Mardi 15 septembre 2009 à 18:04

http://81.img.v4.skyrock.net/81b/bibli0phage/pics/937683930_small.jpg(Le Livre de poche, 5€, 157 pages)
ISBN 2-253-11339-5

Avoir pour amie la fille la plus admirée de la fac, belle, séduisante, brillante, enjouée, audacieuse ? Lorsque Christa se tourne vers elle, la timide et solitaire Blanche n'en revient pas de ce bonheur presque écrasant. Elle n'hésite pas à tout lui donner, et elle commence par l'installer chez elle pour lui épargner de longs trajets en train. Blanche va très vite comprendre dans quel piège redoutable elle est tombée. Car sa nouvelle amie se révèle une inquiétante manipulatrice qui a besoin de s'affirmer en torturant une victime. Au point que Blanche sera amenée à choisir : se laisser anéantir, ou se défendre.

Comptons sur la romancière de Stupeur et tremblements (Grand Prix du roman de l'Académie française) et de Robert des noms propres pour mener à son terme cet affrontement sans merci, et nous donner du même coup un livre incisif, à la fois cruel et tendre, sur les douleurs de l'adolescence.

 

Qu’est-ce qu’elle est détestable cette Christa! On aurait envie de la frapper….voire pire à certains moments ! Très bon livre d’Amélie Nothomb qui nous accroche et nous tient presque en haleine. Certainement, le plus palpitant de toutes ses œuvres qui me paraissaient jusqu’ici assez fade !

Avouons-le, les quelques (très) petits rebondissements relèvent sa narration.

Cependant, les thèmes sont très rébarbatifs. La submersion et la domination reviennent à tours de bras dans tous les livres de Amélie Nothomb.


Lecture : Mai 2009

Publié par Elora

torture, roman, français

Vendredi 21 août 2009 à 22:38

http://www.decitre.fr/gi/63/9782070347063FS.gif(Folio, 6,60€, 300 pages)
ISBN 978-2-07-034706-3


L'Auteur :
Pascal Quignard, né en 1948.Auteur français dont les premières publications datent de 1971 Sa Biographie Bibliographie

Tout commence par un de ces moments extraordinaires de la vie qui ressemblent à s’y méprendre à des moments ordinaires : Juliette, une femme d’une quarantaine d’années, s’apprête à pousser la grille de son pavillon de banlieue lorsqu’elle aperçoit, au bout de la rue, un ami d’enfance, un homme qu’elle a aimé jadis et qu’elle voit à cet instant passer au bras d’une autre femme.
Cet événement minuscule va déclencher en elle une vague de souvenirs qui, loin de s’apaiser, ne cesse de prendre de l’ampleur jusqu’au moment où elle décide de « disparaître » pour vivre une nouvelle vie, de se débarrasser des entraves sociales et affectives pour enfin s’épanouir. Loin de sa Bourgogne trop terrienne, Juliette va choisir pour nouvelle résidence l’une de ces îles minuscules qui gravitent autour de Capri…
Sur le thème de « l’adieu au monde » cher à Pascal Quignard et présent dans toute son œuvre, un roman très sensible, très sensuel et même « physique », qui donne autant à ressentir les charmes de la solitude, la densité du temps suspendu, que la saveur d’une cuisine ensoleillée ou le goût intense de la liberté totale.


Pascal Quignard, l’homme des Ombres errantes, vient de faire paraître Villa Amalia. L’histoire toute banale d’une femme mûre, qui se découvre trompée. Banale, et pourtant. Les descriptions illuminent l’Italie napolitaine, les personnages sont sobres et émouvants, les sentiments peu exprimés mais très forts. La solitude de l’héroïne, son errance est merveilleusement décrite. Au rythme de ses changements de vêtements, qui sont autant de mues vers une fragile renaissance, l’on suit le parcours d’une douloureuse ascèse. Ann Hidden (la cachée) ne semble pas avoir droit au bonheur. Lorsqu’elle recouvre un semblant de félicité, dans une relation toute maternelle, elle la voit trop vite interrompue. Remarquable Quignard qui exprime, en peu de mots, en quelques lignes, la brutalité du malheur, son horrible soudaineté. Son héroïne est une femme blessée mais jamais on ne sombre dans le pathétique. Ann, la musicienne, est emplie de notes. Elle les couve, les assemble, leur donne jour. Ce fragile équilibre entre les lignes d’une portée lui procure l’énergie d’avancer. Car le tragique ne peut atteindre cette mélodie intérieure.

Partir et tout recommencer, est-ce la solution ?

Publié par Elora

villa, amalia, france, roman, mer, pascal, quignard

Mercredi 15 juillet 2009 à 23:38

http://www.ac-grenoble.fr/webcurie/pedagogie/lettres/prix_litteraire/images/balzac.jpg(Folio, 6,10€, 228 pages)
ISBN : 978-2-07-035964-6


L'auteur :  Dai Sijie, né dans une petite province chinoise, en 1954. Biographie

En 1971, comme des millions d'autres jeunes citadins chinois, le narrateur et son ami Luo sont envoyés sur une haute montagne isolée voisine du Tibet, où ils seront "éduqués" par les paysans. Les adolescents ont trois chances sur mille de revenir un jour dans leur ville natale. Dans le village voisin, un autre jeune de la ville cache scrupuleusement une valise remplie de livres interdits : Balzac, Flaubert, Hugo, Kipling, Emily Brontë, Rousseau, Dostoïevski... Grâce à ces trésors, la ravissante petite tailleuse, jeune fille convoitée par tous, ne sera plus jamais la même. Écrit avec un accent de vérité confondant, un roman fort qui, tout en nous plongeant dans la Chine communiste, raconte une belle histoire d'amitié et d'amour, auréolée de la magie de la littérature.

 

Cest sur une toile de fond un peu trop tragique que prennent place les protagonistes. Les deux jeunes Luo et Ma, considérés comme des intellectuels risquant de dévoyer, sont envoyés dans un village aux confins du Tibet, dans la vallée de Phoenix. En effet, Mao et ses idéologues préconisent la rééducation des intellectuels au contact de la nature et des paysans. Toute littérature étrangère est interdite et celui qui est surpris en possession dun livre non-autorisé par le gouvernement subira les peines les plus dures. Ils seront coupés de tout, voués aux tâches les plus difficiles et auront des conditions de vie plus pénibles que les autres villageois. Les deux jeunes garçons contourneront linterdit et feront partager leur amour de la littérature étrangère - notamment des grands classiques français (d'où Balzac) et russes dont ils ont tous les deux le goût - à la fille du tailleur de la vallée dont ils sont épris, la petite tailleuse.

Balzac et la Petite Tailleuse chinoise est un roman qui pêche par sa naïveté et ses bons sentiments quelque peu exagérés. Néanmoins, il demeure un témoignage important sur cet épisode de lhistoire de la Chine maoïste évoquée avec plus ou moins de justesse. En effet, si la Révolution culturelle donna à la Chine une audience internationale exceptionnelle, ce nouvel épisode de lhistoire chinoise se traduisit par un immense désastre pour les Chinois : les écoles et les universités furent longuement fermées, privant le régime de futurs cadres compétents. Cet épisode consomma la rupture entre le Parti et les intellectuels et conduisit à un nouveau recul de la production. Le roman de Dai Sijie, sil demeure une fiction, nen demeure pas moins un témoignage réaliste concernant cette sombre période de lhistoire. Mais il constitue également un témoignage précieux sur la puissance de la littérature sans laquelle nos deux jeunes héros ne conçoivent pas de vivre pleinement.

Lecture : Février 2009

Publié par Elora

balzac, chine, révolution, mao, critique, culture

Lundi 6 juillet 2009 à 12:09

http://www.decitre.fr/gi/62/9782864246862FS.gif(Métailié, 17€, 158 pages)
ISBN 978-2-86424-686-2


L'Auteur : Alberto Torres Blandina, né à Valence, en 1975.
Biographie

Dans un aéroport, un balayeur affable et disert bavarde avec les passagers en attente, devine leur destination, leur donne des conseils, raconte des histoires passionnantes sur ses voisins, flirte avec la vendeuse de journaux. Il propose même à ses interlocuteurs en partance pour Tokyo une théorie originale : « Le Japon n’est qu’une façade. Une opération marketing comme une autre. On l’a inventé pour vendre de la technologie et ça a marché. Made in Japan est aujourd’hui le meilleur label pour vendre une voiture ou un téléviseur. »
D’histoire en histoire cet étrange balayeur nous entraîne avec humour et bonheur jusqu’au revirement final imprévu mais logique.
Le premier roman d’un jeune homme prometteur.
Ce livre a reçu le Prix Las Dos Orillas qui consiste dans la publication simultanée en Italie, Grèce, Espagne, Portugal et France.

Alberto TORRES BLANDINA vit à Valence (Espagne). Il est musicien, chanteur-compositeur et enseigne la langue et la littérature espagnoles.

On n’imagine pas d’endroit plus déshumanisé, plus froid et impersonnel qu’un aéroport. Les gens nagent dans la solitude de la multitude, vont et viennent, ne s’observent bien souvent même pas.

C’est dans ce décor qu’est planté Salvador Fuensanta, balayeur de fonction mais conteur admirable. Voyageurs esseulés, partant en quête d’élévation spirituelle, d’évasion, d’amour ou pour le travail : cet homme est pour vous.

Pour chaque rencontre, il a une histoire, une anecdote, où l’on sent que le réel et l’imaginaire s’entrecroisent, grandissant toujours un peu plus et main dans la main.  

Chaleureux, espiègle et bavard, cultivé tout en restant crédible, Salvador charme quiconque prend le temps de l’écouter, devient une mascotte pour le voyageur et… pour le lecteur. Peu importe ce que ce Salvador nous raconte, il nous séduit

Dans un ton ironique et malicieux, racontant ses histoires dans l’histoire, il parvient à nous faire oublier qu’il y a un narrateur et nous emporte dans chaque épisode sans qu’on ne tique sur la structure du récit. Et c’est très habile.
La fin, plus audacieuse, ne gâche rien et évite judicieusement une chute des plus banales.

Lecture : Juillet 2009

Mardi 16 juin 2009 à 22:08

 http://www.krinein.com/img_oc/big/7338.jpg

(J'ai lu, 8,40€, 573 pages)
ISBN :
2-290-34371-4


L'auteur : Anna Gavalda Biographie

  " …Non, ne pleure pas… Tiens, prends mon mouchoir, petite fille… Mais il y a une chose que je dois te dire : les gens qui s'arrêtent de parler deviennent fous. Chu Ta, par exemple, je ne te l'ai pas dit tout à l'heure, mais il est devenu fou et très malheureux aussi… Très, très malheureux et très, très fou. Il n'a retrouvé la paix que lorsqu'il était un vieillard. Tu ne vas pas attendre d'être une vieillarde, toi, n'est-ce pas ? Dis-moi que non. Tu es très douée, tu sais ? Tu es la plus douée de tous les élèves que j'aie jamais eus, mais ce n'est pas une raison, Camille... Ce n'est pas une raison… Le monde d'aujourd'hui n'est plus comme celui de Chu Ta et tu dois te remettre à parler. Tu es obligée, tu comprends ? Sinon, ils vont t'enfermer avec de vrais fous et personne ne verra jamais tous tes beaux dessins… "

  

Camille fait des ménages dans les bureaux le soir et dessine à ses heures. Féru d'histoire, Philibert est un aristocrate timide et émotif qui habite un immense appartement. Franck cuisinier de son état a une grand-mère qui ne peut plus vivre seule et qu'il doit se résoudre à placer dans une maison de retraite. Voici les quatre personnages principaux de l'histoire. Un peu éclopés, pas en très bon état, ils traînent des passés difficiles et des blessures ouvertes. Ils ont des rêves aussi. Des envies d'échappées belles. Ils vont se rencontrer, s'apprendre... et découvrir qu'ensemble, le bonheur est possible. Qu'il tient à peu de choses... qu'il tient surtout à... "être ensemble".
 
Il y a des auteurs qui parviennent à mettre en scène des gens comme nous, sans rien, absolument rien de plus. Pas de grand drame, pas de grand destin, pas de grandes qualités, ni de grands défauts. Et on peut vraiment faire un bon roman avec ça ? Oui. Anna Gavalda y parvient, et sur plus de 500 pages.
Cette fratrie nous amuse doucement au fil du récit d’Anna Gavalda. La prouesse, c’est qu’elle laisse vivre ses personnages. Pas d’intrigue hyper tendue pour vous conduire à la dernière page. Pas d’extraordinaire rebondissement pour relancer la machine. Non, rien que des vies. Ce qui, chez d’autres, aurait pu provoquer un profond ennui, donne chez Gavalda une impression de légèreté. On s’attache à ces personnages et on n’a plus envie de les quitter. On pardonne même à l’auteur quelques passages un peu nunuches, ou quelques répliques un peu fades ou attendues. 
La langue aide aussi l’auteur à éviter l’ennui. Une langue vive, tintée de parisianismes, et une profusion de dialogues très crédibles.
Ce qu'on aime aussi, c’est que c’est un roman complètement féminin. Tous les personnages, et surtout Frank, le vrai mec, sont décrit par une plume du sexe dit faible.

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