre. Il tombe alors sur un volume de l'Ombre du vent. Daniel veut en savoir plus sur l’auteur et ses recherches vont changer le cours de sa vie. ce livre revenu à la lumière devient l'objet de multiples convoitises, et entraîne son possesseur à travers une Barcelone de secrets, à la poursuite d'un auteur maudit ...  

 

   Je ne remercierai jamais assez mon prof de Littérature d’avoir conseillé ce livre.
Après plusieurs titres remarqués, Carlos Ruiz Zafón a contaminé bon nombre de ses compatriotes puis les Allemands. Le voici qui débarque en France. Et personne ne peut y résister à ce petit chef d‘œuvre.

 

L’Ombre du Vent est prodigieusement bien raconté. L’auteur a un grand talent, c’est évident. Vous êtes plongés dans le livre (et l’histoire) dès les premiers pages…et vous n’y échapperez pas de si tôt.

 

Carlos Ruiz Zafón nous tient en haleine jusqu’aux dernières pages…Ne croyez pas découvrir le dénouement avant la fin. Entre temps, vous déambulerez pendant 40 ans dans ce beau et tortueux Barcelone d’avant-guerre. Vous serez tombé amoureux, vous aurez aperçu des spectres, assisté à la résurrection d’un clochard, au franquisme, à l‘anarchisme…Une superbe histoire de la vie, en bref. Les plus sensibles pourront mourir de peur.

 

Une fois refermé, le livre ne nous quitte pas tout de suite…mais on se rend compte que l’auteur utilise les vieilles recettes du fantastique. Cependant, aucune comparaison avec d’autres auteur n’est possible. Il a un truc en plus, le sien ! Ruiz Zafón joue merveilleusement bien avec le temps - le livre traverse la guerre avec brio -, avec les mots et avec les sujets les plus poignants sans tomber dans le pathétique.

 

Peu importe la longueur du livre et si le livre est un livre « tous publics », quand le lecteur est lancé dans les ruelles du quartier gothique de Barcelone.

Lecture : Février 2009

Relecture : Avril 2010

Cette relecture a été décevante. Je n'ai pas été prise comme lors de ma première lecture. Finalement, pour apprécier ce livre comme il faut, il est nécessaire d'être vierge de toute appréhension, de toute idée....

Publié par Elora

ombre, vent, espagne, barcelone, guerre, critique

Samedi 3 octobre 2009 à 20:35

http://www.marocagreg.com/images/livres/antigone.jpg(La Table Ronde, 5,80€, 133 pages)
ISBN : 2-7103-0025-7


Antigone appartient aux légendes attachées à la ville de Thèbes. Elle est l'une des enfants nés de l'union incestueuse du roi de Thèbes Œdipe et de sa propre mère, Jocaste . Antigone est la sœur d'Ismène, d'Etéocle et de Polynice. Elle fait preuve d'un dévouement et d'une grandeur d'âme sans pareils dans la mythologie.

Quand son père est chassé de Thèbes par ses frères et quand, les yeux crevés, il doit mendier sa nourriture sur les routes, Antigone lui sert de guide. Elle veille sur lui jusqu'à la fin de son existence et l'assiste dans ses derniers moments.

Puis Antigone revient à Thèbes. Elle y connaît une nouvelle et cruelle épreuve. Ses frères Etéocle et Polynice se disputent le pouvoir. Ce dernier fait appel à une armée étrangère pour assiéger la ville et combattre son frère Etéocle. Après la mort des deux frères, Créon, leur oncle prend le pouvoir . Il ordonne des funérailles solennelles pour Etéocle et interdit qu'il soit donné une sépulture à Polynice, coupable à ses yeux d'avoir porté les armes contre sa patrie avec le concours d'étrangers. Ainsi l'âme de Polynice ne connaîtra jamais de repos. Pourtant Antigone, qui considère comme sacré le devoir d'ensevelir les morts, se rend une nuit auprès du corps de son frère et verse sur lui, selon le rite, quelques poignées de terre. Créon apprend d'un garde qu'Antigone a recouvert de poussière le corps de Polynice. On amène Antigone devant lui et il la condamne à mort. Elle est enterrée vive dans le tombeau des Labdacides . Plutôt que de mourir de faim, elle préfère se pendre.

Hémon, fils de Créon et fiancé d'Antigone se suicide de désespoir . Eurydice , l'épouse de Créon ne peut supporter la mort de ce fils qu'elle adorait et met fin elle aussi à ses jours.

 

 

 Il est difficile de parler de cette œuvre d’Anouilh car ce texte est tout simplement magnifique. Un de ceux que j’ai découvert au collège et que j’ai relu avec plaisir.

À l'opposé des héroïnes mythiques, elle a un physique ingrat, petite, maigre, mal peignée, noiraude et peu coquette.
Pour Antigone, la vie doit être intense, violente, passionnée. Elle ne parvient pas à vivre en paix.  La scène avec Hémon en est la preuve.

Cette pièce est d’une modernité criante. Dans cette ère de communication à tout va et d'univers virtuels, les être humains n'ont jamais été aussi isolés les uns des autres.

Un aspect me semble important à soulever : le contexte historique, dans lequel Jean Anouilh a réécrit cette tragédie.

Elle a été écrite en 1942, en pleine occupation allemande et au début des déportations massives de juifs par l'administration française.

Certains pourraient voir en cette adaptation de la tragédie de Sophocle, une approbation de l'occupation et de l’Allemagne nazie puisque seul Créon sort indemne de cette tragédie. Mais l’on peut également penser que la petite Antigone est, le symbole de la résistance Française.

Cette Antigone de Jean Anouilh affirme la rupture entre le Divin des tragédies grecques et notre société. Jean Anouilh nous parle de ce qu'il y a de plus profond en nous : l'amour, la mort, la vie, l'espérance, la révolte, la famille....

Le personnage d'Antigone est pour moi une figure complexe et envoûtante.

 Antigone est une femme de courage à découvrir rapidement si ce n’est pas déjà fait…

Publié par Elora

théâtre, france, 1994, guerre, Sophocle, Anouilh

Mercredi 17 juin 2009 à 17:40

 

 

http://aviquesnel.free.fr/Direlire/Images/germain_magnus.gif(Folio, 7,10€, 263 pages)
ISBN :
978-2-07033-648-7

L'Auteur : Sylvie Germain, écrivain française Biographie

Magnus, c'est le prénom d'un ours en peluche mais aussi celui que s'est donné un homme. Un homme qui a bien du mal à démêler le vrai du faux dans son histoire personnelle à cause d'une perte de mémoire alors qu'il n'avait que 5 ans. Né en Allemagne à la fin des années 30, il réalise peu à peu qui sont ses parents, qu'il connaîtra peu. Son éducation se poursuit en Angleterre chez un oncle puis à 18 ans, Magnus s'évade en allant vivre aux Etats-Unis après un séjour au Mexique. Il y travaille, y tombe amoureux et en revient, plein de tristesse. Le revoilà en Angleterre, et Magnus est toujours paumé, indécis, perturbé.

 

Voilà ce que l’on peut appeler une œuvre littéraire originale. Une œuvre littéraire par son contenu. L’originalité par sa forme. Les chapitres courts alternent des fragments de souvenirs d’une narration classique avec des notules, des séquences, des échos constitués par des poèmes, des morceaux de biographies, de chansons, de romans… Ce roman déroutant ressemble à un puzzle que l’on reconstitue comme Magnus reconstitue sa mémoire. Pour ceux qui aiment les surprises et les rebondissements, pour ceux qui préfèrent la violence psychologique à la violence sanglante, ce livre est peut-être l‘idéal...  

Comment peut-on admettre que ceux qui nous ont élevés ne sont pas nos parents, qu’ils ont manipulé notre mémoire et même qu’ils nous ont manipulés tout court ? L’identité que je pense être la mienne l’est-elle véritablement ? Magnus, c’est le nom de l’ours ou de son propriétaire ? Ce roman pose beaucoup de questions difficiles. L’enfant a grandi sur des mensonges qu’il démantèle durant toute sa vie mais le malheur le poursuit.  

Au fur et à mesure que le portrait se précise, la grande Histoire s’insinue, violente, se glisse par la moindre faille, la plus petite fissure. A chaque fois que le héro s’y bute, il se rapproche peu à peu de sa vérité.  

Poignante illustration des conséquences infinies de la barbarie humaine, Magnus restitue avec une retenue magistrale la décomposition d’une victime de l’Histoire ; jusqu’à l’ultime vertige d’une recomposition possible.

Lecture : Mars 2009

 

Un roman dont le « happy end », s’il existe, n’est pas trop prévisible.

Mardi 16 juin 2009 à 14:08

http://multimedia.fnac.com/multimedia/images_produits/ZoomPE/5/3/5/9782266148535.jpg(Pocket, 6,50€, 375 pages)
ISBN : 978-2-266-14853-5


L'Auteur :
Marc Lévy  Son Site


"Jeannot,
Tu leur diras de raconter notre histoire dans leur monde libre.
Que nous nous sommes battus pour eux. Tu leur apprendras que rien ne compte plus sur cette terre que cette putain de liberté capable de se soumettre au plus offrant. Tu leur diras aussi que cette grande salope aime l'amour des hommes, et que toujours elle échappe à ceux qui veulent l'emprisonner, qu'elle ira toujours donner la victoire celui qui la respecte sans jamais espérer la garder dans son lit.
Dis-leur Jeanne, dis-leur de raconter tout cela de ma part, avec leurs mots à eux, ceux de leur époque. Les miens ne sont faits que des accents de mon pays, du sang que j'ai dans la bouche et sur les mains. "

Un livre surprenant de Marc Lévy par les termes qu'il aborde. Fini les fantômes sortant du placard (Et si c'était vrai) ; Fini les disputes entre le Diable et Dieu (Sept Jour pour une éternité) ; Fini les histoires à dormir debout (ou coucher dehors, au choix), L'auteur s'attaque à un sujet encore tabou aujourd'hui : les brigades de jeunes adultes, parfois encore adolescents dans la Résistance de la Seconde Guerre Mondiale. Sur les traces de Tatiana de Rosnay, dans Elle s'appelait Sarah, qui traitait de la rafle du Vél'd'Hiv', il lève le voile sur ces courageux.
Mais il faut avouer que le talent n'est pas égal... Tout le monde connait : « Chasser le naturel, il revient au galop » Et bien, Marc Lévy utilise de grosses ficelles et marche avec ses gros sabots sur la subtilité qui aurait été comme un gant à ce livre...C'est d'autant plus décevant que cela vient par à-coup.
Il nous entraîne dans un tourbillon terrible d'actions alors que l'on connait la fin dès les premières pages...Suivant l'effet qu'il voulait donner, deux solutions s'offrait pourtant à lui : soit il ne dévoilait rien avant la fin, soit il approfondissait la psychologie des personnages...mais, là, il nous offre un roman bancal malgré les efforts qui en ressortent.
On saluera tout de même son hommage à son père, Jeannot de son surnom et Raymond, de son prénom, résistant.


Lecture : Juin 2009


 

 

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